Le « Mécanisme national d'orientation » (MNO), permettant de mieux identifier et accompagner les victimes de la traite, a été lancé le 15 décembre par l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes (INLCTP) en Tunisie, avec le soutien de l’Union européenne et du Conseil de l'Europe. Il s’agit du premier dispositif de ce genre au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (région MENA).
C'est le résultat d'un travail de trois ans effectués par l’INLCTP avec le soutien de partenaires tels que le Conseil de l'Europe et l'Union européenne. Il convient ici de souligner que la mise en place de cette initiative a bénéficié du support technique et financier du « Projet d’Appui aux Instances Indépendantes en Tunisie » (PAII-T), porté conjointement par l’Union européenne et le Conseil de l’Europe.
Le MNO est un mécanisme qui utilise une approche basée sur les droits de l’Homme pour une meilleure détection et identification des victimes de la traite, ainsi qu’une orientation vers les services adéquats et une protection adaptée à leurs besoins. La mise en place du MNO constitue l’une des recommandations clés de la Convention du Conseil de l'Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains.
Cette plateforme de coopération multisectorielle permet à toutes les institutions compétentes de mieux protéger les droits fondamentaux des victimes, prenant en compte des besoins spécifiques des femmes et des enfants.
Il s’adresse à tous les professionnels qui interviennent, directement ou indirectement, auprès des victimes de la traite, notamment les agents relevant des organismes gouvernementaux et autres institutions publiques, les membres des organisations de la société civile telles que les associations, les organisations internationales ainsi que les intervenants dans les médias.
Ce mécanisme a été lancé lors d’une conférence régionale les 15 et 16 décembre à Tunis, en présence de Mme Raoudha Laabidi, présidente de l’Instance nationale de lutte contre la traite des personnes, Mme Pilar Morales, Cheffe du bureau du Conseil de l’Europe en Tunisie, ainsi que des représentant-e-s de l’Union Européenne en Tunisie, des ministères, des instances indépendantes et gouvernementales, de la société civile, des organisations internationales de nombreux pays de la région, ainsi que des experts et professionnels du droit.
Ce mécanisme se compose d’un ensemble d’outils qui sont disponibles en arabe et en français :
- un Mécanisme national d’orientation des victimes de la traite des personnes (MNO),
- un passeport et cartes des droits des victimes de la traite des personnes,
- une liste des indicateurs spécifiques et généraux relatifs à la détection des victimes,
- un kit de l’entretien des victimes de la traite (avec la liste des questions-type),
- un guide pour l’accompagnement et la réinsertion (avec la brochure sur les défis de l'assistance aux victimes),
- auxquels s’ajoute un site web www.mno.tn regroupant le tout avec une cartographie interactive des intervenants et des structures.
La mise en œuvre de ce mécanisme constitue une étape clé dans la lutte contre toutes les formes de traite des êtres humains. Il est important de noter qu'en 2020 (selon le dernier Rapport annuel de l'INLCTP), la Tunisie a enregistré 907 victimes de la traite sur son territoire, dont 52% d'enfants et 63,7% de femmes. Ce nombre comprend également 40,4% de victimes étrangères, le pays étant situé sur l'une des routes migratoires traversant la Méditerranée. Le MNO tunisien est une avancée importante qui favorisera la coopération entre les pays de la région et au-delà dans la lutte contre la traite des personnes.
La conférence de lancement a bénéficié du soutien du programme conjoint entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe : « Soutien régional à la consolidation des droits de l'homme, de l'État de droit et de la démocratie dans le sud de la Méditerranée » (Programme Sud IV), ainsi que d’une contribution volontaire de la Suisse et de la Norvège.