La violence fondée sur le genre, et en particulier la violence à l’égard des femmes, demeure l’une des manifestations les plus fortes des rapports de pouvoir inégaux entre les femmes et les hommes.


L’auteur.e des violences en est la cause première ; en effet, il est très important de garder à l’esprit que la victime n’est jamais responsable des actes commis par son agresseur.euse.

Dans nos sociétés, la violence fondée sur le genre ne s’explique pas par un unique facteur. Une myriade de facteurs y contribue, et c’est l’interaction de tous ces facteurs qui en est à l’origine.
 

On peut ainsi identifier quatre types de facteurs

 Les facteurs culturels

Les conceptions patriarcales et sexistes confèrent une légitimation à la violence afin d’assurer la domination et la supériorité des hommes. Parmi les autres facteurs d’ordre culturel figurent : les stéréotypes et les préjugés fondés sur le genre, les attentes normatives à l’égard de la féminité et de la masculinité, la socialisation du genre, la perception de la famille comme une sphère privée placée sous l’autorité masculine, et une acceptation générale de la violence dans la sphère publique (par exemple, le harcèlement sexuel des femmes dans la rue), et/ou sa reconnaissance comme un moyen acceptable pour résoudre un conflit et s’affirmer.

Dans la tradition religieuse et historique, les châtiments corporels infligés aux femmes ont été approuvés en vertu du principe selon lequel l’homme avait droit d’autorité et de propriété sur la femme. Le concept de propriété, à son tour, légitime le contrôle de la sexualité des femmes qui, en vertu de nombreux codes juridiques, a été jugé essentiel pour assurer un héritage patrilinéaire.

Le concept de « l’honneur familial », en vigueur dans de nombreuses sociétés, intervient dans la sexualité des femmes. Dans ces sociétés, les normes traditionnelles autorisent de tuer des femmes soupçonnées de porter atteinte à l’honneur familial en se livrant à des rapports sexuels interdits ou en se mariant et en divorçant sans le consentement de la famille. Les normes relatives à la sexualité contribuent également à expliquer le nombre élevé de jeunes personnes LGBT+ sans abri, ainsi que la prévalence des crimes motivés par la haine à leur encontre, au motif qu’elles constituent une « menace » pour les normes sociales. Les mêmes normes régissant la sexualité peuvent contribuer à expliquer le viol collectif dont certaines femmes sont victimes.
 


Les facteurs juridiques

Dans de nombreuses sociétés, le fait d’être victime d’actes de violence fondée sur le genre est perçu comme une honte et un signe de faiblesse, et beaucoup femmes sont encore jugées coupables d’attirer la violence à leur égard par leur comportement. Cela explique en partie pourquoi le nombre de signalements et d’enquêtes tend à rester limité.

Jusqu’à récemment, dans certains pays, la loi établissait encore une distinction entre les espaces public et privé, ce qui rendait les femmes particulièrement vulnérables à la violence domestique.

La Convention d’Istanbul garantit le droit de chacun de vivre à l’abri de la violence, aussi bien dans la sphère publique que dans la sphère privée. Alors que la plupart des formes de violence fondée sur le genre sont criminalisées par la loi dans la plupart des pays européens, les pratiques des forces de l’ordre favorisent bien souvent les auteur.e.s. Cette situation contribue à expliquer le faible niveau de confiance dans les autorités publiques et le fait qu’une majorité de ces actes ne sont pas signalés.

La dépénalisation de l’homosexualité est encore très récente dans de nombreuses sociétés. Dans de nombreux États, des progrès ont été réalisés grâce à l’adoption du mariage pour tous. Mais de telles avancées ont parfois eu des répercussions négatives, par exemple en renforçant l’opinion de certain.e.s selon laquelle la famille traditionnelle repose sur l’union entre un homme et une femme, ou en amenant quelques pays à adopter des lois qui interdisent la « propagande homosexuelle ».
 


Les facteurs économiques

Le manque de ressources économiques place généralement les femmes et les personnes LGBT+ en situation de grande vulnérabilité à la violence. Dans cette situation s’installent des schémas de violence et de pauvreté, qui se perpétuent et réduisent fortement pour les victimes la possibilité de s’en sortir. Lorsque le chômage et la pauvreté touchent les hommes, certains peuvent être tentés d’affirmer leur masculinité par des actes de violence.
 


Les facteurs politiques

Compte tenu de leur sous-représentation au pouvoir et en politique, les femmes et les personnes LGBT+ ont moins de possibilités d’orienter le débat et d’influer sur les changements politiques, ou de favoriser des mesures pour combattre la violence fondée sur le genre et soutenir l’égalité. Dans certains contextes, l’importance de la violence fondée sur le genre est sous-estimée et la violence
familiale ne bénéficie pas non plus de suffisamment de ressources et d’attention. Les mouvements des femmes et des personnes LGBT+ ont soulevé des questions et sensibilisé le public aux normes traditionnelles en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, dénonçant certains aspects de l’inégalité. Pour certain.e.s, cette menace au statu quo a été utilisée pour justifier des violences.