Retour Fracture ville/campagne : développer les interactions entre les territoires

Fracture ville/campagne : développer les interactions entre les territoires

Une interaction plus étroite entre zones urbaines et rurales est essentielle pour les collectivités locales en Europe. C’est le constat posé lors d’un débat organisé par la Chambre des pouvoirs locaux du Congrès, le 3 avril 2019.

« Le fossé entre les zones urbaines et rurales est un défi sociétal et politique auquel les collectivités locales sont confrontées et qui trouve son origine dans un défi démographique, c'est-à-dire la tendance à l'urbanisation, » a souligné l'expert Karl Kössler, chercheur et chef de groupe de l'Institut de fédéralisme comparé - Eurac research (Bolzano, Italie). « Selon les données de la Banque mondiale, la proportion des zones rurales est tombée de 67 % à 45 % entre 1960 et 2017 dans le monde, » a-t-il ajouté. Bien que cela puisse être considéré comme une évolution négative, M. Kössler a identifié plusieurs avantages.

« En termes économiques, les zones urbaines sont souvent des sites d'innovation parce qu'elles sont en mesure de récolter les bénéfices de la proximité, en particulier la concentration de personnes et d'entreprises sur le territoire, » a-t-il expliqué. Les aires métropolitaines « sont des nœuds d'une économie mondialisée » et, en tant que telles, ont des relations d'interdépendance avec des aires métropolitaines d'autres parties du monde, parfois plus étroites qu'avec les zones rurales du même pays. Toutefois, les zones urbaines sont confrontées à des charges spécifiques telles que la pollution ou la pénurie de logements. Mais, pour autant, cela ne signifie pas que les zones rurales sont nécessairement à la traîne en matière de développement économique.

Les solutions aux défis spécifiques auxquelles sont confrontées les zones urbaines et les zones rurales, passent par une plus forte interaction entre elles. Un constat confirmée par Jane Atterton, gestionnaire et chercheuse au Rural Policy Centre du Collège rural écossais (SRUC) qui s’est appuyée sur 5 points clés: il y a un continuum rural-urbain, pas un fossé ; il existe des liens étroits entre de nombreuses zones rurales et urbaines ; il est important d'adopter une approche souple et adaptée au milieu dans l'élaboration des politiques, qu'il s'agisse de zones urbaines ou rurales ; il faut s'appuyer sur les atouts du territoire concerné; une meilleure intégration des lieux ruraux et urbains bénéficie à l’ensemble du pays. Ces points clés sont le résultat d'observations basées sur les développements actuels dans les régions rurales d'Ecosse (5,3 millions d'habitants).

« Même en constatant les différences, en ce qui concerne la distance entre les lieux, la nature des activités économiques ou l'emploi dans différents secteurs, je suis opposée à l’idée qu’il existerait des sociétés rurales et urbaines séparées ou même distinctes ayant des intérêts différents, » a déclaré Mme Atterton en soulignant la difficulté de classifications claires. « Si l'on s'inspire de l'Écosse, il y a souvent plus de différences entre les zones rurales qu'entre les zones rurales et urbaines » a-t-elle ajouté en insistant sur le potentiel pour l'émergence de liens mutuellement bénéfiques. « Le moment est venu pour nos zones rurales de mettre l'accent sur leurs liens positifs, plus forts et plus visibles avec les zones urbaines - par exemple, la qualité de l'eau et de l'air, les matières premières comme le bois, les aliments sains, les sites de stockage du carbone, les sites forestiers et bien d'autres ».

Anni Ahlakorpi, membre du conseil municipal d'Utsjoki en Finlande, a présenté une approche différente des divisions urbaine/rurale. « Je viens de la région la plus septentrionale d'Europe et de Finlande. Mon voisin le plus proche est la ville de Rovaniemi. Il vous faut 6 heures de conduite et 8 heures si vous respectez le code de la route. Dans ma municipalité vivent 1.200 personnes et plus de 11.000 cerfs, » a-t-elle expliqué en évoquant sa propre expérience du fossé urbain/rural. Selon elle, les parlements nationaux ont tendance à oublier ce que les zones rurales et urbaines signifient réellement lorsqu'ils décident de nouveaux programmes pour combler le fossé ou lorsqu'ils décident d'économiser de l'argent. « Les politiques mises en œuvre ne doivent pas aboutir à vider les zones rurales, mais tenir compte des zones rurales et donner la liberté à chaque personne de vivre là où elle le souhaite, » a-t-elle conclu.

Dans leurs remarques finales, les experts ainsi que les membres du Congrès ont souligné l’importance de l'interaction entre les villes et les campagnes et proposé qu’un débat spécifique y soit consacré prochainement. Le Congrès est d’ores et déjà partenaire d'un projet international intitulé " Local Government and the Changing Urban-Rural Interplay " (LoGov) en coopération avec 17 institutions partenaires en Europe et au-delà. Ce projet sera développé au cours des quatre prochaines années et vise à fournir aux collectivités locales les meilleures pratiques pour faire face à l'évolution de l'interaction urbaine et rurale et gérer ses impacts.

 

  • Discours de:

- Dr Karl KOESSLER, Chercheur Senior et Chef de Groupe, Institut de fédéralisme comparé - EURAC Research (Académie européenne de Bolzano), Italie
- Jane ATTERTON, Directrice du Centre des politiques rurales et chercheur en politiques, Scotland’s Rural College (SRUC) (Collège Rural d’Ecosse)

 

*** 36e Session du Congrès ***

Dossier de la 36e Session - Agenda - Vidéos et photos - Médiabox

36e Session Strasbourg, France 3 avril 2019
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