Les données probantes sur l’efficacité des mesures visant à prévenir et à réduire la coercition dans les établissements de santé mentale et les services de soutien de crise sont de plus en plus nombreuses. Au vu de ces exemples concluants, il semble nécessaire de reconsidérer les hypothèses de nombreux gouvernements, professionnels et communautés sur la pertinence et la nécessité des mesures de contrainte. 

Peu d'États, voire aucun, ont cherché à prévenir et à réduire systématiquement les pratiques coercitives, et aucun pays membre du Conseil de l’Europe ne s'est explicitement engagé à parvenir à une prise en charge non coercitive. Que se passerait-il si une seule ville, un seul pays ou une seule région mettait en œuvre le large éventail de mesures décrites dans ce rapport ainsi que dans d’autres recueils similaires ? À ce jour, il n’est pas possible d’apporter une réponse claire à cette question, car les solutions de substitution mises en œuvre sont le plus souvent ponctuelles, limitées aux niveaux provincial ou municipal ou axées uniquement sur certains types de coercition et non sur une approche systémique. Les pratiques présentées dans ce recueil laissent entrevoir ce qui est possible. 

Ce recueil montre que bon nombre de mesures coercitives actuelles ne sont pas « nécessaires » si l'on investit dans d’autres pratiques et si l'on s'engage explicitement dans des initiatives en faveur de la prévention, la réduction et l’élimination de la contrainte. Il est impérieux, sur le plan moral et juridique, d’imposer l’adoption de ces pratiques et de prévoir des mécanismes de reddition de compte afin de garantir une transition plus générale vers des systèmes fondés sur les droits et axés sur le rétablissement. 

Il faut espérer que ce recueil servira de cadre politique aux États membres du Conseil de l’Europe et à la société civile pour leur montrer la voie à suivre.