Santé et bien-être

Santé et bien-être : aperçu

Le thème de la santé et du bien-être soulève de nombreuses questions. Entre autres, quand et comment utilisons-nous les technologies ? Quel est l’impact des informations détournées ou non vérifiées ? Comment les technologies modifient-elles les échanges quotidiens au sein de la famille et entre citoyens ? Pour mieux comprendre l’influence des technologies numériques sur la capacité des citoyens à participer, à apprendre et à créer de façon positive et responsable, nous avons classé les grands aspects de ce thème en trois catégories.

  • 1. Impact socio-émotionnel de la modification des échanges humains.
  • 2. Aspects informationnels, relatifs à la collecte et au traitement de données.
  • 3. Aspects de santé, allant de l’ergonomie aux conseils « médicaux » qui circulent en ligne
     

Quel est l’impact des technologies sur les échanges humains ?

Les technologies en ligne ont considérablement modifié nos façons d’interagir. Tout en bombardant notre cerveau de sons et d’images, ces technologies rendent plus difficile la lecture « entre les lignes ». Les messages non verbaux (expression du visage, langage corporel...) sont essentiels à la communication car ils facilitent la compréhension et réduisent le risque de malentendu. Exception faite des outils de transmission de la voix (VoIP, comprenant des applications vidéo comme Skype ou WhatsApp),1 une bonne part des échanges d’aujourd’hui, en particulier entre adolescents, se réduit à des sonneries, des icônes et un langage abrégé.

Les émoticônes, par exemple, n’offrent qu’une palette limitée pour préciser le sens d’un message ou le type de communication, possibilités si importantes pour développer des compétences de citoyenneté numérique comme l’écoute, l’observation et l’empathie. Dans un monde sans nuance, une blague ou un malentendu peuvent très vite dégénérer en conflit, en violence et en harcèlement. À un autre niveau, lorsque les enfants ne peuvent saisir les nuances d’une situation, il leur est beaucoup plus difficile d’anticiper les conséquences de leurs propres actes. Favoriser le développement de l’analyse et de l’esprit critique devient d’autant plus crucial.
 

Risques d’une surdose d’informations pour la santé et le bien-être

Le régime saturé en sons et en images qui nous est servi aujourd’hui a aussi d’autres effets sur le bien-être des enfants et des jeunes, et notamment sur leur capacité à traiter les informations. Non seulement les sources d’informations sont souvent douteuses, mais les internautes sont constamment profilés par les moteurs de recherche, qui évacuent les informations « non conformes » à leur profil (voir la fiche d’information « Vie privée et sécurité »). De ce fait, les jeunes sont souvent privés des moyens d’étudier un sujet sous plusieurs angles et tombent rapidement dans les extrêmes, comme le montre la montée du discours de haine, de la radicalisation et de positions aussi excessives que mal informées.

Pour compliquer le tout, des chercheurs, en s’appuyant sur des IRM ont montré que même un usage modéré des technologies en ligne pouvait entraîner une hypertrophie de certaines parties du cerveau au détriment d’autres. Ils pointent un important sous-développement du lobe préfrontal, qui limiterait la capacité des jeunes à se représenter le résultat de leurs actions. Des enseignants de maternelle et des pédopsychologues alertent aussi sur l’impact considérable des technologies en ligne sur les phases de développement des très jeunes enfants, avec, en particulier, une capacité de concentration réduite et un retard dans l’acquisition de certaines fonctions motrices.
 

Santé et ergonomie

Outre les effets sur la santé et le bien-être de phénomènes comme le harcèlement2, le discours de haine et la radicalisation, l’usage excessif des technologies peut entraîner une série de problèmes physiques, allant d’une mauvaise posture ou du manque d’exercice à une perturbation de l’équilibre au quotidien. Ces problèmes sont encore aggravés par les informations « santé », souvent trompeuses, qui pullulent en ligne et exigent un esprit critique affûté pour distinguer le vrai du faux. À notre époque de likes et de selfies, la mise en avant du corps et de la beauté peut rapidement pousser les jeunes à rechercher des conseils nutritionnels, ce qui peut accentuer des troubles alimentaires comme l’anorexie, ou à rejoindre des groupes de jeunes « comme eux » qui les font tomber dans des comportements à risque. Ces excès sont susceptibles de peser durablement sur leur vie sociale, professionnelle et affective, et donc sur leur rôle en tant que citoyens actifs.
 

1. Outils aussi appelés OTT, pour Over-the-top technologies (parce qu’ils contournent les canaux traditionnels).

2. W. E Copeland, D. Wolke, A. Angold et E. J. Costello présentent des conclusions sur les effets à long terme du harcèlement sur la santé, la richesse et la vie sociale dans «Adult Psychiatric Outcomes of Bullying and Being Bullied by Peers in Childhood and Adolescence (Bullying and Parasomnias: A Longitudinal Cohort Study)», JAMA Psychiatry 70 (4), pp. 419-426, 2013.

Comment ça marche ?

Concernant la santé et le bien-être en ligne, le tout est de trouver l’équilibre, ce qui mobilise tout l’éventail des compétences numériques : valeurs, attitudes, aptitudes, connaissance et compréhension critique. Les enfants développent cet équilibre en apprenant à écouter, à observer, à coopérer et à faire preuve d’empathie. Le bien-être repose en grande partie sur la façon dont les enfants se perçoivent à travers le regard des autres, et donc sur leurs interactions avec les autres.

Ce dernier quart de siècle, la société européenne semble avoir reconnu la santé et le bien-être comme des éléments essentiels de la citoyenneté numérique, et elle s’efforce d’ajuster les systèmes éducatifs en conséquence. Cela suppose d’envisager les apprenants sous l’angle social, physique, cognitif et psychologique au lieu d’évaluer simplement leurs performances. Cela suppose aussi de se concentrer à la fois sur l’individu et sur le groupe.

Avant tout, les nouvelles approches éducatives veulent aider les enfants à écouter, à poser des questions, à reconnaître les phénomènes sociaux et structurels, à renforcer leur empathie, à valoriser la diversité, etc. Dans la société d’aujourd’hui, l’expression bien connue Mens sana in corpore sano («Un esprit sain dans un corps sain»), (généralement attribuée au philosophe présocratique Thalès), revêt un sens nouveau à mesure que nous saisissons l’importance de contrebalancer nos vies en ligne, rivées à leurs supports, par un travail sur le bien-être social.

«Les 5 par jour du numérique» : en 2017, la Commissaire aux droits de l’enfant d’Angleterre a lancé la campagne «Digital 5 A Day» pour promouvoir la santé et le bien-être en ligne des enfants et des adolescents pendant les longues vacances d’été. Ces cinq étapes simples forment un bon point de départ que les familles et les enseignants peuvent adapter à leur propre contexte.

  • 1. Se connecter – avec sagesse, en sécurité, et pas seulement en ligne
  • 2. Être actifs
  • 3. Être créatifs
  • 4. Donner aux autres
  • 5. Agir en conscience.
     

Dimensions éducatives et citoyennes

La santé et le bien-être soutiennent le développement personnel tout au long de la vie. Comme le montre la pyramide des besoins de Maslow, adoptée par la plupart des éducateurs dans le monde, les enfants dont les besoins de base ne sont pas satisfaits seront incapables de se réaliser pleinement et de devenir des citoyens actifs, en ligne ou ailleurs. La santé et le bien-être sont à la fois les conditions et les conséquences de l’écoute, de l’observation, de la coopération et de l’empathie, compétences indispensables à des aptitudes cognitives plus complexes comme la résolution de problèmes et de conflits.

Ces aptitudes contribuent à leur tour à ce que la personne comprenne et pratique les droits fondamentaux, l’équité et l’ouverture à la diversité des cultures, des pratiques et des visions du monde, pierres angulaires de la justice et de la démocratie. Les citoyens ayant une vision du monde négative ou limitée, engendrée par un manque de bien-être, contribuent moins activement à la vie sociale.

Figure 12 – Santé et bien-être – Compétences clés de la citoyenneté numérique