Le genre est présent dans tous les aspects de notre vie et touche tout le monde sans exception, y compris les hommes ! La violence fondée sur le genre est enracinée dans les inégalités entre les femmes et les hommes, qu’elle renforce, et ne peut être comprise en dehors des structures sociales, des normes liées au genre et des rôles qu’elle soutient, voire renforce.


La perspective patriarcale place les hommes au centre de la rationalité et de la normalité. Dans ces conditions, il n’est pas surprenant qu’il ait fallu un certain temps pour que la masculinité soit comprise comme un processus de construction de genre plutôt que simplement comme une façon de décrire les hommes. La notion de masculinité renvoie à la position des hommes dans l’ordre des genres. Comme l’expliquent Whitehead et Barett :

Les masculinités sont ces comportements, langages et pratiques qui existent dans des contextes culturels et organisationnels spécifiques, que l’on associe communément aux hommes et qui, partant, sont définis comme non féminins.65

Il n’existe pas d’attentes universelles concernant la masculinité : au sein des sociétés, il y a des codes dominants qui exercent des pressions sur les hommes et créent des attentes à leur égard, avec des conséquences pour les femmes, les enfants et la société dans son ensemble. La masculinité varie selon les époques, les contextes socioculturels et au sein des groupes et des réseaux ; et les hommes expriment leur masculinité de façons diverses et parfois contradictoires. Tout comme la masculinité se définit par sa relation avec la féminité, les femmes ont un rôle important à jouer dans l’interprétation et la compréhension de la masculinité, en particulier dans leur interaction avec les hommes et les garçons.

65 Whitehead, S.M., Barret, F.J., The Masculinities Reader, Polity Press, 2004

66 R.W. Connell, Masculinities, 2nd edition, University of California Press, Berkeley, 2005

67 Connell, ibid p. 76-81.

68 R.W. Connell, James Messerschmidt, Rethinking hegemonic masculinities, in GENDER & SOCIETY, Vol. 19 No. 6, décembre 2005, p. 829-859.

69 Nayak, Anoop; Kehily, Mary Jane, Gender, Youth and Culture: Young Masculinities and Femininities, 2ème édition, Palgrave Macmillan, Kindle Edition, 2013, p. 56

70 Sandy Ruxton, Nikki van der Gaag, Men’s involvement in gender equality – European perspectives, Gender and Development, 21:1, 2013, p. 161-175.

71 Ken Harland, Young Men Talking – Voices from Belfast (1997) YouthAction Northern Ireland and Working with Men Publications, London

72 Ken Harland, Sam McCready, Boys, young men and violence : masculinities, education and practice, Palgrave Macmillan, 2015, p. 134

73 Ibidem, p.171.

74 Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a jugé en 2004 que ce crime constituait un génocide. Le jugement a été confirmé en 2007 par la Cour internationale de Justice.

75 Adam Jones, Genocide. A Comprehensive Introduction, Routledge, 2006, p.328-329.

Les masculinités et le travail de jeunesse

Tout travail de jeunesse traitant de la violence fondée sur le genre doit aborder les concepts et les constructions de la masculinité et de la féminité, afin d’aider les jeunes à réfléchir de manière critique sur ces concepts, ainsi que sur leur propre relation au genre et leur façon de l’exprimer.

Traditionnellement, la lutte contre la discrimination s’est concentrée sur l’émancipation des filles et des femmes, et cela doit rester une priorité.

Pour autant, il est tout aussi nécessaire de travailler avec les garçons et les jeunes hommes : d’une part, pour les aider à explorer leur identité et à examiner leur compréhension de la masculinité et les pressions sociales qui pèsent ce concept et, d’autre part, pour les encourager à s’engager activement contre la violence fondée sur le genre et pour l’égalité entre les femmes et les hommes