Image: Theme 'Work' by Pancho

Lorsque l’un de nous souffre, c’est nous tous qui souffrons.
Slogan des syndicats

Vivre dans la dignité passe par le fait de travailler. Le travail nous permet non seulement d’assurer notre subsistance, mais il contribue aussi à notre développement individuel tout en renforçant la communauté et la société dans son ensemble. Toutefois, toutes les formes de travail ne contribuent pas à l’épanouissement personnel et professionnel. Seul un travail décent promeut véritablement la dignité.
Le droit au travail est souvent évoqué en tant que droit économique et social de la personne humaine. Mais, comme nous le verrons dans les paragraphes qui suivent, le droit au travail implique plus que le fait de pouvoir travailler.

L’Organisation internationale du travail

L’Organisation internationale du travail (OIT) a été créée en 1919 dans le cadre du Traité de Versailles qui mettra fin à la première guerre mondiale. Le traitement décent des personnes au travail s’imposera comme un élément fondamental au maintien d’une paix durable et universelle.
L’OIT, devenue en 1946 la première agence onusienne spécialisée, est encore jusqu’à présent la seule organisation intergouvernementale dans laquelle des partenaires non gouvernementaux travaillent aux côtés de gouvernements sur un pied d’égalité.1 L’OIT est l’organe international responsable de l’élaboration et de la promotion de normes internationales en matière de travail.

Une paix durable ne peut être établie que sur la base de la justice sociale.
Constitution de l’OIT

L’OIT est à l’origine de plusieurs conventions internationales qui défendent les droits du travail, et notamment2

  • la Convention sur le travail forcé, 1930
  • la Convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948
  • la Convention sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949
  • la Convention sur l’égalité de rémunération, 1951
  • la Convention sur l’abolition du travail forcé, 1957
  • la Convention concernant la discrimination (emploi et profession), 1958
  • la Convention sur l’âge minimum, 1973
  • la Convention sur les pires formes de travail des enfants, 1999

Question: Votre pays a-t-il ratifié ces conventions de l’OIT ?


Le droit au travail

Le droit à un travail décent est consacré par plusieurs traités régionaux et internationaux, et notamment la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, la Convention relative aux droits de l’enfant, les conventions de l’OIT, la Charte sociale européenne et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Le droit au travail englobe toutes les formes d’activités professionnelles, y compris les emplois salariés, l’auto-emploi, le travail à domicile et d’autres activités génératrices de revenus. Le droit au travail ne saurait se comprendre comme un droit absolu et inconditionnel d’obtenir un emploi.3 Il devrait au contraire être compris comme le droit de chacun de pouvoir gagner sa vie en exerçant une activité professionnelle de qualité acceptable, dans laquelle les droits sont protégés et qui génère un revenu suffisant, assorti d’une protection sociale adéquate. Par conséquent, le droit à un travail décent intègre trois dimensions : le droit au travail, les droits du travailleur et le droit à une protection sociale adaptée4

Question: Si vous n’avez pas de travail, est-ce une violation de votre droit au travail ?

Le droit au travail

Sans travail, toute vie pourrit. Mais, sous un travail sans âme, la vie étouffe et meurt.
Albert Camus

Le droit au travail signifie que votre Etat doit instaurer un environnement physique, économique et social dans lequel tous les individus ont la possibilité de gagner leur vie au moyen d’un travail respectueux de leur dignité.
Par exemple, pour garantir le droit au travail, il est fait obligation aux Etats d’adopter et d’appliquer une stratégie nationale en matière d’emploi ; de proposer des programmes de formation professionnelle et technique ; de protéger les travailleurs contre les licenciements illégaux ; et de promulguer des lois qui protègent les individus de toute forme de discrimination dans l’accès à l’emploi.

Les droits du travailleur

Toute personne a le droit de jouir de conditions de travail justes et favorables, dont la sécurité sur le lieu de travail, un salaire équitable, une rémunération égale pour un travail d’égale valeur, des chances égales, des heures raisonnables de travail et de repos, ainsi que le droit de s’organiser et de négocier collectivement. Par conséquent, le droit à un travail décent implique l’interdiction du travail contraint, du travail des enfants et de conditions de travail comparables à de l’esclavagisme.

Une protection sociale adaptée

Le droit à un travail décent implique que votre Etat a l’obligation d’instaurer des mécanismes de protection sociale adéquats et bien conçus pour les individus touchés par les crises économiques et politiques qui ne peuvent de ce fait occuper un emploi régulier.5

Aperçu du droit au travail dans la Charte sociale européenne révisée du Conseil de l’Europe

Privés d’un travail intéressant, hommes et femmes perdent leur raison de vivre.
Fyodor Dostoyevsky

La Charte sociale européenne a été adoptée en 1961 et révisée en 1996. Les droits garantis par la Charte concernent tous les individus dans leur vie quotidienne, y compris au travail : l’interdiction du travail forcé et du travail des enfants ; la protection des travailleurs entre 15 et 18 ans ; le droit de gagner sa vie au moyen d’une activité librement choisie ; l’existence d’une politique économique et sociale pour assurer le plein emploi ; des conditions de travail justes et équitables ; la protection contre le harcèlement sexuel et psychologique ; la liberté de former des syndicats et de négocier collectivement ; la protection en cas de licenciement ; le droit de grève ; et l’accès au travail pour les personnes handicapées.
La Charte est dotée d’un mécanisme de contrôle basé sur la présentation de rapports nationaux par les Etats parties (Protocole de 1991), ainsi que d’un système de réclamations collectives (Protocole de 1995) qui permet, entre autres, aux syndicats et aux organisations non gouvernementales de présenter des réclamations collectives au Comité européen des droits sociaux.

La Charte sociale européenne en pratique

Commission internationale de Juristes (CIJ) c. Portugal (1/1998)

La CIJ prétend que le Portugal a violé l’article 7(1) (âge minimum d’admission à l’emploi fixé à 15 ans) de la Charte sociale européenne, en ne contrôlant pas comme il se doit le travail des enfants. Elle allègue qu’un grand nombre d’enfants de moins de 15 ans travaillent illégalement dans de nombreux secteurs de l’économie et dans des conditions de travail de nature à nuire gravement à leur santé. Le gouvernement portugais conteste les chiffres et affirme que l’exercice d’une activité non rémunérée au sein de la famille ne relève pas de l’article 7. En 1999, le Comité européen des droits sociaux a conclu que le Portugal violait l’article 7 et affirmé que l’interdiction de faire travailler les enfants de moins de 15 ans s’appliquait aussi au travail dans les entreprises familiales.

Confédération des syndicats indépendants de Bulgarie, Confédération syndicale « Podkrepa » et Confédération européenne des Syndicats c. Bulgarie (32/2005)
Les organisations syndicales réclamantes allèguent que la législation bulgare comporte pour les travailleurs des secteurs de la santé, de l’énergie et des télécommunications, ainsi que pour les fonctionnaires et les personnels des chemins de fer, des restrictions au droit de grève qui ne sont pas conformes à la Charte sociale révisée. Le Comité européen des droits sociaux a conclu que la restriction dans la législation bulgare du droit de grève des personnels des chemins de fer, ainsi que le fait de n’autoriser les fonctionnaires qu’à mener des actions symboliques que la loi qualifie de grève et de leur interdire de cesser collectivement le travail, constituaient une violation de la Charte révisée6

La Charte des droit fondamentaux de l’Union européenne

Lorsque la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne est devenue juridiquement contraignante en décembre 2009, l’Union européenne a acquis la compétence sur de nombreux aspects de l’emploi et de la vie sociale qui étaient précédemment considérés comme relevant de la responsabilité des gouvernements nationaux7.
Le droit au travail est garanti par l’article 15 de la Charte, qui dispose ce qui suit : « 1. Toute personne a le droit de travailler et d’exercer une profession librement choisie ou acceptée ; 2. Tout citoyen de l’Union a la liberté de chercher un emploi, de travailler, de s’établir ou de fournir des services dans tout Etat membre. »
En outre, les droits de solidarité consacrés par la Charte incluent le droit à l’information et à la consultation des travailleurs au sein de l’entreprise, le droit de négociation et d’actions collectives, le droit d’accès aux services de placement, la protection en cas de licenciement injustifié, des conditions de travail justes et équitables, l’interdiction du travail des enfants et la protection des jeunes au travail.

Les jeunes et l’emploi

Il faut travailler et oser si l’on veut vraiment vivre.
Vincent van Gogh

Avoir un emploi implique bien plus qu’avoir les moyens de subvenir à ses besoins. C’est aussi une façon d’acquérir une expérience de vie. Grâce à l’emploi, les individus (et notamment les jeunes) peuvent se doter de nombreuses compétences, depuis des capacités techniques de base jusqu’à des aptitudes personnelles.
Le chômage et les mauvaises conditions de travail font partie de ces situations complexes, interdépendantes, qui créent des obstacles au plein épanouissement des individus et au maintien de leur dignité. Parmi les conséquences de cette situation figurent l’incapacité des chômeurs à assurer des conditions de vie adéquates, pour eux et leurs familles, le développement potentiel d’un grand nombre d’emplois « au noir » qui amoindrissent la sécurité des travailleurs et leur capacité à protéger leurs droits, et la nécessité de mettre en place un vaste programme de sécurité sociale pour venir en aide aux chômeurs.

Génération « stagiaires »

Information fournie par le Forum européen de la jeunesse. Les résultats de l’étude sont consultables à l’adresse: http://bit.ly/internsrevealedresults

En 2011, le Forum européen de la jeunesse a conduit une étude paneuropéenne sur la vie des stagiaires en Europe afin de découvrir pourquoi cette dernière génération semble être devenue la génération « stagiaires ». L’étude révèle que les stages sont devenus la norme pour les jeunes Européens qui souhaitent franchir les obstacles professionnels. Des données spécifiques mettent en évidence le recours continuel à des stagiaires pour remplacer des salariés à temps plein. La pratique persistante qui consiste à exiger des candidats à un emploi qu’ils aient effectué plusieurs stages avant de pouvoir se vendre sur le marché du travail semble générer une génération « perdue » de travailleurs qui ne pourront jamais véritablement entrer sur le marché du travail.
Un stagiaire ayant effectué au total quatre stages résume ainsi son expérience : « Les employeurs savent qu’ils peuvent se permettre de ne pas rémunérer les stagiaires parce que les diplômés ont “besoin” d’expérience. En conséquence, les employeurs espèrent de ceux qui commencent leur carrière professionnelle qu’ils sachent tout dès le premier jour. » Cet exemple démontre que les stages sont devenus un sésame indispensable pour entrer sur le marché du travail, mais certains craignent que ces
stages n’alimentent une sorte de sous-marché du travail sur lequel le travail bon marché (voire gratuit) ne serait pas seulement accepté mais désiré par les candidats.

La transition entre l’école et le travail est une phase cruciale pour les jeunes et leur épanouissement personnel et professionnel, qui a des conséquences tout au long de leur vie d’adulte. Le fait d’être au chômage quand on est jeune peut avoir de graves répercussions. Le chômage des jeunes est souvent associé à des problèmes sanitaires et sociaux comme la violence, le crime, le suicide et la consommation d’alcool et de drogue.

Question: Avez-vous déjà eu un premier emploi rémunéré ?

Les taux de chômage sont souvent plus élevés parmi les jeunes que parmi les adultes. Selon le contexte propre au pays, l’écart entre ces taux peut être plus ou moins important.
Diverses raisons expliquent la forte incidence du chômage parmi les jeunes. Par exemple, en Europe, les jeunes sont souvent employés en contrat temporaire ou enfermés dans le cycle de stages de longue durée non rémunérés8. Les autres raisons du fort chômage des jeunes peuvent résider dans les changements organisationnels et techniques qui ont généré la demande de plus hautes qualifications, la préférence des employeurs pour des travailleurs expérimentés et la crise sur le marché du travail, synonyme de moins d’emplois et donc de chômeurs plus nombreux. La mondialisation et la délocalisation de la production dans certains secteurs ont renforcé la pénurie d’emploi dans les industries où le travail représente une large part des coûts totaux. Les secteurs de l’habillement et du textile, du cuir et de la chaussure, la construction navale et les industries métallurgiques font partie des secteurs qui ont perdu les plus grands nombres d’emplois en Europe ces deux dernières décennies9.

Une génération perdue ?

Les jeunes sont surreprésentés parmi les employés en contrat temporaire et travaillent plus souvent dans des conditions précaires. Selon l’OIT, ce problème est particulièrement aigu dans les pays à hauts revenus, où il est impératif de prévenir l’émergence d’une « génération perdue » de jeunes dont les perspectives d’emploi se sont considérablement détériorées dans le sillage de la crise mondiale.10
En 2011, les chiffres du chômage en Europe ont atteint des records et déclenché des manifestations et des protestations massives des jeunes. En juin de la même année, un jeune sur cinq entre 16 et 24 ans était au chômage au Royaume-Uni et un pourcentage affolant de 44,3 % de jeunes était sans emploi en Espagne, plus que partout ailleurs en Europe. Le chômage des jeunes a atteint 36 % en Grèce, 27,8 % au Portugal et 31,5 % en Irlande.11

En 2011, on estimait à 7,5 millions le nombre de jeunes « NEET » (ni dans l’emploi, ni dans l’éducation, ni dans la formation) dans la seule Union européenne.

Le travail de jeunesse peut jouer un rôle important dans la lutte contre le chômage des jeunes. Les programmes et activités d’éducation non formelle, notamment ceux mis en oeuvre dans le cadre des organisations de jeunesse et des centres de jeunes, peuvent aider les jeunes à acquérir les compétences nécessaires pour décrocher un emploi intéressant. Ces programmes et activités ont d’ailleurs fait la preuve de leur efficacité pour les jeunes qui y ont participé. D’autres organisations soutiennent l’entreprenariat des jeunes et certaines financent même de petits projets pour aider les jeunes à construire leur propre avenir par l’auto-emploi.

La European Confederation of Young Entrepreneurs a pour ambition d’améliorer la performance économique et sociale des jeunes entrepreneurs en Europe.(www.yes.be

L’emploi fait partie des champs d’action prioritaires du Forum européen de la jeunesse, qui effectue l’analyse de situations en matière d’emploi, met en place des partenariats stratégiques et formule des exigences politiques pour aider les jeunes sur le marché du travail.
Selon le Forum européen de la jeunesse, l’amélioration de l’intégration des jeunes sur le marché du travail doit être perçue comme une responsabilité collective qui requiert l’engagement égal de tous les acteurs, et notamment les pouvoirs publics, les partenaires sociaux et les organisations de jeunesse.12

Le travail des enfants

Selon l’OIT, « le concept “travail des enfants” regroupe l’ensemble des activités qui privent les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et nuisent à leur scolarité, santé, développement physique et mental.
Il fait référence à des travaux :

  • en les privant de toute scolarisation ;
  • en les contraignant à abandonner prématurément l’école ;
  • en les obligeant à accumuler des activités scolaires et professionnelles excessivement longues et trop pénibles pour eux. »13

En 2010, l’OIT estimait que 215 millions d’enfants dans le monde étaient concernés par le travail des enfants. Le travail des enfants est inacceptable pour plusieurs raisons. Premièrement, il met à contribution des enfants trop jeunes qui devraient être à l’école. Deuxièmement, même lorsque les enfants peuvent légalement travailler parce qu’ils répondent au critère d’âge minimum, le travail qu’ils effectuent ne convient pas à des personnes de moins de 18 ans. Troisièmement, les enfants sont souvent soumis aux pires formes de travail des enfants, comme l’esclavage, la prostitution, l’engagement dans des conflits armés ainsi que d’autres formes de travail nuisibles à leur santé, leur sécurité et leur moralité.14

Question: Quelles sont les formes de travail que font les enfants dans votre communauté ?

L’Organisation internationale du travail oeuvre depuis longtemps à l’éradication du travail des enfants et, à cette fin, est à l’origine de plusieurs recommandations et conventions. Deux conventions majeures traitent spécifiquement du travail des enfants :
La Convention sur les pires formes de travail des enfants (1999) est entrée en vigueur en 2000. En juin 2010, 172 pays l’avaient ratifiée. La Convention définit ainsi les pires formes de travail des enfants :

  • toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues, telles que la vente et la traite des enfants, la servitude pour dettes et le servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés ;
  • l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques ;
  • l’utilisation, le recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites, notamment pour la production et le trafic de stupéfiants ;
  • les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant (« travaux dangereux »).15

La Convention de l’OIT sur l’âge minimum (1973) insiste sur l’engagement des Etats « à poursuivre une politique nationale visant à assurer l’abolition effective du travail des enfants et à élever progressivement l’âge minimum d’admission à l’emploi ou au travail à un niveau permettant aux adolescents d’atteindre le plus complet développement physique et mental ».

Les syndicats, au service des travailleurs

Personne n’arrive grâce à son seul talent. Dieu donne le talent, le travail le transforme en génie.
Anna Pavlova

Les syndicats sont des associations d’employés (il existe également des associations d’employeurs) dont le principal objectif est de représenter les intérêts des employés auprès des employeurs. Le droit de former et de faire partie d’un syndicat, ainsi que le droit de négocier collectivement, sont des droits de l’homme largement reconnus.

L’histoire des syndicats remonte au 18e siècle, lorsque la révolution industrielle a poussé quantité de femmes, d’enfants, de travailleurs ruraux et d’immigrants à intégrer la main-d’oeuvre en masse pour occuper de nouveaux emplois. Incontestablement, la situation des travailleurs en termes de droits s’est améliorée tout au long de cette histoire, même si ce fut de manière très progressive, et les syndicats ont joué un rôle crucial dans ce processus.

La fête du travail : 1er mai

Le 1er mai commémore la lutte historique des travailleurs qui, dans le monde entier, se sont battus pour obtenir une journée de travail de huit heures à une époque où ils étaient contraints de travailler entre 10 et 14 heures par jour. Les premiers jours du mois de mai 1886 furent marqués par des grèves et des manifestations dans l’ensemble des Etats-Unis.
Le 1er mai est rapidement devenu une manifestation annuelle. Dans de plus en plus de pays, les travailleurs le célèbrent. Le 1er mai a été fêté pour la première fois en Russie, au Brésil et en Irlande en 1891.

Le rôle des syndicats était et est toujours très varié en Europe. Dans certains pays à régime totalitaire, les syndicats étaient créés ou pris en main par le pouvoir en place et l’élite politique qui en firent un instrument d’oppression. Etant donné cette réalité historique, nombreux sont ceux qui restent sceptiques quant au rôle des syndicats, et ce n’est que récemment que les travailleurs des pays concernés ont commencé à reconnaître le rôle positif des syndicats en matière de protection de leurs droits. Dans ce domaine, on peut encore noter d’autres différences sur l’ensemble du continent européen, notamment en ce qui concerne la fonction et l’organisation spécifiques des syndicats. Dans la plupart des Etats membres de l’Union européenne, les syndicats sont regroupés en confédérations.

Solidarité

Solidarność (Solidarité) est un mouvement d’union nationale qui a déferlé sur la Pologne dans les années 80. Le mouvement a été initié le 14 décembre 1970 par les ouvriers des chantiers navals polonais qui décidèrent de manifester et entamèrent une marche vers les bas quartiers de Gdansk. Cette manifestation fut violemment réprimée par la police. Par la suite, les nombreuses grèves de l’été 1980 devaient montrer que le mouvement « Solidarité » était devenu une force de changement social et démocratique. Il compta bientôt plus de 9 millions de membres. Puis son interdiction attesta de manière flagrante de la volonté répressive du régime communiste ; dès lors, le mouvement « Solidarité » fut contraint d’oeuvrer dans la clandestinité pendant plusieurs années.

La solidarité des travailleurs internationaux pour les droits de l’homme

Je veux que vous sachiez que nous sommes à vos côtés comme vous l’avez été. Je veux que vous sachiez qu’aucun pouvoir ne peut lutter contre la volonté du peuple lorsqu’il croit en ses droits, lorsqu’il fait entendre sa voix haut et fort et se bat contre l’exploitation.
Kamal Abbas, coordinateur général du Independent Egyptian Centre for Trade Unions and Workers Services (Centrale syndicale des travailleurs égyptiens) dans un message de solidarité aux travailleurs américains ; 20 février 2011.

Outre leur rôle dans la lutte pour de meilleures conditions de travail, les syndicats ont eu et ont toujours un rôle déterminant dans la formation des mouvements sociaux et une influence sur les changements sociaux.
En 1963, alors que le régime de l’apartheid était encore au pouvoir, les dockers danois ont refusé de décharger un navire venu d’Afrique du Sud. Cette action a été suivie par des syndicalistes en Suède, à San Francisco et à Liverpool qui, en solidarité pour les opprimés, ont également refusé de décharger des marchandises en provenance d’Afrique du Sud.
En 2009, des dockers Sud-Africains ont annoncé leur décision de ne pas décharger un navire en provenance d’Israël.16 Cette action a été suivie par le syndicat des dockers suédois17qui a décidé de bloquer durant neuf jours tous les navires israéliens en provenance et en direction d’Israël pour protester contre les attaques d’Israël contre la « flottille de la liberté » et le blocus de la bande de Gaza occupée.

Intimidation et persécution des syndicats

Dans son rapport annuel, la Confédération syndicale internationale (CSI) a fait état de 101 syndicalistes tués en 2009, en majorité en Amérique latine. Outre ces assassinats, des milliers de travailleuses et de travailleurs, manifestant pour réclamer leurs salaires, dénoncer de piètres conditions de travail ou protester contre les mesures insuffisantes prises pour gérer les effets néfastes de la crise financière et économique mondiale, ont été victimes d’agressions, d’arrestations et de détentions.18

Travailler vous apprend à travailler.
Proverbe estonien

Selon la CSI, en Europe, et en dépit de l’existence de lois qui protègent les syndicats, les syndicalistes sont toujours confrontés aux tactiques oppressives des employeurs, et notamment les transferts, les réductions de salaires, les licenciements, le harcèlement et la manipulation.19

Question: Est-il dangereux d’adhérer à un syndicat dans votre pays ?

Une entreprise pratique la discrimination à l’encontre des syndicalistes

La CSI rapporte qu’en 2009, les travailleurs de la société de services Nestlé WaterCoolers à Domodedovo, Moscou, ont constitué un syndicat en vue de traiter le problème de l’érosion des salaires et de la détérioration des conditions de travail. La direction a immédiatement lancé une campagne antisyndicale : tout d’abord, la distribution des charges de travail est devenue discriminatoire, de manière à ce que les membres du syndicat soient incapables de finir les tâches qui leur étaient confiées pendant les heures normales de travail, ou de remplir leurs quotas.20

Les jeunes et le syndicalisme

Vous pouvez adhérer à la Confédération syndicale internationale (CSI) ou à la Confédération européenne des syndicats (CES) sur Facebook, ou les suivre sur Twitter@ituc and @etuc

Les syndicats font aujourd’hui de gros efforts pour augmenter leurs effectifs parmi les jeunes. Beaucoup ont entrepris de développer un programme de travail qui tienne compte des besoins et des réalités des jeunes travailleurs et mette en place des structures appropriées à leur active participation. L’engagement des jeunes dans le mouvement syndicaliste est en effet essentiel pour traiter les questions liées au chômage des jeunes.
La commission jeunesse de la Confédération européenne des syndicats représente les jeunes travailleurs au sein de la confédération. Elle milite pour l’intégration de la perspective des jeunes dans les différentes politiques et prend position sur les problèmes qui touchent les jeunes au travail. Grâce à des activités éducatives non formelles, comme des sessions d’études, des conférences, des séminaires et des campagnes, elle agit pour soutenir les droits de l’homme des jeunes travailleurs en Europe.

« Opération Ville »

En 2009, de jeunes militants syndicaux finlandais ont décidé d’attirer l’attention sur le problème du chômage des jeunes en utilisant les réseaux sociaux sur internet. Ils ont alors choisi le cas de Ville Karhu, un jeune de 26 ans qui cherchait du travail depuis quatre mois.
Quelques jours avant le lancement de l’opération, la page Facebook intitulée « Opération Ville » comptait déjà plusieurs centaines de membres, venus avec des idées et des propositions. Le jour de l’opération, les militants ont constitué des patrouilles qui ont entrepris de sillonner les rues en quête d’un emploi pour Ville. Le ministre finlandais du Travail s’est même manifesté pour leur souhaiter bonne chance. De plus, une célèbre station de radio destinée aux jeunes s’est emparée de l’histoire et a diffusé les progrès de l’opération heure par heure. Celle-ci a fait un tabac : à la fin de la journée, Ville avait trouvé un emploi.21

Notes

1 Constitution de l’OIT, article 3.. 
2  Toutes les conventions de l’OIT sont consultables à l’adresse : http://www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=1000:12000:0::NO
3 Comité des droits économiques, sociaux et culturels, Observation générale n° 18, paragraphe 6.
4 HCDH, http://www.ohchr.org/Documents/Issues/EPoverty/HumanRightsApproachToSocialProtection.pdf.
5 HCDH, http://www.ohchr.org/Documents/Issues/EPoverty/HumanRightsApproachToSocialProtection.pdf.
6 https://wcd.coe.int/wcd/ViewDoc.jsp?id=1653863&Site=CM
7 http://www.civitas.org.uk/eufacts/FSSOC/CIT4.htm
8 Forum européen de la jeunesse, 0076-09, Opinion Paper on Internships.
9 http://www.ifri.org/files/Economie/Elargissement_Veugelers.pdf
10 Forum européen de la jeunesse, 2011, Interns Revealed, p. 35 - http://issuu.com/yomag/docs/yfj_internsrevealed_web 
11 The Telegraph, June 9, 2011, http://www.telegraph.co.uk/finance/jobs/8564500/Interactive-graphic-Youth-unemployment-in-Europe.html 
12 Forum européen de la jeunesse, 2008, Policy Paper on Youth Employment, p. 17.
13 http://www.ilo.org/ipec/facts/lang--en/index.htm
14 Site internet de l’OIT, http://www.ilo.org/global/What_we_do/Publications/lang--en/docName--WCMS_126685/index.htm
15 Convention de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants.
16 http://www.labournet.net/world/0902/cosatu1.html
17 http://ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com/2010/06/03/the-swedish-dockers...
18 http://www.ituc-csi.org/ituc-annual-survey.html
19 http://survey.ituc-csi.org/+-Europe-Global-+.html
20 http://survey.ituc-csi.org/+-Russian-Federation-+.html
21 CSI, Au travail pour un avenir meilleur : Guide de bonnes pratiques d’organisation des jeunes, p.5.