« TANDEMplus » est une petite équipe mobile de crise qui prend en charge des personnes pendant et juste après une crise. L’objectif principal de TANDEMplus est d’aider la personne à « (ré)activer son réseau de soutien local » (contribution n° 7). Cela passe par la détermination du type d’accompagnement que la personne souhaiterait recevoir, en fonction des besoins qu’elle exprime et en la mettant en relation avec les intervenants ou services communautaires appropriés. TANDEMplus n’intervient que pour une courte durée, sans aucune coercition, la durée moyenne de l’intervention étant d’environ 29,5 jours. (« L’équipe mobile Tandemplus »). Selon l’organisation Human Rights Watch (Hancock, 2019), qui a fait la promotion du service :
Le seul « traitement » proposé par TANDEMplus est un soutien sous la forme de visites régulières à domicile pour que les personnes expriment leurs émotions et préoccupations. Elles permettent à la personne de trouver des stratégies d’adaptation et de résoudre les problèmes concrets qui ont provoqué cette situation de crise, qu’il s’agisse d’un problème d’endettement, de difficultés à régler les factures du ménage ou de rétablissement des liens avec les membres de la famille. Les personnes peuvent être adressées à des travailleurs sociaux ou à d’autres services. Une assistance n’est fournie qu’avec le plein consentement de la personne, en tenant compte du principe de base de TANDEMPlus : la personne maîtrise sa propre vie.
TANDEMplus est un service bilingue (français et hollandais). Il intervient principalement dans des banlieues de Bruxelles caractérisées par la précarité socio-économique et s’adresse à des adultes âgés de plus de 18 ans qui ont vécu l’expérience d’une crise ou éprouvent des difficultés à trouver un soutien psychiatrique répondant à leurs besoins.
Les travailleurs sociaux se déplacent à deux pour rencontrer la personne appelant soit à son domicile, soit dans le lieu de son choix. Si possible, il est demandé à la personne qui a contacté le service d’être présente lors de la première visite. Le consentement de la personne concernée est toujours requis avant que la rencontre n’ait lieu.
À l’heure où cet article est rédigé, le service était composé de 8 travailleurs sociaux. Il n’est pas exigé des membres de l’équipe qu’ils aient une formation professionnelle dans le domaine de la santé mentale pour faire partie du service, même si la plupart en ont une. L’accent est mis principalement sur les aptitudes du personnel à communiquer, collaborer, être à l’écoute, créatif, etc. L’équipe comprend actuellement des psychologues cliniciens, des travailleurs sociaux, des infirmières et des éducateurs. Un psychiatre en fait également partie.
Les personnes qui ont besoin d’aide peuvent appeler une permanence téléphonique joignable de 9 h à 15 h les jours de semaine. Au moins une personne de l’équipe de la permanence téléphonique a une expérience vécue des services de santé mentale. Un peu moins de la moitié des appels aboutit à une visite à domicile, tandis que les autres concernent généralement la communication d’informations, d’orientations et de conseils (contribution n° 7).
À l’issue de la première visite, le service assure des visites à domicile (2 à 3 fois par semaine en moyenne) ainsi que des appels téléphoniques réguliers (entre 9 h et 17 h). TANDEMplus n’assure pas la prescription ou le suivi d’un traitement psychotrope ni le diagnostic des personnes, mais tente plutôt de trouver comment régler les problèmes qui sont à l’origine de la crise vécue par la personne. Un membre de l’équipe décrit ainsi le service : « Notre travail consiste à établir des fondations suffisamment solides autour de la personne pour qu’elle continue de progresser sur le plan psychologique » (contribution n° 7).
L’une des caractéristiques importantes de TANDEMplus tient au fait que le service collabore avec les autres services sanitaires et sociaux, les groupes communautaires, etc. afin de permettre à l’intéressé de bénéficier d’une aide à long terme. TANDEMplus fait partie d’un réseau plus vaste de services sanitaires et sociaux (« Partenaires Archief » Hermesplus). TANDEMplus vise à collaborer activement avec les autres systèmes de soutien afin d’éviter la fragmentation des services auxquels la personne doit s’adresser seule.
S’il existe un risque de violence, la rencontre initiale avec la personne se déroule dans un lieu public. Si le risque est trop élevé, le soutien est interrompu. En présence d’un risque sérieux (pour la personne ou pour les autres), la famille de l’usager ou ses prestataires de soins sont informés de la manière dont ils peuvent déclencher une intervention involontaire. S’il y a lieu, l’équipe reste mobilisée pendant la période de crise et peut accompagner l’intéressé à l’hôpital s’il le souhaite. L’équipe TANDEMplus ne prend pas l’initiative d’une hospitalisation involontaire. Certaines circonstances nécessitent l’intervention de la police, qui met fin provisoirement à la mobilisation de l’équipe TANDEMplus. La politique de TANDEMplus est que « le soin n’est pas compatible avec l’intervention policière » (contribution n° 7).
Selon une évaluation de 2019, l’intervention de TANDEMplus a permis de mettre en relation 49 % des usagers avec le système de soins ambulatoires de Bruxelles, notamment les dispositifs mobiles de soins structurés et ambulatoires, les centres de santé mentale, les professionnels de santé, les soins à domicile, l’assistance aux sans-abri, les services de consultation et de coordination et les autres organisations communautaires (contribution n° 7). Vingt-deux pour cent des orientations effectuées par TANDEMplus concernaient des soins avec hospitalisation, soit dans un hôpital psychiatrique, soit dans une unité de santé mentale au sein d’un hôpital général. Les autres personnes n’ont pas été orientées vers d’autres services, soit parce qu’elles ne le voulaient pas, soit parce qu’elles ne sont pas restées en contact avec TANDEMplus (contribution n° 7).
Selon Human Rights Watch, l’accès au programme est entièrement gratuit pour les usagers du service (Hancock, 2019). En outre, leur identité n’est pas enregistrée, ils n’ont pas besoin d’une assurance-maladie ni d’une pièce d’identité et leur anonymat peut être totalement préservé s’ils le souhaitent.
Human Rights Watch a également effectué une analyse coûts-bénéfices et a fait savoir que, par rapport à un séjour en hôpital psychiatrique ou général, le type de soutien à domicile assuré par TANDEMplus est plus économique que les soins hospitaliers (Hancock, 2019).