Créé en 2012, le réseau portugais des cités interculturelles s’est toujours attaché aux questions portant sur les besoins spécifiques des migrants et aux différents défis auxquels ils sont confrontés dans l'économie et la société portugaises.

De toute évidence, cet objectif ne peut être isolé de l’évolution récente du Portugal, à savoir, le fait que, pendant les années 1990, il est devenu un pays d'immigration, accueillant un grand nombre de migrants à la recherche d' un emploi et de meilleures conditions de vie. Ceci a remodelé le paysage socioculturel portugais, tout en ayant de profonds impacts positifs pour l'économie. Toutefois, en particulier à cause de l'austérité généralisée et de la grave récession économique de ces dernières années, le profil portugais a changé, la migration a cessé et le niveau d'émigration est monté en flèche. En 2011, pour la première fois depuis 1992, les chiffres nets de la migration étaient négatifs.

Fin 2015, le Portugal a accueilli 24 réfugiés. En 2016, le gouvernement a annoncé que le pays était prêt à en accueillir environ 5 000, soit près de 3% des 160 000 réfugiés que l'UE est en mesure d'accepter dans le cadre de sa politique de relocalisation. À l'heure actuelle, le Portugal n'a accueilli que 211 réfugiés. Néanmoins, cette question semble avoir eu un impact social plutôt disproportionné, sans doute en raison d'une incapacité institutionnelle à déconstruire et à lutter contre la diffusion rapide de vues partiales et de préjugés sur les réfugiés et leur rôle dans la société et l'économie portugaises.

Réalisant les risques et les défis potentiels posés par cette situation complexe et très active, le réseau portugais des Cités interculturelles a décidé en janvier 2015  de s’attaquer directement à cette question, en gardant à l'esprit qu'il doit prendre en compte à la fois l'impact structurel des migrants ainsi qu’un éventuel impact plus limité des réfugiés. Par conséquent, en bénéficiant de l'expérience antérieure d’Amadora et de Loures dans le cadre du projet C4i, de l'engagement fort de toutes les villes du réseau, ainsi que de la connaissance approfondie et de l'expertise de Dani de Torres, coordinateur du réseau espagnol des Cités interculturelles, le Portugal a lancé l'élaboration d'une stratégie anti-rumeur visant à lutter contre les préjugés, les pratiques et les discours discriminatoires auxquels sont confrontés les migrants et les réfugiés dans leur vie quotidienne. Le réseau portugais des cités interculturelles, actuellement constitué de 11 villes, est heureux d'amorcer le développement et la mise en œuvre de la stratégie mentionnée ci-dessus, et s’est engagé à réduire les impacts négatifs des rumeurs tout en soulignant les avantages multiples de la diversité (économiques, politiques, culturels, etc.).

André Carmo
Coordinateur du réseau portugais des Cités interculturelles

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