La fondation GSBTB (« Give Something Back to Berlin », rendre quelque chose à Berlin), parfait exemple d’initiative originale émanant de la société civile, combat activement les stéréotypes négatifs sur les réfugiés. Lancée en 2013, GSBTB vise à rapprocher les migrants plus « privilégiés », la population locale allemande et les migrants plus « vulnérables » tels que les réfugiés. Elle sert de catalyseur à divers projets et à des collaborations innovantes où les réfugiés jouent un rôle clé. La fondation compte désormais plus de 700 bénévoles originaires de plus de 50 pays qui interviennent dans plus de 60 projets sociaux à travers la ville. Les activités sont multiples – cours de langue et programmes de parrainage pour réfugiés, ateliers de danse, de musique et de créativité, centres pour sans-abris, programmes de tutorat pour les jeunes défavorisés, travail créatif pour les personnes âgées et pour les enfants.
À la différence d’autres initiatives, la fondation GSBTB considère les réfugiés non pas comme bénéficiaires de services d’information et d’assistance, mais comme des partenaires pouvant créer, seuls ou en groupe, leurs propres projets pour subvenir à leurs besoins et démarrer une nouvelle vie en Allemagne. Alex Assali, réfugié syrien arrivé à Berlin l’an dernier, a récemment fait la une des médias pour son action : rendre quelque chose au peuple allemand. Chaque samedi depuis le mois d’août dernier, Alex Assali installe un stand d’alimentation tout près de la gare Alexanderplatz, et sert des repas chauds aux sans-abris de Berlin. Il paie les ingrédients avec les 120 euros qu’il réussit à économiser chaque mois sur les 359 euros que lui verse le gouvernement allemand. Comme souvent, ce n’est qu’une fois devenue virale sur internet que l’histoire a été relayée par les médias traditionnels.
Le projet a commencé par un post spontané sur Facebook en 2012. La fondatrice de GSBTB, Annamaria Olsson, était venue de Suède à Berlin en 2008 pour étudier et devenir journaliste. Nouvelle dans le pays, elle a commencé de réfléchir sérieusement à l’intégration, se demandant comment les villes et les communautés « diverses » s’y prenaient, pouvaient et, peut-être, devaient s’y prendre. Sa propre expérience de migrante, la xénophobie grandissante en Europe, ainsi que les trop rares manières positives et modernes de traiter les différents types de migration, tous ces facteurs lui ont donné envie d’écrire un post sur Facebook pour aborder quelques-unes de ces questions en appelant les nouveaux arrivants à « participer ».
Ce post sur Facebook a fait boule de neige, ne tardant pas à se muer en véritable plateforme de projet – après, tout de même, une somme colossale de travail et de difficultés. Devenue l’aventure collective de beaucoup, GSBTB a grandi naturellement pour devenir une énorme communauté, tant en ligne que hors ligne.