Retour Réduire les admissions involontaires dans une clinique d’urgence psychiatrique en mode ambulatoire - Norvège

Une clinique d’urgence psychiatrique en mode ambulatoire située à Storgata (Oslo) a cherché à réduire les admissions involontaires en proposant des « interventions ciblées » aux personnes en crise de santé mentale aiguë (contribution n° 17B) et « en améliorant le processus décisionnel du personnel qui impose les admissions involontaires ». L'objectif était donc de réduire (et non d'éliminer) les admissions involontaires. Cette initiative a été expérimentée entre 2001 et 2013, puis a été intégrée à la pratique régulière de la clinique. 

Les données du service ont montré un recul du nombre d'admissions en soins aigus de 70 % entre 2005 et 2013. La proportion des admissions sous contrainte par rapport aux admissions volontaires est passée de 79 % (soit 21 % d’admissions volontaires) à 40 % (soit 60 % d’admissions volontaires) sur la période 2000-2008. Ce résultat s’est maintenu jusqu'en 2013. De 2013 à la date de rédaction du présent rapport, le pourcentage d'admissions involontaires a varié de 43 à 53 %.

Les principes élaborés dans le cadre de cette initiative servent toujours de lignes directrices pour les admissions. Les interventions comprennent une « liste de référence, un compte rendu personnel, un contrôle des registres et la suppression des formulaires imprimés » (Ness et al., 2016)

Le projet a été élaboré en quatre étapes. 

L'étape 1 (lancée en 2001) consistait à réduire la proportion d’admissions involontaires de 80 % à 50 %. Diverses méthodes ont été employées, notamment : inciter les médecins responsables des admissions à ne pas hospitaliser sous contrainte des patients qui acceptaient une admission de leur plein gré ; élaborer un « guide » des meilleures pratiques en matière d’orientation ; dissuader les médecins d'admettre sous contrainte des patients souffrant de troubles de la personnalité et des patients pour lesquels la principale indication d’admission était le suicide, etc. (Pour de plus amples informations, voir).  

L'étape 2 (lancée en 2006) a consisté à supprimer les modèles des admissions obligatoires afin de favoriser l'examen individuel de chaque cas, de sensibiliser et responsabiliser les responsables quant à leurs décisions et d’exiger que la décision d’imposer un traitement relève d’une équipe pluridisciplinaire.

L'étape 3 (lancée en 2007) exigeait un compte rendu individuel des membres du personnel sur leur propre pratique, notamment sur les taux d'admissions obligatoires. Ils étaient en outre invités à discuter avec un collègue du motif d’une admission involontaire avant chaque admission.

L'étape 4 (adoptée en 2009) prévoyait que trois chefs de service de psychiatrie de trois unités de soins aigus examinent les registres d’admission en mettant l'accent sur le rôle du personnel dans le processus d'admission. Le dossier de chaque membre du personnel était examiné de façon anonyme afin d'évaluer les décisions qu'il avait prises en matière d'admission. La même procédure a été reproduite un an plus tard par un chef de service de psychiatrie qui a fait un compte rendu individuel aux membres du personnel. (L'idée était que si un membre du personnel enregistrait un taux d’admissions involontaires plus élevé que ses collègues, ces derniers en seraient informés et cette tendance serait examinée et corrigée le cas échéant).

La plupart des psychiatres qui autorisaient une proportion d’admissions involontaires plus élevée que les autres membres du personnel ne s’en étaient pas rendu compte. Lorsque ces faits ont été établis, certains psychiatres ont fait part de leur mécontentement et ont critiqué le projet. Certains craignaient une hausse du taux de suicide des patients. Aucun élément de preuve corroborant cette affirmation n’a été fourni (contribution n° 17B). 

Cette initiative n’a pas eu d’incidence sur les coûts. 

Les usagers des services n'ont pas été impliqués dans le développement, la mise en œuvre ou le suivi de l'initiative, mais, selon les sources, les responsables de cette initiative se sont inspirés des « organisations d'usagers qui ont fait campagne en faveur d’une diminution des admissions obligatoires » (contribution n° 17B). Pendant la période du projet, l’objectif politique clair de la Norvège était de réduire les traitements psychiatriques involontaires. (Pour en savoir plus sur ce projet, voir Ness et al., 2016).

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