Initiatives

Retour Réfugiés, migrants et ONG qui leur viennent en aide soumis à l’état d’urgence en Turquie

Communiqué d’Anna Rurka, Présidente de la Conférence des OING du Conseil de l’Europe
Réfugiés, migrants et ONG qui leur viennent en aide soumis à l’état d’urgence en Turquie

Dans son communiqué du 4 mai, la Conférence des OING dénonçait les effets négatifs de l’accord du 18 mars entre l’Union européenne et la Turquie sur le destin des réfugiés accueillis en Grèce et en Turquie. A la lumière des analyses juridiques, les OING de la Conférence ont ensuite souligné que la Turquie ne peut en aucun cas être considérée comme un pays tiers sûr pour toute procédure d’asile.

Le décret (“Kanun Hükmünde Kararname” KHK/667), adopté dans le cadre de l’état d’urgence déclaré en Turquie la semaine dernière, prévoit la fermeture de plus de 1000 associations et fondations, ce qui est une répression sans précédent qui aura des conséquences à long terme en Turquie. Tout comme les institutions démocratiques, la société civile organisée est un acteur indispensable au système démocratique. Alors que le Premier Ministre Binali Yildirim déclarait que ‘l’état d’urgence est imposé, non pas au peuple, mais à l’Etat lui-même’[1], pourquoi y a-t-il autant d’ONG et d’organisations de la société civile touchées ?

Les mesures disproportionnées prises dans le cadre de l’état d’urgence impactent la société civile, les écoles, les universités et les institutions médicales privées et menacent la sûreté des journalistes, des avocats, des juges et des défenseurs des droits de l’homme. Cette instabilité politique en Turquie aggrave la situation critique des réfugiés qui vivent dans les camps et essaient de gagner leur vie en‑dehors des camps.

La capacité des organisations de la société civile travaillant avec les réfugiés en Turquie de surveiller leurs conditions de vie et de leur fournir une assistance humanitaire, légale, administrative ou autre, est indispensable. Les ONG nationales, avec leurs réseaux locaux et leurs connaissances des cadres juridiques nationaux, peuvent travailler avec la population locale d’une façon que les ONG de l’étranger ne peuvent pas, d’où l’importance capitale de protéger les ONG nationales. L’insécurité des réfugiés et des ONG qui les aident devrait, aujourd’hui, être une préoccupation prioritaire

A l’heure où des Etats membres des Nations unies planifient une réunion à haut niveau et un Pacte mondial sur les réfugiés, l’Europe ne devrait pas faire l’erreur de renforcer des mesures qui mettent en danger les personnes déplacées. C’est pourquoi, en ma capacité de Présidente de la Conférence des OING, je lance cet appel à une prise de conscience. Je demande aux responsables politiques et à l’Union européenne elle-même, de réfléchir une nouvelle fois avant de passer à la mise en œuvre de l’Accord du 18 mars et au contraire, de se concentrer sur notre première obligation – assurer la protection des populations vulnérables et de ceux qui leur viennent en aide.

 

[1]   “Turkish lawmakers give leader Erdogan sweeping new powers” The Washington Post July 21 2016

Strasbourg 27 July 2016
  • Diminuer la taille du texte
  • Augmenter la taille du texte
  • Imprimer la page
discours