Retour Afrikaanderplein

Une initiative locale pour revitaliser un espace public stigmatisé

Afrikaanderplein est un vaste espace à ciel ouvert au milieu de Feijenoord, quartier multiethnique situé au sud de Rotterdam. Ce parc, de la taille de plusieurs immeubles, se trouve au centre du quartier mais était tombé en désuétude et devenu un lieu livré à la délinquance et déserté. En réaction, plusieurs groupes d’usagers avaient créé leurs propres « territoires » défendus, ce qui avait favorisé un climat de tension permanente mêlé d’un sentiment d’abandon général. Des travaux de réhabilitation, moyennant un coût de 5 millions d’euros, se sont étalés sur une période de quatre ans, assez longtemps pour établir un réel processus de communication et de compréhension entre autorités, concepteurs, constructeurs et plus de 20 usagers et groupes d’intérêt. Aujourd’hui, un espace extrêmement flexible accueille un marché hebdomadaire, des activités sportives, des activités informelles de loisir, notamment barbecues et festivals culturels, sans oublier une zone de détente agrémentée d’eau. Un excellent éclairage rend le lieu agréable même le soir.

Parallèlement, des efforts judicieux ont été déployés pour gérer l’économie locale et faire en sorte que cet espace public contribue à améliorer le quartier, le rende plus autonome et moins tributaire des aides sociales ou des gains illicites. L’organisation Freehouse travaille avec des commerçants dans et autour du marché. Vous y trouvez des stands spécialisés dans la nourriture et les produits d’Afrique du Nord et de l’Ouest, de Turquie, du Surinam et des Antilles, de la Chine et de l’Indonésie, alors qu’auparavant, ces commerces subissaient la pression des supermarchés et d’une lourde réglementation. Freehouse aide les marchands à conserver leur spécificité mais les rend plus compétitifs en les connectant à toutes sortes de services créatifs, tandis que des artistes, des designers, des conseillers marketing ont apporté une foule d’idées. Freehouse a également épaulé bon nombre des boutiques qui vivotaient difficilement dans des rues adjacentes – telles la Wijk Winkel (boutique du quartier), où beaucoup de designers et d’artisans locaux peuvent exposer et vendre leur travail. Ce magasin, géré par une coopérative de femmes marocaines, vibre du ronflement des machines à coudre servant à fabriquer toutes sortes de produits.

L’agence locale M.E.S.T. avait créé un hôtel pop-up au dernier étage d’une rue commerçante, mais il restait désespérément vide. Dans le cadre d’une structure nommée Kus & Sloop, l’agence MEST a persuadé les propriétaires de lui louer ces espaces sur de brèves périodes ; à présent, le lieu est décoré dans un style minimaliste mais attrayant par les dames de Wijk Winkel.

Ces expériences montrent que l’espace public ne peut être considéré séparément des micro-économies et écologies qui l’entourent.

  • Diminuer la taille du texte
  • Augmenter la taille du texte
  • Imprimer la page