Une approche multidisciplinaire s’impose pour prévenir et combattre la corruption, or cette question a, en règle générale, été abordée comme neutre du point de vue du genre. 

Malgré le peu de recherches sur les liens entre la corruption et le genre, le sujet retient de plus en plus l’attention et l’accent est mis sur deux domaines. Le premier concerne les répercussions différenciées de la corruption sur les hommes et les femmes : les rapports de pouvoirs inégaux et l’accès inégal aux ressources entre les femmes et les hommes exposent davantage les femmes aux effets de la corruption. Certaines formes de corruption touchent aussi plus particulièrement les femmes, comme l’extorsion de faveurs sexuelles et la traite des êtres humains.

 

La deuxième question porte sur le lien entre le niveau de corruption et la participation des femmes dans la sphère publique. D’un côté la corruption, le clientélisme et l’inefficacité des pouvoirs publics entravent considérablement la participation des femmes à la vie publique, de l’autre, des recherches ont montré que dans les pays où les femmes participent davantage à la vie publique, le niveau de corruption est plus bas. La participation de nouvelles personnes à la prise de décision (qui bousculent les habitudes), la démocratisation et l’amélioration de la gouvernance, qui ont tous un lien avec la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes à la prise de décision, sont des facteurs déterminants dans la réduction de la corruption.

 

L’approche intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes et la corruption au Conseil de l’Europe

 

Depuis 2012, le Groupe d’États contre la corruption (GRECO) se penche sur la dimension de genre de la corruption. Il a organisé des évènements sur ce sujet en 2013 et en 2015. La typologie des déséquilibres entre les femmes et les hommes au sein des parlements et des systèmes judiciaires et les conséquences de cette situation pour la transparence, la responsabilité et l’ouverture ainsi que la propension à la corruption ont été examinées dans le cadre du 4e cycle d’évaluation du GRECO. Dans le cadre du 5e cycle d’évaluation du respect de ces normes, les efforts mis en œuvre seront étendus à l’identification des inégalités entre les femmes et les hommes qui pourraient conduire à la mise en place de réseaux informels et de processus décisionnels non transparents ou en découler. Le Comité d’expert-e-s sur l’évaluation des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme (MONEYVAL) commence aussi à examiner les questions d’égalité entre les hommes et les femmes. En 2017, le Comité européen pour les problèmes criminels (CDPC) a élaboré une note de synthèse sur la dimension de genre dans la contrefaçon de produits médicaux.

 

Voir également les sections thématiques anti-terrorisme et justice.