Retour Elargir le cadre d’action de la coopération transfrontalière et préserver l’ouverture des frontières

Elargir le cadre d’action de la coopération transfrontalière et préserver l’ouverture des frontières

Presque inimaginable avant la pandémie de Covid-19, la fermeture brutale des frontières entre les pays européens décidée au printemps 2020 a eu de lourdes conséquences humaines et économiques pour les habitants des régions frontalières, soit près d’une région européenne sur trois. Lors d’un débat sur la coopération interrégionale et transfrontalière, à l’occasion de la 41e Session, le 27 octobre 2021, la Chambre des Régions du Congrès a rappelé l’importance de cette dernière, et préconisé des mesures pour la renforcer.

C’est peu de dire qu’au-delà des citoyens eux-mêmes, la fermeture des frontières a constitué un véritable traumatisme pour les élus locaux et régionaux d’Europe : siégeant à la fois au Congrès et au Comité des Régions de l’UE dont il préside le groupe interrégional sur la coopération transfrontalière, Pavel Branda (République tchèque, CRE) a présenté la résolution adoptée à ce sujet par ce dernier. Elle appelle tous les Etats à consulter les pouvoirs locaux et régionaux avant toute mesure de ce type, ses auteurs souhaitant néanmoins qu’une telle question « ne se pose plus jamais ». Il a rappelé ensuite l’importance de la coopération transfrontalière pour l’avenir de l’Europe, même si cette coopération doit « croître comme une plante, au prix d’une attention continue ». Assimilant la fermeture des frontières au « retour de la peur », il voit dans leur réouverture un signe de confiance pour la coopération en Europe. Mais il est désormais nécessaire, selon lui, de renforcer les cadres juridiques de la coopération interrégionale et transfrontalière, y compris en lui dédiant une structure permanente, et de mettre en œuvre des initiatives pour bâtir la confiance entre les populations frontalières, ce qui constitue la base pour une coopération réussie.

Première vice-présidente de l’association des régions frontalières européennes (ARFE) et membre du Conseil régional d’Ostrobothnia (Finlande), Ann Sofi Backgren a présenté quelques exemples concrets de coopération entre les régions frontalières suédoises et finlandaises. Parmi ceux-ci, un ferry flambant neuf unit désormais, à travers le golfe de Botnie, les villes d’Umea et de Vasaa, et constitue en outre un beau symbole de partenariat entre les régions et les investisseurs privés. Pour elle, la coopération transfrontalière est un « laboratoire du futur » capable de répondre aux défis de l’avenir, notamment en matière d’environnement.

Présidente du Parlement régional du Tyrol (Autriche), Sonja Ledl-Rossmann a présenté pour sa part les réalisations menées entre son Land et la région italienne du Trentin- Haut Adige, réunis depuis 2011 dans le cadre de l’Euregio Tyrol Alto-Adige Trentino. Elles ont déjà mené 354 projets communs, portant aussi bien sur l’agriculture et la recherche que sur la jeunesse et les transports. Elles souhaitent, pour l’avenir, réunir leurs structures de promotion touristique mais aussi travailler plus étroitement à la prévention des catastrophes. Toutefois, regrette Mme Ledl-Rossmann, les financements Interreg de l’Union européenne ont été revus à la baisse, alors qu’il faudrait, au contraire, plus de ressources pour développer la coopération transfrontalière.

Lors du débat, plusieurs membres de la Chambre ont rappelé, à l’image de Cecilia Dalman Eek (Suède, SOC/V/DP) combien ils avaient été « choqués » par la fermeture des frontières. Jan Markink (Pays-Bas, GILD), qui préside une province frontalière de l’Allemagne, a rappelé le « non-sens et l’inutilité » de cette mesure, même si les hôpitaux allemands ont pu accueillir des patients néerlandais. Pour Josef Frey (Allemagne, SOC/V/DP), il faut d’ailleurs désormais intégrer l’aide médicale urgente dans la coopération transfrontalière, y compris en réglant des problèmes parfois purement techniques, comme les différences de fréquences radio entre les services de secours de deux régions situées de part et d’autre d’une frontière.

Mykola Lukashuk (Ukraine, GILD), a insisté lui aussi sur l’importance croissante de la coopération transfrontalière, alors même que de nombreux programmes menés par sa région avec ses voisines polonaises et bélarusses ont été perturbés par le Covid-19. Aujourd’hui toutefois, la coopération culturelle reprend et une coopération médicale se met en place avec les régions polonaises frontalières, d’une part au profit des blessés victimes des combats dans l’est de l’Ukraine, et d’autre part au profit des enfants. Pour la jeune déléguée estonienne Susanna Veevo, la coopération transfrontalière est cruciale, parce que « ni la pandémie, ni les migrants et ni le changement climatique ne s’arrêtent aux frontières ». D’ailleurs, ajoute-t-elle, « on ne peut pas parler d’Europe aux jeunes si on ne leur parle pas du changement climatique ».

 Video of the debate

41e Session Strasbourg, France 27 octobre 2021
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