Médias associatifs
Le Conseil de l’Europe reconnaît la valeur des médias associatifs comme source de contenu local, de diversité culturelle et linguistique, de pluralisme des médias, d’inclusion sociale et de dialogue interculturel.
Il soutient leur engagement en faveur de l’éducation aux médias et à l’information par le développement de la pensée critique et créative, et par la participation active à la production de contenus médiatiques.
La Recommandation sur la promotion d'un environnement favorable à un journalisme de qualité à l'ère numérique (2022), pour soutenir la diversité des médias en tant que composante fondamentale d’un journalisme de qualité, encourage les Etats à élaborer et à promouvoir un éventail de programmes et d’instruments de financement, y compris au niveau local, comme la mise à disposition de fonds publics pour la diffusion d’informations locales d’intérêt général, et d’autres mesures destinées à garantir que les médias associatifs ainsi que les autres types de médias indépendants desservant les collectivités locales et rurales ont suffisamment d’espace et de ressources pour exercer leurs activités sur toutes les plates-formes de distribution.
Dans sa Recommandation sur le pluralisme des médias et la transparence de leur propriété (2018), le Comité des Ministres a récemment invité les États membres à soutenir la mise en place et le fonctionnement de médias minoritaires, régionaux, locaux et associatifs à but non lucratif, y compris en instituant des mécanismes financiers pour favoriser leur développement.
La Recommandation du Comité des Ministres sur le pluralisme des médias et la diversité du contenu des médias (2007) encourage le développement des médias communautaires, locaux, minoritaires ou sociaux, susceptibles d’apporter une contribution au pluralisme et à la diversité et de fournir un espace de dialogue qui intègre toutes es communautés et les générations.
La Déclaration du Comité des Ministres sur le rôle des médias associatifs dans la promotion de la cohésion sociale et du dialogue interculturel (2009) appelle les États membres à accorder au secteur des médias communautaires une reconnaissance juridique, un accès au spectre (analogique et numérique), un soutien structurel et un financement.
La publication du Conseil de l’Europe intitulée Spaces of Inclusion – Needs of refugees and migrants in the domain of media communication and on responses by community media (2018) analyse les habitudes médiatiques et les besoins particuliers des réfugiés et des migrants. Des exemples de bonnes pratiques montrent comment les médias communautaires peuvent répondre à ces besoins en offrant des formations et des espaces pour l’autoreprésentation grâce à des formats multilingues et interactifs, et en offrant des points d’entrée dans les réseaux locaux. En Europe et au-delà, les radios et télévisions communautaires donnent à des volontaires l’occasion de débattre de sujets intéressant la communauté, de raconter leur histoire et d’aborder des questions qui les concernent, eux et les habitants de leur quartier. Dans ces lieux de dialogue inclusifs, des questions comme la solitude et la peur de la pauvreté, la polarisation et les campagnes de désinformation peuvent être abordées.
L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS POUR TOUS
En savoir plus
Le présent document de référence analyse les moyens mis en œuvre par le secteur des médias associatifs pour promouvoir l’éducation aux médias, ainsi que les possibilités qu’offrent ces travaux de renforcer la parti-cipation des communautés marginalisées aux médias associatifs, notamment, en vue d’informer et de guider les professionnels et les responsables de l’action publique.
Les médias associatifs se caractérisent en particulier par la participation volontaire de membres de la société civile à la conception et à la gestion des programmes. Le rôle des bénévoles est absolument capital pour le fonctionnement de la plupart de ces médias. Les médias associatifs ont pour trait commun la volonté de donner aux groupes communautaires l’accès et les compétences nécessaires pour créer leurs propres canaux de communication en fonction de leurs besoins spécifiques et de favoriser la participation à la vie publique de façon structurée et professionnelle. En conséquence, nombre des projets et des activités de ces médias contribuent à l’émancipation et à la partici-pation directes de communautés qui sont généralement absentes du débat public.
Les médias associatifs se déclinent en projets radio/tv et/ou multimédias et partagent certains des principes suivants : indépendance vis-à-vis des gouvernements, des entreprisescommerciales, institutions religieuses et des partis politiques ; but non lucratif ; participation volontaire de membres de la société civile à la conception et à la gestion des programmes ; activités au profit du progrès social et de l’intérêt collectif ; propriété et contrôle associatifs (communautés locales et/ou d’intérêts) ; pratiques inclusives et interculturelles. Les médias associatifs sont des organisations de la société civile, généralement enregistrées en tant qu’entités juridiques qui offrent et encouragent la participation aux différents niveaux de leurs structures. L’identité des médias associatifs, également appelés « medias du tiers secteur », se distingue clairement des médias publics nationaux et des médias commerciaux du secteur privé.
En tant que canaux alternatifs et complémentaires de production et de distribution de contenus médiatiques, les
médias associatifs facilitent la citoyenneté active et la participation politique de tous. Les communautés qu’ils servent sont variées et des milliers de volontaires apportent leur contribution aux productions médiatiques multilingues, à la formation et la gestion – des femmes, des groupes marginalisés, des artistes, des étudiants en journalisme, des citoyens, dont certains d’origine immigrée ou réfugiée, des DJ non commerciaux, des jeunes et des personnes âgées sont au premier plan.
Les médias associatifs sont un élément important du tissu de toute société démocratique, mais dans un grand nombre de pays européens, ils ne bénéficient ni d’une reconnaissance formelle et légale, ni d’un accès équitable aux plateformes de distribution et au financement durable. Ils sont
généralement financés par des fonds publics, les contributions des volontaires, les formations basées sur la participation et des subventions pour des projets ayant un impact social. La réalité est que, faute de reconnaissance des médias associatifs et de statuts clairs, les fonds publics spéciaux
dédiés aux médias associatifs, lorsqu’ils existent, peuvent être facilement retirés ou détournés vers d’autres entités médiatiques, notamment des projets privés et à but lucratif.
L’accès à des technologies de distribution adaptées est problématique pour les médias associatifs, généralement de petits radiodiffuseurs tributaires de tarifs abordables, qu’il s’agisse de droits d’auteur, de fréquences terrestres ou de bandes passantes sur les plateformes numériques. Dans la plupart des pays européens, leur équipement technique provient de dons en nature et ils travaillent principalement avec des bénévoles. En plus d’être souvent sous-évalués et sous-payés, les services de diffusion audio/vidéo fournis par les médias associatifs sont rarement mis en avant sur les plateformes numériques.
« Toute personne a droit à la liberté d’expression »
Art. 10 de la Convention européenne des droits de l’homme