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Les régions renforcent la légitimité démocratique du projet européen

Dix ans après l’adoption du « Cadre de référence du Conseil de L'Europe pour la démocratie régionale », de nombreux élus régionaux dénoncent les tendances à la recentralisation qui s’observent dans certains Etats européens : lors d’un débat tenu mercredi 30 octobre 2019 à la Chambre des Régions, les membres de cette dernière ont évoqué l’avenir de ce document, tout en rappelant les atouts de la régionalisation pour l’avenir de la construction européenne.

Selon Nina Björby (Suède), vice-présidente pour la démocratie de l’Assemblée des Régions d’Europe (ARE) et présidente de la Commission Culture de la région Västerbotten, l’Union européenne devrait en effet s’appuyer sur les régions et leur accorder plus de pouvoir, surtout en cette période de remise en cause des valeurs européennes : « les régions sont les mieux placées pour traduire les ambitions européennes par des actions concrètes, et ce d’autant plus qu’elles sont proches des citoyens et des communes, ce qui renforce leur légitimité démocratique », a-t-elle ajouté. De plus, les régions font preuve de souplesse pour réagir face à des nouveaux défis, notamment dans le domaine du climat et du développement durable, et cette souplesse profite aussi à la coopération entre les régions et l’Union européenne. Mme Björby a salué, par ailleurs, le travail efficace mené par le Conseil de l’Europe avec les régions, et s’est félicité du renforcement des liens entre l’ARE et le Congrès.

 

Politiques régionales : favoriser la collaboration plutôt que la compétition

Pour Martin Laffin (Royaume-Uni), professeur de politique publique et de gestion à l’Université Queen Mary de Londres, le concept de régionalisme en Europe s’observe désormais selon diverses perspectives, qui ont été profondément modifiées par la mondialisation des échanges et de l’économie. Après avoir rattrapé une partie de leur retard face aux régions les plus riches, les régions pauvres ou défavorisées perdent à nouveau du terrain face aux régions mieux loties, constate-t-il. L’aggravation des divergences économiques débouche selon lui sur un « régionalisme inégal » qui accroît l’hostilité face à l’échelon central, mais aussi face aux régions plus riches.

Dans certains pays, un « régionalisme compétitif » a été mis en place jusque dans les années 1970-80 pour tenter d’atténuer les différences régionales, en privilégiant par exemple les investissements dans les régions les moins riches. Dans le même temps toutefois, certaines régions sont devenues, par leur dynamisme, le « moteur » économique de pays tout entiers, si bien que tenter d’en réduire le poids aurait des conséquences d’ordre national. Aujourd’hui, chaque région doit trouver sa place dans un environnement mondialisé, mais toutes ne disposent pas des moyens et des compétences nécessaires pour cela.

Evoquant les régionalismes sociaux, identitaires et culturels, qui nourrissent souvent la demande vers une autonomie accrue, Martin Laffin a mis en exergue le « régionalisme collaboratif », qui amène les régions à se regrouper autour de projets communs et constitue souvent une « voie de secours » permettant de développer des initiatives à la place des gouvernements centraux. Il est intéressant d’étudier la manière dont un régionalisme collaboratif peut se substituer à un régionalisme compétitif, et ce d’autant plus que l’urgence consiste aujourd’hui à « éviter l’aggravation du fossé entre les régions ».

 

La recentralisation inquiète les élus régionaux européens

Le débat qui a suivi ces présentations a mis en évidence les craintes de nombreux élus face aux risques de recentralisation au sein des Etats européens. Vanessa Charbonneau (France, PPE/CCE) a rappelé l’importance des régions en matière de cohésion des territoires et de développement européen. Si les compétences des régions ont progressé dans certains domaines, elle a regretté que les régions françaises aient perdu certaines de leurs compétences, par exemple dans le domaine de l’apprentissage, et soient confrontées à des réductions de dotations. Eirini Dourou (Grèce, SOC) déplore que certains Etats « ne reconnaissent pas le rôle de l’échelon régional face à des sujets comme le climat ou les réfugiés », qui font pourtant partie selon elle des principales attentes des populations.

En matière de cohésion européenne, Doerte Liebetruth (Allemagne, SOC) a présenté une initiative du parlement régional de Basse-Saxe, qui vise à permettre à tous les jeunes de moins de 25 ans de ce Land de participer au moins une fois, avant l’âge de 25 ans, à un échange dans une autre région européenne.

Enfin, revenant sur le « cadre de référence sur la démocratie régionale », Peter Florianschuetz (Autriche, SOC), a regretté qu’il ne soit pas contraignant et a estimé qu’en dépit des grandes différences entre les régions européennes, le Congrès devrait entreprendre de nouveaux efforts pour en faire une véritable charte contraignante.

 

*** 37e Session du Congrès ***

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Gouvernance régionale Strasbourg, France 30 octobre 2019
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