Image: Theme 'Globalisation' by Pancho

Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés dans la présente
Déclaration puissent y trouver plein effet.
DUDH, article 28

Nous avons presque tous une idée de ce que signifie la mondialisation ; le concept est complexe et ses liens avec les droits de l’homme sont multiples.
Le terme « mondialisation » sert à décrire les divers changements économiques, culturels, sociaux et politiques qui ont modelé le monde ces 50 dernières années, depuis la célèbre révolution des technologies de l’information jusqu’à la disparition progressive des frontières nationales et géographiques au profit de l’essor d’un mouvement transnational de biens, de services et de capitaux. L’homogénéisation croissante des goûts des consommateurs, la consolidation et l’expansion du pouvoir des entreprises, l’augmentation forte de la richesse et de la pauvreté, la « McDonaldisation » de l’alimentation et de la culture, et l’ubiquité croissante des idées démocratiques sont globalement, d’une façon ou d’une autre, des effets de la mondialisation 1
Shalmali Guttal

On peut définir la mondialisation comme l’intégration économique de plus en plus poussée de tous les pays, entraînée par la libéralisation – et par conséquent l’augmentation à la fois du volume et de la diversité – des biens et services échangés dans le monde, par la diminution du coût du transport, par l’intensité croissante des flux internationaux des capitaux, par l’augmentation considérable de la main-d’oeuvre mondiale et par l’accélération de la diffusion de la technologie à travers le monde, en particulier dans les communications.
Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe

Nous savons que la condition humaine est universelle, que nous partageons des passions, des peurs, des besoins et des rêves similaires, mais que cela n’a rien à voir avec le gommage des frontières nationales en conséquence de l’entière liberté de circulation des capitaux.
Eduardo Galeano

Qu’importe la définition que nous lui donnons, la mondialisation exerce aujourd’hui une influence dans pratiquement toutes les grandes sphères de la vie et de l’organisation sociale. La mondialisation est partout, avec des effets négatifs et positifs.

La mondialisation serait responsable de nombreuses violations des droits de l’homme, mais aussi à l’origine de mouvements pour la défense des droits de l’homme qui s’efforcent d’en atténuer les excès et les effets négatifs. En conséquence de la mondialisation, les agriculteurs gagnent moins et la tentation est forte pour certains d’instaurer des conditions de travail abusives, dont le travail des enfants.

Les rapports dans le domaine commercial et économique devraient être orientés vers le relèvement des niveaux de vie, la réalisation du plein emploi et d’un niveau élevé et toujours croissant du revenu réel et de la demande effective.
Accord instituant l’Organisation mondiale du commerce

Toutefois, la mondialisation favorise aussi une importante mise en réseau qui permet l’émergence de mouvements internationaux pour la défense des droits humains, et notamment le développement d’un commerce équitable, la réduction du travail des enfants et la promotion d’une culture universelle des droits de l’homme.

Question: A la lumière de votre expérience, pouvez-vous donner un exemple positif et un exemple négatif des conséquences de la mondialisation ?

L’impact de la mondialisation

Dans le domaine économique, la mondialisation va de pair avec le développement du capitalisme en tant que système économique, généralement basé sur la croyance en l’autorégulation des marchés. La mondialisation a accru la liberté économique et aurait élevé les niveaux de vie même si, en termes relatifs, le fossé entre les riches et les pauvres tend à se creuser.

La mondialisation est liée à l’essor du commerce international et à la diffusion mondiale de la production de biens et de services, grâce à la réduction des obstacles aux échanges internationaux, comme les tarifs douaniers, les droits d’exportation et les quotas à l’importation, et la réduction des restrictions imposées à la circulation des capitaux et des investissements.
La mondialisation a accéléré les processus d’externalisation et de délocalisation. Les sociétés transnationales sont en mesure d’exploiter les petites et moyennes entreprises (PME) de façon intensive et au plus faible coût possible, à l’échelle mondiale, grâce à l’externalisation. Les PME peuvent dans ces conditions avoir des difficultés à faire face à la compétition mondiale et à protéger les droits de leurs travailleurs. Les sociétés transnationales ne peuvent être tenues responsables des violations des droits de l’homme lorsqu’elles sont légalement constituées dans leur pays d’origine mais qu’elles effectuent des opérations dans un autre Etat hôte.
La mondialisation a également eu un impact sur la privatisation des biens et services publics comme l’eau, la santé, la sécurité et la gestion des établissements pénitentiaires. Récemment, d’autres biens, comme les semences et les médicaments, ont été ajoutés à la liste des biens économiques et intégrés dans les accords commerciaux.

La mondialisation a contribué au développement de la responsabilité sociale des entreprises et généré le souci de la responsabilité des acteurs non étatiques, et notamment les entreprises transnationales dont les activités ont des répercussions négatives sur l’environnement ou sur les communautés. Aujourd’hui, on observe une augmentation des entreprises qui mettent en place un code de conduite pour encadrer leurs activités. Les boycotts et les campagnes de consommateurs ont aussi incité les sociétés transnationales à être plus attentives à leur responsabilité sociale et à leur réputation.

Les institutions économiques internationales

Les accords internationaux de libre échange se fondent sur une combinaison complexe de libéralisme et de protectionnisme dans bien des
domaines (dont l’industrie pharmaceutique), permettant aux conglomérats géants de réaliser d’énormes profits grâce à la fixation monopolistique des prix de médicaments pourtant développés avec la contribution majeure du secteur public.
Noam Chomsky

Le Fonds monétaire international (FMI) fournit des conseils politiques et financiers aux pays membres en difficulté économique et aide les pays en développement à parvenir à un équilibre macroéconomique et à réduire la pauvreté. La conditionnalité du FMI est un ensemble de politiques ou « conditions » exigées en contrepartie de ressources financières. Les politiques du FMI, dont les préoccupations sont d’ordre économique et monétaire, n’intègrent guère les droits de l’homme.
La Banque mondiale octroie des subventions pour réduire la pauvreté et prend ses décisions conformément à son engagement de promouvoir les investissements internationaux, le commerce international et de faciliter les investissements de capitaux. Si elle a un pouvoir important sur les pays en développement, et bien qu’elle représente 186 pays, la Banque mondiale est gérée par un petit nombre de nations économiquement puissantes. Dans les années 90, la Banque mondiale et le FMI ont élaboré des politiques de dérégulation et de libéralisation des marchés, de privatisation
et de retrait des gouvernements.
L’Organisation mondiale du commerce (OMC) supervise le commerce international et s’efforce d’amener les pays à libéraliser les échanges. Créée en 1995, l’OMC réglemente les échanges entre les pays participants, fournit un cadre pour la négociation et la formalisation des accords
commerciaux et gère un mécanisme de résolution des différends, l’objectif étant de favoriser le respect des accords de l’OMC par ses adhérents.

Question: Quelles sont les répercussions de la mondialisation sur votre organisation ou votre établissement d’enseignement ?

Dans la sphère politique, la priorité donnée au développement intérieur des pays a eu des conséquences sur l’appui politique extérieur apporté à des dirigeants qui, faute de cet appui, jouissent d’une faible légitimité nationale. La concentration du pouvoir économique et financier génère un affaiblissement de l’influence des acteurs politiques nationaux et pèse sur les processus démocratiques. Les injustices flagrantes dans la répartition des richesses accentuent les inégalités et les tensions sociales et menacent l’accès effectif de tous aux droits sociaux. De nombreux accords commerciaux sont passés par les gouvernements sans la participation décisionnelle des citoyens. Les questions de droits de l’homme entrent rarement en ligne de compte dans les accords commerciaux, même si certains ont des effets sur les droits de l’homme.
Pour autant, il est largement admis que la mondialisation favorise l’expansion de la démocratie et une prise de conscience renforcée de la démocratie. La mondialisation, si elle creuse des fossés technologiques profonds, est aussi le moteur d’une démocratisation notable des médias - par le biais des médias sociaux en ligne –, génératrice de mouvements qui militent pour renforcer la conscience politique, éradiquer la corruption et l’abus de pouvoir et améliorer la représentation politique.

Dans la sphère culturelle, la mondialisation est synonyme de développement des réseaux de communication, de connaissances et d’un discours idéologique qui prône la mondialisation en tant qu’étape nécessaire vers le bonheur à l’échelle planétaire.
La mondialisation a favorisé le développement de modes de vie et d’habitudes de consommation communs. La mondialisation culturelle influe également sur la façon dont les médias couvrent l’actualité, portant les tragédies humaines à notre attention immédiate et mobilisant la conscience planétaire à la lumière des mouvements migratoires massifs. La mondialisation est également à l’origine d’énormes monopoles qui contrôlent les grands médias internationaux, avec le risque de partialité et de manque d’objectivité que cela implique.
La mondialisation a contribué à la formation d’un esprit communautaire différent, comme en témoigne l’existence de communautés numériques. Elle encourage par ailleurs l’échange et l’excellence dans les arts, et a fourni l’impulsion à l’émergence de nouveaux genres musicaux et de la cuisine fusion ! La mondialisation culturelle a aussi sensibilisé nombre d’entre nous à exercer une vigilance relativement à notre consommation, et notamment aux conditions de travail et à l’environnement dans lesquels sont produits les biens que nous achetons.

Avec la mondialisation, le dialogue interculturel est devenu une nécessité, tant pour la solidarité internationale que le respect des droits de l’homme universels. Et, en particulier, la mondialisation a suscité le développement de cultures de résistance à la mondialisation et de mouvements pour « un monde différent ».

Comment en serait-il autrement quand le gouvernement des USA taxe un vêtement du Bangladesh 20 fois plus que ceux venant d’Angleterre ? Comment en serait-il autrement quand les pays qui produisent 90% des fèves de cacao dans le monde produisent seulement 5% du chocolat mondial ?
Arundhati Roy

Dans le secteur social, la mondialisation a eu un impact sur les niveaux et les conditions d’emploi et sur les droits sociaux des travailleurs. La compétition internationale, combinée aux délocalisations, incite les entreprises à déplacer leur production dans des pays où les salaires et la protection sociale des travailleurs coûtent moins cher. En conséquence, dans les pays les plus riches, les syndicats et les travailleurs sont « contraints » d’accepter des conditions moins favorables; c’est ce que l’on appelle le dumping social.
Les syndicats ont été les plus inquiets et ont émis des critiques à l’encontre des processus de mondialisation. Ainsi, la Conférence européenne des syndicats a lancé un appel en faveur d’un cadre qui promeuve un développement durable. Ce cadre devrait notamment inclure:

  • un cadre multilatéral de protection des migrants ;
  • un cadre multilatéral de promotion de la protection sociale ;
  • un cadre multilatéral pour la promotion de l’emploi digne et juste, comme outil déterminant de la réduction de la pauvreté ;
  • un cadre multilatéral pour la protection des droits des travailleurs, la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, l’égalité entre les sexes et l’accomplissement de l’autonomie des femmes.2

Une meilleure mondialisation?

En matière de mondialisation, nous sommes convaincus de la nécessité de passer d’une perspective dominante très étroite – autrement dit, les marchés – à une perspective élargie, dans laquelle les individus ont leur place. La dimension sociale de la mondialisation rime avec emploi, avec santé et avec éducation ; mais elle va au-delà. C’est la dimension de la mondialisation que les citoyens vivent au quotidien, dans les sphères privée et professionnelle. C’est tout l’éventail de leurs aspirations en termes de participation démocratique et de prospérité matérielle. Une meilleure mondialisation est la clé d’un avenir meilleur et plus sûr pour tout un chacun au 21e siècle.
OIT, Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation

A la façon dont est organisée la mondialisation, on reproche notamment le fait que les citoyens soient laissés de côté. Alors que le capital et les biens jouissent d’une liberté de mouvement croissante, la liberté de circulation des individus n’a guère été facilitée. Pourtant, la mondialisation s’accompagne de flux migratoires croissants, légaux comme illégaux, pour des raisons économiques ou à cause de catastrophes naturelles.

Aujourd’hui, la mondialisation ne se limite pas aux phénomènes précédemment mentionnés. Un autre aspect important est l’état de l’environnement planétaire, et notamment la diminution de la couche d’ozone et de la diversité biologique, l’aggravation de la pollution de la terre, de l’air et de l’eau, les catastrophes écologiques, les déversements de pétrole, les inondations, les sécheresses dues aux changements climatiques, le traitement des déchets, la prolifération nucléaire et la déforestation – autant de phénomènes qui influent sur les flux migratoires.

Les normes d’un commerce équitable

Il s’agit d’un ensemble de normes minimales destinées à promouvoir une production et un commerce socialement responsables. Ces normes doivent aussi concourir au développement de l’activité des petits travailleurs défavorisés et marginalisés de l’agriculture et des plantations. Elles concernent les trois domaines du développement durable : le développement social, économique et environnemental.
En termes de développement social, les organisations de producteurs doivent avoir une structure démocratique et être gérées de façon transparente, afin que leurs membres puissent les contrôler. Elles doivent aussi être en mesure de promouvoir le développement économique et social de leurs membres. Enfin, elles doivent être totalement non discriminatoires.
Sur le plan du développement économique, les critères garantissent la capacité des organisations à exporter leurs marchandises et à gérer effacement leur « prime équitable » de façon transparente et démocratique au nom de leurs membres.
Concernant le développement environnemental, les critères visent l’intégration à part entière de la protection de l’environnement dans la gestion des exploitations agricoles. Il existe des règles pour la protection des producteurs et des ouvriers relativement à l’utilisation de substances chimiques, à la gestion des déchets et à la protection des ressources naturelles. Dans ce domaine, les normes interdisent l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés.3

La « globalocalisation »

La CES déplore en outre les conditions sociales dans lesquelles s’effectuent les délocalisations et le développement des gestions en flux tendus au sein de chaînes de sous-traitance internationales, l’informatisation croissante de l’économie, l’extension de la précarité des travailleurs ainsi que les attaques contre les droits syndicaux et la négociation collective, qui constituent un phénomène particulièrement inquiétant
dans le cas des zones franches d’exportation.
Comité exécutif de la CES

La mondialisation économique et financière a ses détracteurs, qui dénoncent le pouvoir insuffisamment contrôlé des grandes sociétés multinationales ainsi que l’impact négatif des accords commerciaux et des marchés financiers dérégulés – qui, chacun, contribuent à des violations des droits de l’homme et de la sécurité du travail, à des dommages environnementaux et même à l’érosion de la capacité des gouvernements nationaux à maintenir ces normes. Ces groupes et individus promeuvent ce qu’ils appellent une « globalisation à visage humain ». Celle-ci se distingue très nettement d’une mondialisation économique dans le cadre de laquelle les entreprises négligent de faire entrer en ligne de compte les individus et leurs droits de l’homme.
Ce mouvement international, généralement appelé mouvement antimondialisation ou altermondialisation, rassemble des syndicats, des organisations environnementales non gouvernementales, des responsables politiques, des défenseurs des droits de l’homme, des universitaires, des organisations de femmes et d’autres partenaires qu’intéresse la construction d’un monde plus équitable qui, selon eux, ne peut exister tant que la dérégulation et la compétition commerciale internationale sont les valeurs qui guident la coopération et le développement économiques.

L’énergie du mouvement en faveur d’une mondialisation alternative réside dans sa diversité interne et la multiplicité des objectifs qu’il vise.
Boaventura de Sousa Santos5

Le slogan « Penser global, agir local » est à l’origine du mouvement « globalocal ». Apparue pour la première fois dans le domaine de l’environnement en relation à la planification urbaine, cette formule a rapidement été adoptée dans les secteurs de la justice sociale et de l’éducation pour témoigner d’une prise de conscience accrue de la connexion entre les actions et les décisions locales et l’utilisation, voire la surexploitation des ressources planétaires. Le mouvement globalocal peut être perçu comme une réponse à l’économie mondialisée, par exemple, dans le cadre de laquelle les effets sur l’environnement ou les violations de droits humains en lien avec la production d’une marchandise se manifestent dans un pays autre que celui où cette marchandise est achetée. Mais cette dynamique fonctionne aussi dans l’autre sens : les opportunités acquièrent une dimension globale et peuvent être mises à profit aux fins d’objectifs locaux.

La conscience des questions de mondialisation s’est significativement renforcée ces dernières décennies, au même rythme que les demandes d’une prise de responsabilité accrue de la part des organismes internationaux. Les décisions que prenaient à huis clos les gouvernements, les autorités bancaires et commerciales, les organisations internationales et les institutions publiques sont à présent rendues publiques et largement débattues en public. Les manifestations des Indignés et du mouvement Occupy sont devenues un phénomène planétaire4.

Le Forum social mondial (FSM)

Le Forum social mondial est un espace de rencontre ouvert pour les mouvements et les réseaux sociaux, les ONG et toutes les organisations de la société civile opposés au libéralisme qui souhaitent s’engager dans une réflexion approfondie, débattre d’idées démocratiques, formuler des propositions, échanger des expériences en toute liberté et former des réseaux en vue d’actions efficaces. Depuis sa première réunion en 2001, le FSM s’est imposé comme un mécanisme mondial permanent pour la recherche et la mise en oeuvre d’alternatives aux politiques néolibérales. C’est un espace pluriel et diversifié, non confessionnel, non gouvernemental et non partisan. Le Forum social mondial n’est ni une association, ni une organisation. De cette initiative sont nés de nombreux forums sociaux à l’échelle locale, nationale et régionale.

Question: Comment « humaniser » la mondialisation ?

La mondialisation et les droits de l’homme

L’éducation et l’émancipation des femmes dans le monde ne peuvent se traduire que par un monde plus protecteur, tolérant, juste et pacifique pour tous.
Aung San Suu Kyi

La mondialisation en soi n’est pas une violation des droits de l’homme. L’inquiétude, toutefois, est qu’elle s’oppose à la réalisation des droits humains universels partout dans le monde. Les obligations en matière de droits de l’homme qui incombent aux acteurs non étatiques, par exemple aux sociétés transnationales, est un sujet de préoccupation que vient renforcer le fait que les gouvernements nationaux contrôlent moins bien les processus économiques et sociaux, à cause précisément de la mondialisation. Il est également préoccupant de constater que les considérations relatives aux droits de l’homme, qui devraient primer dans le règlement des différends et dans les décisions gouvernementales, passent au second plan parce que les politiques économiques sont dépendantes des fluctuations des marchés et des investisseurs étrangers.

Un certain nombre de droits de l’homme sont remis en cause du fait de la mondialisation, et notamment:

  • Le droit à l’égalité dans la dignité et la non-discrimination : médiocre état de santé et mauvaises conditions de travail des ouvriers dans les pays en développement ;
  • Les droits à la santé, à l’alimentation et au logement : barrières aux échanges commerciaux avec les pays en développement, ou achat de terres cultivables dans les pays asiatiques ou africains pour la production de biocarburants et de cultures destinées à l’exportation ;
  • Le droit au travail : délocalisation des industries dans des pays où la main-d’oeuvre est moins chère et où il est possible d’imposer des normes sociales moins élevées ;
  • Le droit à la vie : accords commerciaux qui privent les populations des pays pauvres de l’accès aux médicaments ;
  • Le droit à la propriété : expulsions liées à des grands projets d’infrastructure, comme des barrages ou des oléoducs ;
  • Le droit à la santé et à un environnement sain : concentration de déchets dangereux dans les pays en développement ou absence de consensus international sur les mesures gouvernementales à prendre face aux changements climatiques ;
  • Le droit à la protection contre les formes de travail nuisibles et l’exploitation : tolérance de formes de travail nuisibles par certains gouvernements désireux de préserver tout leur attrait pour leurs investisseurs étrangers ;
  • Les droits des peuples indigènes à leur culture et à leur développement : déforestation, graves pollutions détruisant l’environnement de vie de communautés autochtones, exploitation industrielle de leurs terres ou encore expropriation.

Aujourd’hui, alors que la mondialisation nous rapproche inexorablement, si nous décidons d’ignorer les insécurités qui menacent certains, nous risquons qu’elles nous menacent tous.
Mohamed El Baradei

Les accords de l’OMC ont souvent de graves conséquences sur les droits de la personne humaine, même s’ils ne les concernent pas directement. Par exemple, l’Accord de l’OMC sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (Accord sur les ADPIC), adopté en 2001, contient des exigences auxquelles doivent répondre les législations nationales pour la protection des droits de propriété, notamment dans des secteurs comme l’industrie pharmaceutique, et d’autres brevets. Pour les Etats dépourvus des ressources financières requises pour l’achat de médicaments brevetés, ou bien de la capacité à produire des génériques, cette exigence est en conflit avec le droit à la santé (et aux engagements de ces mêmes Etats à cet égard).

En 2004, la Commission mondiale sur la dimension sociale de la mondialisation du BIT a publié le rapport « Une mondialisation juste : Créer des opportunités pour tous », qui affirme la nécessité d’intégrer le respect des droits de l’homme dans les processus de mondialisation. A cette fin, la Commission a identifié les neuf mesures ci-après :
Une action centrée sur les personnes. Pour parvenir à une mondialisation plus juste, il faut répondre à ce à quoi aspire tout individu: le respect des droits de chacun, de son identité culturelle, de son autonomie; un travail décent; la capacité des communautés locales à se prendre en charge. L’égalité entre hommes et femmes est essentielle.
Un Etat démocratique et efficace. L’Etat doit être capable de gérer l’intégration dans l’économie mondiale et de conjuguer opportunités et sécurité sur le plan social et économique.
Un développement durable. La quête d’une mondialisation juste doit reposer sur des actions interdépendantes et synergiques dans les domaines du développement économique, du développement social et de la protection de l’environnement aux niveaux local, national, régional et mondial.
Des marchés productifs et équitables. Cela suppose des institutions solides pour promouvoir opportunités et entreprises dans une économie de marché fonctionnant de manière efficace.
Des règles équitables. Les règles de l’économie mondiale doivent offrir une chance et un accès équitables à tous les pays et reconnaître la diversité des capacités et des besoins de développement de chacun.
Une mondialisation solidaire. Il existe une responsabilité partagée d’aider les pays et les personnes qui sont exclus de la mondialisation ou qui souffrent de ses effets. La mondialisation doit aider à surmonter les inégalités à l’intérieur des pays et entre les pays et contribuer à l’élimination de la pauvreté.
Une obligation renforcée de rendre des comptes à la population. Les acteurs publics et privés, à tous les niveaux, qui peuvent influer sur les résultats de la mondialisation doivent être tenus démocratiquement comptables des politiques qu’ils appliquent et des mesures qu’ils prennent. Ils doivent tenir leurs engagements et user de leur pouvoir en respectant les autres.
Des partenariats approfondis. Beaucoup d’acteurs contribuent à la réalisation d’objectifs sociaux et économiques mondiaux – organisations internationales, gouvernements et parlements, monde des affaires, monde du travail, société civile, et bien d’autres encore. Le dialogue et le partenariat entre ces acteurs sont un instrument démocratique essentiel pour créer un monde meilleur.
Un système des Nations Unies efficace. Un système multilatéral plus fort et plus performant est l’instrument essentiel pour donner à la mondialisation un cadre démocratique, légitime et cohérent.6

Qui est responsable ?

Amnesty International a notamment fait campagne contre les agissements de l’entreprise de courtage pétrolier Trafigura. En 2010, un tribunal hollandais a jugé Trafigura coupable d’avoir acheminé des déchets toxiques à Amsterdam, tout en occultant leur véritable nature, avant de les exporter vers la Côte d’Ivoire. Suite au déversement, plus de 100 000 personnes ont dû consulter un médecin pour divers problèmes de santé et 15 décès ont été rapportés. Le ministère public hollandais a mis l’accent sur les événements qui se sont déroulés aux Pays-Bas. Il semble qu’il n’ait pas pris en compte les répercussions de ce déversement en Côte d’Ivoire, ce qui illustre à quel point il est difficile de poursuivre des entreprises pour des agissements opérés à l’échelon international.
C’est la réponse à la quête sans restriction d’avantages qui a conduit la communauté des droits de l’homme à progresser dans plusieurs domaines, par exemple le fait de clarifier le droit au développement, de consacrer la justiciabilité des droits économiques, sociaux et culturels et de promouvoir les principes du Pacte mondial des Nations Unies.

Les dix principes du Pacte mondial des Nations Unies7

Principe 1: Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la protection du droit international relatif aux droits de l’homme dans leur sphère d’influence
Principe 2: A veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent pas complices de violations des droits de l’homme
Principe 3: Les entreprises sont invitées à respecter la liberté d’association et à reconnaître le droit de négociation collective
Principe 4: L’élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire
Principe 5: L’abolition effective du travail des enfants
Principe 6: L’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession
Principe 7: Les entreprises sont invitées à appliquer l’approche de précaution face aux problèmes touchant l’environnement
Principe 8: A entreprendre des initiatives tendant à promouvoir une plus grande responsabilité en matière d’environnement
Principe 9: A favoriser la mise au point et la diffusion de technologies respectueuses de l’environnement
Principe 10: Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous toutes ses formes, y compris l’extorsion de fonds et les pots-de-vin

La Terre est une, mais le monde est pluriel. Certains consomment les ressources de notre planète à un rythme tel qu’ils ne laisseront pas grand-chose aux générations futures. D’autres, bien plus nombreux, consomment bien trop peu et vivent avec la faim, dans des conditions d’hygiène déplorables, avec la maladie et le risque d’une mort prématurée.
Gro Brundtland

L’impact négatif de la crise financière sur les droits de l’homme, qui est largement la conséquence des mouvements financiers mondiaux, a été pointé par le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe lors d’une visite au Portugal en mai 2012. « Les mesures d’austérité budgétaire mises en oeuvre au Portugal ont porté atteinte de manière disproportionnée aux droits de l’homme des groupes sociaux les plus vulnérables, en particulier des enfants, des personnes âgées et des Roms. Le Portugal est l’un des Etats parties à la Charte sociale européenne, en vertu de laquelle il s’est engagé à protéger efficacement toutes les personnes se trouvant ou risquant de se trouver en situation d’exclusion sociale ou de pauvreté. L’emploi, le logement, l’éducation et l’assistance sociale et médicale sont des droits sociaux vitaux qui ne peuvent être ignorés, pas même en période de crise économique », a déclaré Nils Muižnieks. Le Commissaire a pris note avec inquiétude de données indiquant que 20% des enfants et des personnes âgées sont exposés au risque de pauvreté.

Question: Savez-vous où votre téléphone portable a été mis au point, fabriqué, assemblé et emballé ?

Les organisations de jeunesse et la mondialisation

La mondialisation et les jeunes

Au moment où ils entrent dans la vie adulte, les jeunes sont plus exposés que tous les autres groupes de la société aux fluctuations politiques, culturelles, économiques et sociales. Le rapport mondial des Nations Unies sur la jeunesse 20118 a montré, qu’en 2010, le taux de chômage des jeunes était de 12,6%, éclipsant radicalement celui des adultes, de 4,8%. En 2011, environ 152 millions de jeunes travailleurs vivaient dans des foyers se situant sous le seuil de pauvreté, qui concerne 24% des jeunes travailleurs pauvres. La période de transition vers l’âge adulte tend à se prolonger. Le taux de chômage des jeunes femmes était particulièrement spectaculaire, atteignant 39,4% au Moyen-Orient et 34,1% en Afrique du Nord. En 2011, les pays en développement comptaient 87% des jeunes du monde, qui sont souvent au chômage ou bien travaillent dans l’économie parallèle dans de médiocres conditions.

Je suis complètement perdu dans le supermarché/Je ne peux plus faire de courses tranquillement/Je suis venu ici pour une offre spéciale/ Une spécificité garantie
The Clash

Pour beaucoup de jeunes, la mondialisation est aussi synonyme de davantage d’informations, de possibilités accrues de faire l’expérience de la mobilité, de plus de diversité dans les choix culturels et de modes de vie, d’opportunités multipliées de développer des réseaux dans le monde entier avec leurs pairs et de manifester leur solidarité. Les jeunes sont aussi activement impliqués dans les mouvements d’altermondialisation et beaucoup d’organisations de jeunesse d’envergure internationale s’efforcent de s’imposer comme des protagonistes dans les processus et partenariats qui s’organisent en faveur d’une mondialisation plus juste.

Les 48 pays les plus pauvres totalisent 168 milliards USD de dettes ; les 128 pays les plus pauvres ont une dette supérieure à 3,7 trillions USD.11  Les milliardaires du monde — 497 personnes seulement (soit 0,000008% de la population mondiale) — représentent quant à eux quelque 3,5 trillions USD.12

En 2004, le secteur de la jeunesse du Conseil de l’Europe a organisé la manifestation de jeunesse « Jusqu’où va ton horizon? - Europe, jeunesse et mondialisation » ; celle-ci a rassemblé 317 jeunes de 83 pays qui ont débattu de leurs expériences et perceptions de la vie dans le contexte de la mondialisation, ainsi que de la place de l’Europe dans le monde. Leur objectif était aussi de concevoir des actions concrètes en réponse aux effets de la mondialisation, afin d’encourager la bonne gouvernance et la protection de la dignité humaine dans le monde entier. Les participants ont souligné les principales préoccupations que constitue la difficulté d’accès non seulement aux droits sociaux, et notamment le travail et l’éducation, mais aussi à un mode de vie décent. Ils ont tout particulièrement insisté sur la responsabilité de l’Europe en tant que région ayant largement bénéficié de la mondialisation économique. En tant que telle, l’Europe pourrait se « permettre » d’offrir aux autres régions du monde un exemple de démocratie libérale, tout en attirant l’attention sur l’intérêt de considérer les jeunes comme un atout pour aujourd’hui plutôt que comme les acteurs d’un futur dans lequel les adultes d’aujourd’hui n’auront plus le pouvoir.9

Des stages en Europe

Dans le contexte de la mondialisation, les jeunes sont fortement sollicités pour s’engager dans la rude compétition qui se joue sur le marché du travail et pour effectuer des stages destinés à améliorer leurs compétences. Le Forum européen de la jeunesse s’est ainsi intéressé à une question très importante pour les jeunes en Europe, et notamment celle des stages, en menant une étude qui a permis de réunir des informations auprès de quelque 4000 stagiaires en Europe. 25% d’entre eux ont déclaré percevoir une rémunération adéquate, et 37% ont affirmé avoir effectué trois stages, voire davantage. Un stagiaire ayant quatre stages à son actif résume ainsi son expérience : « Les employeurs savent qu’ils peuvent s’en sortir sans que cela ne leur coûte quoi que ce soit, car les stagiaires ont ‘besoin’ de cette expérience. Les employeurs espèrent ainsi que les jeunes qui prennent leur premier emploi puissent être parfaitement opérationnels dès le premier jour ».10

L’activisme des jeunes pour une mondialisation équitable prend la forme d’actions d’éducation et de sensibilisation, de manifestations, de campagnes, de publications et de grèves. Ces diverses initiatives peuvent émaner de particuliers, d’organisations spécifiques ou de larges coalitions. Elles peuvent être locales, nationales ou internationales. Le programme d’activités annuel des Centres européens de la jeunesse englobe les activités d’organisations de jeunesse qui oeuvrent pour une mondialisation humaine. Suivent quelques exemples d’actions conduites par des organisations de jeunesse.

La Coordination européenne Via Campesina

La Via Campesina rassemble des organisations paysannes et de travailleurs agricoles qui militent pour des politiques agricoles et alimentaires différentes, basées sur plus de légitimité, d’équité, de solidarité et de durabilité.

La Fédération des jeunes Verts européens – un agenda global

La Fédération des jeunes Verts européens (FYEG) fédère des mouvements de jeunes écologistes (politiques ou associatifs) de toute l’Europe. Dans sa déclaration de politique générale, la FYEG exprime sa préoccupation quant aux répercussions des sociétés transnationales sur l’environnement et le manque de gouvernance démocratique dans des institutions comme la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, tout en demandant que soit instaurée la taxe Tobin sur les flux de capitaux spéculatifs et que les infrastructures des transport, de l’énergie et des télécommunications soient placées sous le contrôle des institutions démocratiques.

Mouvement international des Faucons – Internationale socialiste de l’éducation

L'IFM – SEI a lancé en 2011 le projet « Volontariat contre la pauvreté » destiné à tisser un solide réseau de jeunes volontaires d’Afrique, d’Asie, Europe et d’Amérique latine en vue de sensibiliser à la pauvreté des jeunes et à la lutte pour un travail décent.

Service civil International – chantiers volontaires

La SCI organise des projets volontaires depuis plus de 90 ans dans l’objectif de promouvoir et de bâtir une culture de paix, tout en soutenant les communautés locales. Tous les ans, des milliers de volontaires s’engagent dans les projets organisés dans de nombreux pays à travers le monde.

Organisation mondiale des Guides et des Eclaireuses – The Global Girls Fund (Fonds mondial pour les filles)

Cette initiative entend contribuer au changement de vie des jeunes filles et des jeunes femmes dans le monde, en leur apportant des capacités, des connaissances et des opportunités. Le Fonds vise à lever 10 millions £ d’ici juin 2014 pour concevoir et conduire des projets et des programmes qui permettront que chaque jeune fille bénéficie de la possibilité qui lui est due de réaliser son plein potentiel.

Notes

1 Shalmali Guttal,"Globalisation" in Development in practice, vol. 17 no. 4/5, août 2007, pp. 523-531 www.jstor.org/stable/25548249
2 Résolution du Comité exécutif de la CES sur la dimension sociale de la mondialisation, 2005: www.etuc.org/a/365
3 Fairtrade Foundation: Fairtrade standards. www.fairtrade.org.uk/what_is_fairtrade/fairtrade_certification_and_the_fairtrade_mark/fairtrade_standards.aspx
4 http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_villes_occup%C3%A9es_par_Occupy_movement
5 www.forumsocialmundial.org.br/dinamic/us/boaventurapor.php
6 Adapté de « Une mondialisation juste: Créer des opportunités pour tous », Bureau international du travail, Genève, 2004 
7 www.unglobalcompact.org/AboutTheGC/TheTenPrinciples/index.html 
8 "Youth Employment: Youth Perspectives on the Pursuit of Decent Work in Changing Times": http://unworldyouthreport.org/index.php 
9 Conseil de l’Europe, 2005: www.coe.int/t/dg4/youth/Source/Resources/Publications/2005_How_Big_is_your_world.pdf
10 European Youth Forum, Interns Revealed: http://issuu.com/yomag/docs/yfj_internsrevealed_web
11 Jubilee Debt Campaign, 2008
12 www.globalissues.org/article/26/poverty-facts-and-stats
Richard Falk, Resisting "Globalization-From-Above" through "Globalization-From-Below" in B. Gills (ed.), Globalization and the Politics of Resistance, Basingstoke: Palgrave, 2001
Global Finance Magazine: www.gfmag.com
International Council on Human Rights Policy, "Human Rights in the Global Economy, Report from a Colloquium", Geneva: ICHRP, 2010, available at: www.ichrp.org/files/documents/185/210_human_rights_global_economy_colloquium_report.pdf
Naomi Klein, No logo: taking aim at the brand bullies, London: Flamingo, 2000
Shalmali Guttal, "Globalisation" in Development in Practice, vol. 17 no. 4/5, August 2007

Activités associées
Date clé
  • 22 marsJournée mondiale de l’eau
  • 7 avrilJournée mondiale de la santé
  • 1 maiFête du travail
  • 2e samedi de maiJournée mondiale du commerce international
  • 21 maiJournée mondiale pour la diversité culturelle pour le dialogue et le développement
  • 5 juinJournée mondiale de l’environnement
  • 20 juinJournée mondiale des réfugiés
  • 1er samedi de juilletJournée internationale des coopératives
  • 11 juilletJournée mondiale de la population
  • 9 aoûtJournée internationale des populations autochtones
  • 12 aoûtJournée internationale de la jeunesse
  • 1er lundi d’octobreJournée mondiale de l’habitat (des villes sans quartiers insalubres)
  • 7 octobreJournée mondiale pour le travail décent
  • 16 octobreJournée mondiale contre la faim
  • 17 octobreJournée internationale pour l’élimination de la pauvreté
  • 9 décembreJournée internationale contre la corruption
  • 18 décembreJournée internationale des migrants
  • 20 décembreJournée internationale de la solidarité humaine