Le développement des technologies des médias sociaux s’accompagne d’un phénomène nouveau : la pollution de l’information à l’échelle mondiale. Les conséquences directes et indirectes qui y sont liées sont difficiles à quantifier, mais les répercussions à long terme des campagnes de désinformation sont extrêmement préoccupantes.

Le rapport intitulé « Désordres de l’information : vers un cadre interdisciplinaire pour la recherche et l’élaboration de politiques » a pour but d’étudier de manière détaillée les désordres de l’information et les défis qui y sont liés ainsi que de définir des propositions pour remédier à la « pollution de l’information ».

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Le rapport - évaluation des enjeux

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Séminaire internationale pour débattre de la lutte contre désordre de l’information dans les médias et les réseaux sociaux en période électorale

Dans le cadre de son appui à la promotion de la liberté d’expression, au pluralisme médiatique et à la régulation du secteur audiovisuel en Tunisie, le Conseil de l'Europe en partenariat avec la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) a organisé, à Tunis les 20 et 21 juin 2019, un séminaire sur « Internet, les réseaux sociaux et les processus électoraux». Il s’agit de la première activité menée avec la HAICA dans le cadre du PAII-T, un nouveau projet conjoint entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne qui vient d’être lancé officiellement en Tunisie le 20 juin 2019.

L’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication ne cesse de générer de nouvelles formes de désordres de l’information circulée particulièrement sur les réseaux sociaux, ce qui permet à certains d’accentuer leur recours à la désinformation et à la mésinformation en ligne notamment dans des contextes électoraux.

Ce type de communication multiforme, instantanée et qui, a priori, n’exige aucune compétence technique particulière, pourrait incontestablement provoquer de grands changements qui influencent le déroulement des campagnes électorales, les chances des candidats impliqués dans ce processus, voire les résultats des scrutins. Il semblait donc important d’aborder le sujet dans le séminaire.
M. Nouri LAJMI, président de la HAICA de Tunisie et vice-président de REFRAM, a ouvert le débat en soulignant les différentes pratiques de manipulation de l’information utilisées sur la toile pour accentuer la popularité de certains candidats aux élections. Il a entre autres expliqué la nécessité de mettre en place un dispositif de vérification de faits « Fact-Checking » pour traquer la désinformation circulée en ligne et la mise en avant d’une information fiable.

De son coté, Mme Roberta Batista, responsable de programmes au Conseil de l’Europe, a précisé que ce son organisation soutiendra la HAICA ainsi que toutes les parties prenantes concernées par cette initiative en vue d’engager un débat national inclusif autour des défis imposés par les nouvelles technologies et les phénomènes de désinformation ou d’Infox circulés en ligne. Elle a également noté que le Conseil de l’Europe s’efforcera, plus en particulier, d’outiller les journalistes en régions pour répondre à ces phénomènes de la façon la plus efficace dans le cadre des élections qui auront lieu en Tunisie à partir du mois d’Octobre 2019.

Pendant deux jours, les participants nationaux et internationaux (de la France, la Belgique, la Suisse, la Côte d’Ivoire et le Mexique) ont pu échanger de leurs expertises en matière de régulation des médias et des réseaux sociaux et la lutte contre la dissémination d’Infox sur la toile ainsi que de leurs expériences dans la mise en place de différents modèles de plateforme de vérification de l’information « Fact-checking » dans leurs pays respectifs.   Les experts ont également mis l’accent sur le rôle que peut jouer l’éducation aux médias pour la sensibilisation du public afin d’optimiser leur capacité à consulter, comprendre, créer et évaluer de manière critique les différents types d’informations notamment dans un contexte de compétitivité entre les médias traditionnels et les nouvelles plateformes digitales.

Ont pris part à cette discussion M. Ibrahim Sy Savané, Président de la HACA de la Côte d’Ivoire ; Mme Michèle Léridon, membre du Conseil du CSA Français ; Mme. Myriam Paquette-Côté, représentante du Réseau des Compétences Electorales Francophones (RECEF) ; M. Lesley Van Der Haeghen, représentant de la Sûreté de l'Etat de Belgique ; Mme. Tiphaine Havel, Représentante de l’Association francophone des autorités de protection des données personnelles (AFAPDP) ; M. Walid Salem, directeur de Rue89 Bordeaux et partenaire de CrossCheck France, et d'autres éminents spécialistes de la question qui ont émis une liste de recommandations qui pourraient soutenir l’expérience tunisienne en matière de lutte contre la désinformation à la lumière de ses prochaines échéances électorales.

Tunis 26 Juin 2019
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Réflexion sur la terminologie

Les auteurs du rapport se sont délibérément abstenus d’utiliser l’expression « fausses informations », car elle échoue à rendre compte efficacement de la complexité du phénomène de pollution de l’information qui revêt en outre un caractère de plus en plus politique.

Le rapport introduit donc un nouveau cadre conceptuel pour examiner le chaos informationnel et en identifie trois formes différentes: la fausse information, la désinformation et l’information malveillante qui se différencient par les torts causés et le caractère mensonger : 

La fausse information correspond à la diffusion d’une information fausse, sans intention de nuire. 

La désinformation correspond à la diffusion délibérée d’une information fausse dans l’intention de nuire. 

L’information malveillante correspond à la diffusion d’une information vraie dans l’intention de nuire, généralement en divulguant une information censée rester confidentielle. 

Compréhension du mécanisme

Pour mieux comprendre les désordres de l’information, les auteurs du rapport examinent trois éléments

De même, le phénomène se déroule en trois phases :                                                                                                                                                     

  1. Les agents : quels acteurs ont créé, produit et diffusé le message, quelles étaient leurs motivations ? 

  2. Le message : de quel type de message s’agit-il ? Quelle est sa forme ? Quelles sont ses caractéristiques ? 

  3. L’interprète : comment la personne qui a reçu le message l’a-t-elle interprété ? Le cas échéant, quelles mesures a-t- elle prises ? 

  1. La création : le message est créé. 
     

  2. La production : le message est transformé en produit médiatique. 
     

  3. La diffusion : le message est diffusé ou rendu public. 

Ce découpage du processus aide à en comprendre les nuances. Une vision claire de ses mécanismes et de toutes ses composantes permet de comprendre qui sont les acteurs impliqués et quelles sont leurs motivations. Il permet aussi d’évaluer l’ampleur du problème et les moyens de le traiter. 

Révélation des causes
Identification de solutions
Planification des étapes à venir

Conscient de la forte corrélation existant entre les désordres de l’information, la qualité du journalisme, la culture numérique et des médias des utilisateurs d’internet en général, le Conseil de l’Europe a chargé le Comité directeur sur les médias et la société de l'information (CDMSI) de mener des recherches plus approfondies et de définir des normes dans les domaines concernés.

Le Conseil de l’Europe continuera de traiter ce phénomène de manière globale.
Deux groupes d’experts, à savoir

examineront de façon plus détaillée ce que pourraient faire les États membres pour promouvoir un environnement favorable à des médias indépendants, diversifiés et pluralistes capables d’obtenir la confiance et même la participation active de la société. 

« Toute personne a droit à la liberté d’expression »

Art. 10 de la Convention européenne des droits de l’homme

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