Retour Mykola Lukashuk : « la destruction du barrage de Kakhova a privé d’eau tout le sud de l’Ukraine »

Mykola Lukashuk : « la destruction du barrage de Kakhova a privé d’eau tout le sud de l’Ukraine »

Alors que l’eau constitue la base de toute vie, nos sociétés ne sont pas toujours assez conscientes de l’urgence de sa protection et des conséquences de sa disparition : bien qu’il constitue un droit humain fondamental reconnu par les Nations Unis, l’accès à l’eau reste trop souvent entravé ou bafoué ont déploré les participants au débat sur « le droit à l’accès à l’eau menacé : les enjeux pour les territoires » organisé le 27 mars dans le cadre de la Chambre des Régions.

La gestion durable de l’eau ne peut s’envisager que dans une perspective transfrontalière et interrégionale, a rappelé Gunn Marit Helgesen (R, Norvège, PPE/CCE) en ouvrant le débat, donnant ensuite la parole à Tatiana Obydenna, première adjointe au maire de Nikopol, en Ukraine. La destruction du barrage de Kakhova par les troupes russes, en juin 2023, a totalement privé la ville d’eau pendant près de deux mois, en pleines chaleurs estivales, et accru encore les menaces pesant sur la centrale nucléaire de Zaporidja. Nikopol a pu restaurer progressivement son accès à l’eau en creusant une quarantaine de  puits d’eau potable,  grâce à l’aide européenne et internationale, y compris celle de ses villes partenaires dont Leverkusen en Allemagne. Toutefois, cette destruction vient encore aggraver les dommages environnementaux catastrophiques liés à l’agression russe contre l’Ukraine, comme l’ont rappelé plusieurs autres élus ukrainiens lors du débat. Pour Mykola Lukashuk ( R, Ukraine, GILD), la Russie a commis un écocide qui prive désormais d’eau tout le sud de l’Ukraine, et les inondations liées à la disparition des réservoirs compliqueront encore la reconstruction du pays. Svitlana Bohatyrchuk Kryvko (R, Ukraine, CRE/ECR) soulignait de plus que la pollution causée par la guerre se déplace partout et concerne au bout du compte toute l’Europe.

Les jeunes délégués  proposent des mesures concrètes en faveur de  l’eau

Au-delà de l’exemple tragique de Kakhova, les risques liés à la raréfaction de l’eau constituent un défi pour le monde entier. Réchauffement du climat et élévation des températures, pompages excessifs et infrastructures inappropriées, mais aussi mauvaise gouvernance des ressources et pollutions de toutes sortes, notamment agricoles, contribuent à faire de l’eau une denrée de plus en plus menacée. Dans un exposé très documenté, la déléguée jeune portugaise Debora Gonçalves a rappelé les conséquences écologiques et sanitaires que peuvent entraîner les pénuries d’eau, tout en soulignant qu’elles menacent aussi la stabilité politique des sociétés et peuvent déboucher sur de graves conflits. « Nous ne devons pas oublier l’urgence de l’eau », a-t-elle poursuivi, avant de présenter plusieurs mesures suggérées par l’ensemble des délégués jeunes, en particulier la réutilisation des eaux non potables pour l’agriculture et la généralisation des principes de développement durable dans la gestion de l’eau. En outre, les jeunes délégués suggèrent, plutôt que des sanctions contre les particuliers, de consentir des réductions fiscales aux familles prêtes à réduire volontairement leur consommation d’eau. Les cas de plus en plus fréquents de coupures d’eau liées à des pollutions doivent nous faire réfléchir, à l’image du rationnement de l’eau mis en place  deux jours sur trois ces derniers mois sur l’île française de Mayotte, concluait-elle.

Protéger l’environnement, c’est aussi préserver la paix 

Lors du débat, Eirini Douro ( R, Grèce, SOC/V/DP)  a souhaité que le droit à l’eau puisse s’inscrire dans les constitutions des Etats, tout en rappelant que la lutte contre les atteintes environnementales doit aller de pair avec la préservation de la paix. Peter Drenth ( R, Pays-Bas, PPE/CCE) a souligné lui aussi les liens entre la paix et l’environnement, avant que Heiner Klemp ( R, Allemagne, SOC/V/DP) n’aborde la question des baisses problématiques des nappes phréatiques, réclamant notamment une réduction de la consommation d’eau, non seulement par le monde agricole, mais aussi par l’industrie et les populations. La région dont il est l’élu, le Brandebourg, frontalier de la Pologne, a d’ailleurs été directement concernée en août 2022 par une forte baisse de ces nappes qui, aggravant la concentration de sel dans l’eau, s’est traduite par une hécatombe jusque-là inédite des poissons qui vivaient dans la rivière Oder.

 

***

46e Session
Ordre du jour – Dossier Web – Photos 

 

 

46e session Strasbourg, France 28 mars 2024
  • Diminuer la taille du texte
  • Augmenter la taille du texte
  • Imprimer la page