Le Conseil de l'Europe a produit des instruments juridiques pour définir des normes européennes communes en matière de sécurité sociale. Ces conventions internationales normatives - en plus de la Charte sociale européenne - sont notamment le Code européen de sécurité sociale, son Protocole et le Code européen de sécurité sociale révisé - et peuvent être utilisées pour orienter le procès de réforme en cours dans plusieurs pays européens, surtout en Europe centrale et orientale. Ils imposent aux Etats de modifier, le cas échéant, la teneur de leur système de sécurité sociale, qu’il s’agisse de changer le montant des prestations ou la durée des périodes y ouvrant droit.
 

Une série de normes minimales

L'idée à la base de ces instruments est de promouvoir un modèle de sécurité sociale basé sur la justice sociale. Ils définissent une série de normes minimales. Ils n’impliquent pas la standardisation totale (ou l’«unification», comme on la dénomme parfois) des systèmes nationaux visés. Une standardisation exigerait que toutes les Parties contractantes attribuent les mêmes prestations aux mêmes catégories de la population, aux mêmes taux et dans les mêmes conditions. Or, le code, son protocole et le code révisé reconnaissent plutôt qu’il est souhaitable d’harmoniser le niveau de la sécurité sociale dans les Etats membres, et établissent en conséquence des normes minimales. Si les Etats désirent accorder à leurs ressortissants davantage que le minimum requis, ils sont libres de le faire.

Le code, son protocole et le code révisé respectent en outre la diversité des systèmes nationaux et leurs caractéristiques. Les régimes de sécurité sociale diffèrent les uns des autres, ils sont le produit des traditions sociales, politiques et économiques propres au pays dans lequel ils se sont développés. Les dispositions du code, de son protocole et du code révisé représentent pour chaque Etat membre du Conseil de l’Europe les buts à atteindre. Ils exposent les résultats auxquels il convient de tendre mais laissent à chaque Etat le soin de déterminer comment il y parviendra. Ces finalités ont été conçues de manière à pouvoir s’appliquer à tous les régimes de sécurité sociale, que le droit aux prestations se fonde sur l’emploi, sur des catégories spécifiques de professions, sur l’ensemble de la population économiquement active ou sur la résidence.
 

Procédure de contrôle

Une procédure de contrôle a été établie, dans le cadre de laquelle les Parties contractantes sont tenues de soumettre des rapports sur leur observation des normes stipulées dans le Code, le Protocole et le Code révisé. Depuis janvier 2012, les Conclusions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) relatives à l’application du Code européen de sécurité sociale sont maintenant examinées par le Comité gouvernemental de la Charte sociale européenne et du Code européen de sécurité sociale qui rend compte, à son tour, au Comité des Ministres du Conseil de l’Europe. Le Comité des Ministres détermine si la Partie contractante a rempli ses obligations. Si tel n’est pas le cas, le Comité des Ministres peut formuler des résolutions invitant la Partie contractante visée à rectifier la situation et à respecter ses engagements internationaux.
 

Comité gouvernemental de la Charte sociale européenne et du Code européen de sécurité sociale
Résolutions 2023 du Comité des Ministres (adoptées le 14 septembre 2023)


Ces instruments spécialisés de sécurité sociale représentent un élément essentiel de la protection des droits de l'homme promue par le Conseil de l'Europe.

événements

Retour 20e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte sociale européenne révisée

Thorbjørn Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Giuseppe Palmisano, président du Comité européen des droits sociaux et Jean-Baptiste Mattéi, Ambassadeur de France

Thorbjørn Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, Giuseppe Palmisano, président du Comité européen des droits sociaux et Jean-Baptiste Mattéi, Ambassadeur de France

« L’accroissement des inégalités est un défi majeur pour l’Europe et la protection des droits sociaux sur l’ensemble du continent doit être une priorité absolue. J’appelle nos États membres à s’engager davantage en faveur de la Charte sociale », a souligné le Secrétaire Général Thorbjørn Jagland, à l’occasion du 20e anniversaire de la Charte sociale révisée.

Depuis 1949, le respect des droits sociaux et le progrès social font à la fois partie des objectifs du Conseil de l’Europe et de ses principaux outils destinés à être « à l’origine des principes de liberté individuelle, de liberté politique et de prééminence du droit sur lesquels se fonde toute démocratie véritable », comme énoncé dans le Statut du Conseil de l’Europe, texte fondateur de l’Organisation. Le progrès social – ainsi que la protection des droits sociaux et de la justice sociale – ne constitue pas seulement un principe caractéristique de la démocratie, mais aussi un indicateur de son fonctionnement. Si le progrès social est stoppé et que les droits sociaux ne sont pas protégés ou que la justice sociale n’est pas assurée, le lien opérationnel noué entre les citoyens et leurs représentants élus paraît alors rompu.

« L’entrée en vigueur de la Charte sociale européenne révisée a été l’aboutissement d’un processus de réforme et de modernisation, qui a permis de définir de nouveaux droits en vertu de la réglementation internationale en matière de droits de l’homme et de mettre en place les mécanismes nécessaires à leur suivi effectif. Elle a renforcé la protection des droits sociaux pour répondre aux besoins du 21e siècle », a souligné le président du Comité européen des droits sociaux, Giuseppe Palmisano.

« Le Comité des Ministres a réaffirmé sans ambiguïté à Helsinki l’importance des droits sociaux à travers le continent et a invité les Etats membres qui ne l'ont pas encore fait à envisager de signer et ratifier la Charte sociale européenne révisée et son Protocole additionnel prévoyant un système de réclamations collectives. La promotion des droits sociaux est l’une des priorités de la Présidence française du Comité des Ministres et à ce titre, un évènement sera organisé le 19 septembre sur le thème « renforcer la protection des droits sociaux en Europe pour plus d'unité et d'égalité », a rajouté l’Ambassadeur Jean-Baptiste Mattéi.

Contexte général

La Charte sociale européenne est un traité du Conseil de l’Europe, signé le 18 octobre 1961 à Turin, qui garantit les libertés et les droits fondamentaux de la vie quotidienne : logement décent, santé, sécurité sur le lieu de travail, éducation et formation, emploi, sécurité juridique et sociale, protection contre la pauvreté et l’exclusion, libre circulation des personnes, non-discrimination et égalité de rémunération. Le contenu de la Charte a été mis à jour et complété par la Charte sociale européenne révisée de 1996, qui est entrée en vigueur le 1er juillet 1999.

Le Comité européen des droits sociaux est un organe composé de 15 membres indépendants et impartiaux. Il se prononce sur la conformité des lois et des pratiques des États parties avec la Charte. Le Comité veille à ce que les États parties respectent les engagements prévus par la Charte au moyen de deux procédures : les rapports nationaux et les réclamations collectives. Il adopte des « conclusions » dans le cadre de la procédure d’établissement de rapports et des « décisions » dans le cadre des réclamations collectives. Le Protocole qui est entré en vigueur en 1998 permet aux organisations syndicales, aux organisations d’employeurs et aux organisations non gouvernementales, qu’elles soient nationales ou internationales, de présenter au Comité des réclamations concernant des violations de la Charte. Tous les États membres du Conseil de l’Europe n’ont pas accepté l’intégralité des dispositions de la Charte ni la procédure de réclamations collectives.

Strasbourg, France 01/07/2019
  • Diminuer la taille du texte
  • Augmenter la taille du texte
  • Imprimer la page
Contacts

Service des droits sociaux

Conseil de l'Europe
Direction générale des droits de l'Homme et de l'Etat de droit
1, quai Jacoutot
F – 67075 Strasbourg Cedex

 Tél. +33 (0)3 90 21 49 61

 www.coe.int/socialcharter

 @CoESocialRights

  Contact us