Depuis la propagation du virus et de l’infection à COVID-19, dans le monde entier, les pouvoirs publics de chaque État sont confrontés à une situation d’urgence de grande ampleur inédite pour la plupart des sociétés contemporaines.

Outre la menace immédiate que représente cette pandémie pour la santé, « l’avenir » laisse déjà entrevoir de nouveaux défis à relever pour notre acquis en matière de droits de l’homme et nos structures sociales, économiques et institutionnelles, dont les répercussions sont évidentes dans tous les domaines de notre réalité quotidienne commune. Sur le plan interculturel, plusieurs difficultés doivent être surmontées :

  • L’égalité est menacée par l’accroissement des inégalités sociales : les personnes, groupes et territoires qui étaient déjà vulnérables avant le Covid verront très probablement leur situation socioéconomique empirer. En outre, les citoyens n’ont pas tous accès à des informations claires, transparentes et intelligibles. Il est réaliste d’imaginer que la société sera plus fragmentée et plus cloisonnée, à moins que des stratégies à moyen et long terme soient mises en place dès à présent pour recenser et affronter les difficultés particulières des groupes et individus les plus vulnérables et que des processus d’élaboration de solutions auxquels participent les groupes cibles ne soient rapidement lancés. Ces solutions doivent être globales et durables du point de vue social, économique et environnemental. Quel rôle les dirigeants, les stratégies et les processus participatifs interculturels peuvent-ils jouer pour contribuer efficacement à surmonter les inégalités sociales ? Quel peut être le rôle des collectivités locales et de leurs territoires ? Quels processus convient-il de mettre en place et à quel moment ?
  • L’interaction constructive est menacée par la tentation de privilégier les solutions individuelles aux processus qui exigent des solutions collectives : une crise profonde risque de renforcer les stratégies individuelles d’autoprotection, et par voie de conséquence de séparer, de marginaliser et de cloisonner plus encore les individus et les groupes. Comment renforcer une vision commune, la coopération, le sentiment d’appartenance, les solutions collectives et la participation des citoyens pendant et après le confinement et la distanciation sociale ? Comment faire comprendre que les processus sont essentiels et que certaines politiques et solutions exigent du temps et des moyens pour produire leurs effets ? Comment réorganiser nos sociétés et élaborer un projet de véritable inclusion après le Covid ?
  • La diversité est menacée par la montée du racisme, l’augmentation des préjugés et des clichés et par la multiplication des pratiques discriminatoires. Au cours de ces derniers mois, divers pays ont été le théâtre de déclarations publiques hostiles à certaines nationalités et/ou d’un discours de haine, du recours au profilage racial pour maîtriser la quarantaine et le confinement, d’un risque accru d’actes discriminatoires commis par certains fonctionnaires de police, et d’un risque accru de violence sexiste ou homo-bi-transphobe pendant le confinement. Pourtant, le confinement a également engendré une profonde solidarité entre voisins, indépendamment de leur nationalité ou de leur permis de séjour, un soutien entre les générations, la mobilisation d’une jeunesse désireuse de participer à la solution, le renforcement des relations sociales grâce aux outils numériques, une créativité, la simplification des mécanismes administratifs et de leur bureaucratie et une profonde résilience des êtres humains face aux situations extrêmes. Comment tirer parti de ces effets positifs et les pérenniser ? Comment renforcer les associations de quartier et la participation des citoyens dans un esprit de mixité et d’interaction interculturelles ? Comment rendre les appareils communaux et étatiques plus créatifs, plus souples et plus réactifs, et pas seulement en temps de crise ? Comment promouvoir davantage la solidarité interculturelle et le bénévolat ? Comment valoriser la contribution de chaque individu à nos sociétés ? Quel rôle les médias doivent-ils jouer dans la société de l’information ?
  • Les restrictions imposées aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales : les frontières étatiques ont été fermées pour endiguer la contagion, des restrictions de circulation ont été imposées et la collecte et l’exploitation des données à caractère personnel sont autorisées dans des proportions plus importantes que jamais. Bien que les situations exceptionnelles appellent la prise de mesures exceptionnelles, il est tout aussi important de veiller à ce que la démocratie et les droits de l’homme, la solidarité et la cohésion retrouvent le plus rapidement possible leur rôle prépondérant dans nos sociétés. Quels garde-fous et quelles garanties faut-il mettre en place ? Et comment renforcer les mécanismes de contrôle existants, y compris ceux du Conseil de l’Europe ?
Bonnes pratiques prometteuses