Complexité : Niveau 2


Durée : 60 à 90 minutes


Taille du groupe : 8 à 20


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« Me coller une étiquette, c’est me nier ! »
Søren Kierkegaard

Objectifs

• Découvrir comment le processus de socialisation amène les individus à considérer certaines caractéristiques comme étant « féminines » et d’autres, « masculines »
• Comprendre pourquoi la société juge certaines caractéristiques positives ou souhaitables, et d’autres négatives ou indésirables
• Comprendre comment l’approche binaire largement dominante affecte les personnes qui ne se retrouvent pas dans cette catégorisation

Matériels

• Deux jeux de cartes avec des adjectifs (voir « Préparation » et « À distribuer ») 
• Instructions pour chacun des groupes
• Deux enveloppes et des feuilles de papier A3

Préparation

• Faites deux copies du jeu de cartes (voir à la fin de l’activité). Découpez les cartes et mélangez-les (en gardant chaque jeu séparé). Placez un jeu de cartes (20 cartes) dans chacune des enveloppes. 
• Préparez une feuille de papier A3 pour le groupe A : divisez-la en deux colonnes, l’une intitulée « Féminin » et l’autre « Masculin ». 
• Préparez pour le groupe B une autre feuille de papier divisée en deux colonnes, chacune surmontée d’un titre, respectivement : « Positif/ souhaitable » et « Négatif/indésirable ».

Instructions

1) Expliquez que cette activité a pour but d’explorer comment fonctionnent les stéréotypes liés au genre dans la société. Formez deux groupes avec un nombre égal de participants (groupe A et groupe B). Demandez aux participants de s’asseoir en groupe, dans deux coins opposés de la salle. Donnez à chaque groupe une enveloppe avec un jeu de cartes, une feuille de papier A3 et une feuille de travail présentant les instructions appropriées. 

2) Demandez aux participants de lire les instructions sur leur feuille de travail et de faire l’exercice aussi vite que possible. Ils doivent disposer chaque carte dans la colonne appropriée de leur feuille : les membres du groupe A, selon qu’ils estiment que la caractéristique concernée est « masculine » ou « féminine » ; les membres du groupe B, selon que la société tend à considérer la caractéristique comme « positive/souhaitable » ou « négative/indésirable ». Accordez aux groupes 10 à 15 minutes pour accomplir la tâche en suivant les instructions.

3) Rassemblez ensuite tout le groupe. Divisez une feuille de tableau en deux colonnes et écrivez « Féminin » en haut de l’une et « Masculin » en haut de l’autre. Demandez au groupe A d’énumérer les caractéristiques qu’il a placées dans la colonne « Féminin » puis, pour chacune, demandez au groupe B s’il l’a placée dans la colonne « Positif/souhaitable » ou « Négatif/ indésirable ». Inscrivez cette information à côté de chacune au moyen d’un signe plus (+) ou moins (-). Répétez la procédure pour la colonne « Masculin ».

4) Lorsque le groupe A aura dressé la liste de toutes les caractéristiques, poursuivez avec le débriefing et l’évaluation. 

Débriefing et évaluation

Posez aux participants quelques-unes des questions ci-dessous :

• Comment vous êtes-vous sentis pendant l’activité ? En regardant le tableau, que pensez-vous de ce que vous voyez ?
• Les résultats vous surprennent-ils ? Expliquez pourquoi.
• Dans quelle colonne – « Féminin » ou « Masculin » - y a-t-il plus de signes négatifs (-) à côté des caractéristiques ? Qu’est-ce que cela vous indique ?
• Pourquoi certaines caractéristiques (féminines ou masculines) sont-elles moins désirables ? Comment cela s’explique-t-il, selon vous ?
• Considérez-vous cette répartition des caractéristiques « masculines » et « féminines » comme une classification exacte, qui serait valable à toutes les époques et en tous lieux ?
• Comment apprenons-nous les stéréotypes liés au genre ?
• Selon vous, comment les stéréotypes de genre influencent-ils notre comportement et comment influencent-ils la façon dont nous traitons ou jugeons les autres ?
• Quelles sont certaines des conséquences des stéréotypes liés au genre pour les femmes, pour les hommes et pour les personnes non binaires ? Pouvez-vous donner des exemples tirés de la vie réelle ?
• En quoi les stéréotypes de genre sont-ils liés à la discrimination, à la violence et au discours de haine ? Pouvez-vous citer des exemples de discrimination, de violence ou de discours de haine fondés sur le genre ? Quel est l’impact de ces phénomènes sur l’égalité entre les femmes et les hommes et la jouissance des droits fondamentaux ?
• Que peut-on faire pour éviter les stéréotypes liés au genre ? Que peut-on faire pour éviter les conséquences négatives des stéréotypes ?

Conseils pour l’animation

Pour introduire la conclusion du débriefing, vous pouvez signaler aux participants que la recherche montre que les enfants, dès 5-6 ans, développent des stéréotypes concernant les genres.

Lors du débriefing, vous pouvez aussi indiquer que les groupes possédant des caractéristiques « indésirables » sont généralement jugés comme de valeur inférieure et jouissent d’une moindre considération dans la société. Autrement dit, ils sont plus souvent en butte aux préjugés et aux violences verbales ou physiques. Vous pouvez proposer aux participants d’identifier les groupes concernés dans leur environnement local et leur demander comment, à leur avis, ces groupes pourraient surmonter les préjugés. Essayez d’établir un lien avec les droits humains et demandez au groupe d’identifier les questions de droits humains que soulève la violence fondée sur le genre. 

Suggestions de suivi

Si les participants sont intéressés par le sujet, ils pourraient souhaiter sensibiliser aux stéréotypes de genre et à la violence fondée sur le genre, et préparer des lignes directrices pour leur école ou club de jeunes. Pour cela, vous pourriez vous servir de l’activité « Pas de violence ici ! ». 

Idées d'action

Aidez les participants à mener un projet de recherche sur les stéréotypes au quotidien. Si les membres de votre groupe vont à l’école, discutez de la façon dont ils pourraient observer les stéréotypes et collecter des informations dans leur établissement sur une période de temps donnée. Sur la base des résultats, les participants pourraient proposer aux autorités éducatives des recommandations sur la lutte contre les stéréotypes et participer à des activités scolaires pour sensibiliser leurs pairs. La même activité pourrait être envisagée au sein d’un club / d’une organisation de jeunes. 
 

Activité imaginée par Marietta Gargya, qui travaille à la ligne d’aide NANE pour les femmes et les enfants battus, Hongrie, sur la base d’une étude de Broverman, I., Vogel, S. R. Broverman, D.M., Clarkson, F.E. et Rosenkrantz, P.S. (1972). « Sex Role Stereotypes: A current appraisal ». Journal of Social Issues, 28. Blackwell. p. 59-78.