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LAB1 : Participation des femmes aux élections et représentation politique

« Il ne suffit pas que les femmes puissent voter pour que leur représentation en soit garantie », un message entendu à plusieurs reprises au cours du LAB 1 (Laboratoire d’idées) qui s’est tenu le 20 novembre dans le cadre du Forum Mondial de la démocratie, à Strasbourg (France).

Parrainé par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux et la Région Grand Est, ce LAB  intitulé « Et si elles se présentaient aux élections ? Une meilleure représentation grâce à une plus grande participation des femmes aux élections » s’est appuyé sur la présentation de deux initiatives des sociétés civiles albanaise et indienne pour remédier aux obstacles structurels - notamment la culture patriarcale et le poids des traditions - à la participation des femmes aux élections et aux processus de décisions.

Présentant l’initiative visant à contrer l’impact délétère de la culture patriarcale dans la société albanaise sur la possibilité des femmes à voter,   Françesca MUÇO, du Centre ACT for SOCIETY a expliqué comment son association invite les femmes à voter dans une "urne symbolique" sur les marchés. S’appuyant sur deux mascottes qui initient un débat avec les femmes et les hommes, la démarche a, depuis 2017, touché plus de 18 000 personnes et vise à remettre en cause la pratique du vote familial qui voit le chef de famille influencer le vote de tous membres de la famille.

Joycia THORAT a présenté l’Initiative de l’association Church’s Auxiliary for Social Action (CASA) pour aider les femmes à faire entendre leur voix et montrer leurs compétences dans une Inde rurale aux traditions patriarcales marquées par la hiérarchisation imposée par les castes. L’initiative vise à encourager l’appropriation par les femmes d’un large champ de thématiques économiques et sociales, en particulier la santé et l’éducation, dans un pays où 66% des femmes travaillent sans être payées et où il n’y a que 11% de femmes au parlement.

Deux expériences saluées par Dusica DAVIDOVIC (Serbie, SOC) et Bryony RUDKIN (Royaume Uni, SOC), membres du Congrès, qui ont toutefois rappelé que, si la société civile joue un rôle important, les institutions doivent également prendre leurs responsabilités en matière de droits des femmes. Ainsi, pour Mme DAVIDOVIC seuls des quotas de 30% de femmes élues permettront d’avancer sur le fond.

Aicha AYARI, Coordinatrice du programme phare « Femmes Leaders de demain », pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord et Euromed pour l’association belge AIM (Actions in the Mediterranean), a jugé indispensable que les deux ONGs albanaise et indienne puissent évaluer l’impact de leurs initiatives. « Nous n’avons pas l’ambition de changer des siècles de tradition patriarcale en deux heures, mais nous souhaitons initier un débat au sein des familles que nous espérons salutaire pour le rôle de la femme dans les processus de décision » a précisé Mme MUÇO.

Dans le cadre du débat, Daniela GIANNONI (Saint-Marin), membre du Congrès, a partagé son expérience d’observation électorale en Bosnie-Herzégovine où elle a vu de nombreuses femmes accompagnées dans l’isoloir par un homme. Des expériences similaires ont été vécues dans d’autres pays et relatées par plusieurs intervenants au débat. « Certes il faut permettre à toutes les femmes de voter, mais cela n’est pas suffisant pour garantir notre représentation et faire entendre nos attentes », a insisté une représentante de la société civile tunisienne. Illustrant son propos, elle a indiqué que un million de femmes avaient voté aux dernières élections en Tunisie contre seulement 700 000 hommes. Ce rapport de force favorable ne s’est pas, selon elle, traduit par la constitution d’un gouvernement favorable aux femmes.

« La diversité des situations fait qu’il n’y a pas de solution unique et qu’il faut des solutions adaptées aux cas particuliers des traditions et contextes nationaux » a estimé l’ambassadeur Christopher Yvon. En sa qualité de modérateur, le Représentant Permanent du Royaume-Uni auprès du Conseil de l’Europe a conclu le LAB en rappelant l’importance des normes européennes qui « doivent guider les démarches » pour aboutir à une parité effective entre les genres.

 

Forum Mondial de la Démocratie Strasbourg, France 20 novembre 2018
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