Retour Ministre Behrens : l’ancrage local des secours renforce leur efficacité

Ministre Behrens : l’ancrage local des secours renforce leur efficacité

Tremblements de terre, inondations, incendies ou sécheresses : alors que les catastrophes naturelles se multiplient en Europe comme dans le reste du monde, les élus locaux et régionaux ont exprimé l’absolue nécessité de « passer de la gestion des crises à une véritable culture du risque » portée par tous les acteurs. Dans une recommandation et une résolution débattues et adoptées le 28 mars, le Congrès a émis de nombreuses propositions en ce sens.

Co-rapporteurs sur « les réponses locales et régionales aux catastrophes naturelles et climatiques : de la préparation au risque à la résilience », Jean-Paul Bastin (Belgique, L, PPE/CCE) et Christian Debève ( France, R, GILD) ont basé leurs travaux sur des visites qu’ils ont effectuées en 2023 en Türkiye et en Espagne, ainsi que l’étude des inondations qui se sont produites en 2021 en Belgique. Ils ont notamment insisté sur l’importance d’une communication continue et transparente avec les populations sinistrées, tant pour mieux coordonner les secours que pour prévenir des réactions de panique. Il s’agit de mieux préparer les habitants à la survenue de catastrophes naturelles que le réchauffement climatique rend malheureusement de plus en plus probables. Nourri par une contribution des délégués jeunes, leur rapport insiste sur l’inclusion et la participation de tous les citoyens, afin d’améliorer la résilience de l’ensemble de la société.

Tirant les enseignements des graves inondations qui ont ravagé le Land allemand de Basse-Saxe entre décembre et janvier derniers, la ministre de l’intérieur de ce Land, Daniela Behrens, a présenté les dispositifs régionaux de protection civile, dont la proximité et l’ancrage local dans les zones les plus touchées ont favorisé les interventions. « Nous avons bien sûr été aidés par les Länder voisins et plusieurs autres pays européens, mais c’est surtout notre bonne préparation qui nous a permis de réagir rapidement, y compris grâce à la coopération efficace entre les services de secours professionnels et les pompiers et autres sauveteurs volontaires et bénévoles, qui ont souvent quitté leur travail habituel pour venir en aide aux habitants », a-t-elle déclaré. Aujourd’hui, la Basse-Saxe réfléchit à la mise en place d’une assurance obligatoire pour les propriétaires, afin de couvrir les dépenses occasionnées par de telles crues, dans un objectif d’anticipation et de résilience. Aussi, il est envisagé de renforcer davantage le centre de compétences pour la gestion de catastrophes qui avait déjà été mis en place avant cette dernière crise, au sein du ministère de l’intérieur.

Renforcer la formation des sauveteurs et anticiper les risques

Ouvrant le débat, Bryony Rudkin (Royaume-Uni, L, SOC/V/DP) a souligné l’importance de bien documenter les réponses et les mesures prises lors des catastrophes, afin de faciliter les échanges d’expérience et, dans ce cadre, d’améliorer la formation des intervenants. Sa compatriote Joanne Laban (Royaume-Uni, L, CRE) réclame elle aussi une meilleure formation des intervenants de la protection civile.

Davit Khazhakyan (Arménie, L, GILD) a quant à lui rappelé qu’une très grande partie des constructions édifiées dans les anciennes républiques soviétiques étaient de mauvaise qualité et peu résistantes aux risques, notamment sismiques. Surnommés « les bâtiments Khroutchev », ces immeubles des années cinquante et soixante devraient tous être rénovés intégralement, un programme très onéreux, mais indispensable. Très critique lui aussi sur la qualité de nombreux bâtiments détruits lors des tremblements de terre de 2023, Cemal Bas (Türkiye, L, PPE/CCE) considère que son pays a trop négligé la sécurité avant cette catastrophe, et rend hommage à la solidarité internationale venue l’aider à la surmonter.

Les autorités locales doivent être associées à l’élaboration des plans de secours

Deux membres italiens, Franco Iacop (L, SOC/V/DP) et Belinda Gottardi (L, SOC/V/DP) s’accordent pour estimer que les autorités locales doivent être mieux associées dans le choix des investissements préventifs comme dans la définition des plans de secours. Mme Gottardi ignore « combien de catastrophes il faudra encore attendre pour que les gouvernements nationaux reconnaissent enfin l’importance de notre rôle sur le terrain », et demande au Congrès de continuer à promouvoir sa proposition d’élaboration d’un protocole additionnel à la Charte sur l’environnement.

Les délégués jeunes ont aussi fait entendre leur voix, insistant notamment sur la formation des jeunes à la prévention des catastrophes, et sur leur participation dans l’organisation et le fonctionnement des secours. Les Etats ne devraient pas seulement consulter leurs experts traditionnels pour anticiper les crises et prévoir des réponses, rappelait le délégué jeune irlandais Jack O’Connor, mais ils devraient aussi se tourner vers les populations directement menacées ou concernées, en leur donnant la parole de manière démocratique et participative, en incluant tant les plus jeunes que les plus âgés.

Enfin, répondant à une question de Clemens Lammerskitten (Allemagne, L, PPE/CCE), Mme Behrens s’est félicitée non seulement de la coopération interrégionale lors de ces inondations, mais aussi du bon fonctionnement du système d’alerte européen de protection civile. « En 36 heures, la France nous a fait parvenir les digues provisoires dont nous manquions ». Elle souhaiterait aller plus loin en organisant des exercices communs entre les pays, à travers par exemple des programmes franco-allemands ou germano-polonais.

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46e session Strasbourg, France 5 avril 2024
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