Retour Prendre le pouls : Prescrire l'égalité et un meilleur accès aux soins de santé pour les personnes LGBTI en Europe

Prendre le pouls : Prescrire l'égalité et un meilleur accès aux soins de santé pour les personnes LGBTI en Europe

Faisant un pas important vers l’égalité en matière de santé, l’unité SOGI du Conseil de l’Europe a orchestré, le 15 novembre 2023, une table ronde européenne consacrée à l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour les personnes LGBTI. Cet événement marque l'aboutissement d'efforts continus et témoigne d'un engagement ferme à lutter contre les inégalités de santé auxquelles font face les personnes LGBTI. Participants et experts ont examiné des défis variés et proposé des solutions, soulignant leur détermination à promouvoir un environnement de soins de santé inclusif et valorisant. Cette rencontre a également fourni une plateforme propice à des discussions approfondies et à des collaborations fructueuses.

Cette table ronde revêt une importance cruciale dans le cadre de l'examen annuel thématique effectué par le Conseil, basé sur la Recommandation CM/Rec (2010) 5 du Comité des Ministres aux États membres. Cet examen évalue l'état de l'accès aux soins de santé pour les personnes LGBTI, en scrutant les écarts entre la Recommandation et divers aspects des législations, politiques et pratiques nationales. Il met particulièrement l'accent sur des domaines présentant des défis spécifiques, tels que les soins de santé trans-spécifiques, les soins pour les personnes LGBTI âgées, la santé et les droits sexuels et reproductifs, ainsi que la santé mentale. Les enseignements tirés de cette étude, intégrant les résultats de la table ronde, contribueront de manière significative à la rédaction d'un rapport détaillé à l'échelle européenne, prévu pour 2024.

La table ronde européenne a focalisé ses débats sur des questions clés liées aux soins de santé pour les personnes LGBTI, soulignant particulièrement l'impact généralisé d'une formation insuffisante des professionnels de la santé. Ce déficit de formation a été identifié comme une cause profonde, engendrant des expériences pénibles, stigmatisantes et discriminatoires pour les patients LGBTI. L'ampleur des répercussions de ces expériences négatives sur le bien-être mental, social, et médical global des personnes LGBTI les place dans une situation de désavantage sanitaire par rapport à la population générale.

Les échanges ont mis en exergue le principe fondamental de l'accès aux soins de santé en tant que droit humain, soulignant l'impératif pour les États membres de garantir des soins opportuns, acceptables et abordables pour tous, indépendamment de l'orientation sexuelle, de l'identité ou de l'expression de genre, ainsi que des caractéristiques sexuelles. Un aspect poignant a été la reconnaissance de l'impact profond et durable des pratiques de santé discriminatoires sur les communautés LGBTI marginalisées, telles que les interventions médicales non consensuelles, en particulier pour les personnes intersexes, ou le manque d'éducation des patients, rendant impossible le consentement éclairé.

Le troisième point clé de la journée a souligné l'impératif de disposer de données désagrégées, reconnaissant la rareté des données disponibles sur les personnes LGBTI et leur importance pour la compréhension de la santé et des besoins en matière de soins de santé. Concernant spécifiquement les femmes, les personnes trans et intersexes, les participants ont souligné l'importance d'une collecte de données complète et désagrégée. Cet appel à l'action visait à combler les lacunes existantes en matière de données et à améliorer la compréhension des besoins et des défis de santé uniques auxquels sont confrontés différents segments du spectre diversifié LGBTI.

Les discussions ont également abordé le modèle de stress minoritaire, reconnaissant que les déterminants sociaux jouent un rôle important dans l'aggravation du fardeau de santé supporté par les personnes LGBTI. Ce cadre théorique a mis en lumière l'intersectionnalité des facteurs contribuant aux disparités en matière de santé, englobant les attitudes sociétales, la discrimination et le manque de protections juridiques.

Enfin, la table ronde a attiré l’attention sur les obstacles multiformes qui entravent l’accès aux soins de santé pour les personnes LGBTI, comprenant un manque d’expertise liée aux besoins de santé spécifiques aux LGBTI, un manque de formation parmi les professionnels de santé sur les questions de santé spécifiques aux LGBTI et la réticence des personnes LGBTI à demander une assistance médicale, souvent à la suite d’expériences négatives dans les établissements de soins.

L'identification de ces obstacles a mis en évidence la nécessité de changements systémiques, notamment de programmes de formation ciblés et de réformes politiques, pour favoriser un environnement de soins de santé inclusif et valorisant. La compréhension globale des inégalités croisées constitue la base de la promotion d’approches holistiques des soins de santé, qui abordent non seulement les aspects médicaux, mais également les déterminants sociaux plus larges qui influencent le bien-être des personnes LGBTI.

L'événement a été ouvert par Hallvard Gorseth, chef du département anti-discrimination, et parmi les intervenants figuraient Susanne Knöfl, chef de l'unité Non-discrimination: LGBTIQ, âge, questions horizontales, à la DG JUSTICE de la Commission européenne; Tatiana Puiu, vice-présidente du Comité européen des droits sociaux, Conseil de l'Europe; un message vidéo de Tlaleng Mofokeng, rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit qu'à toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible; et Graeme Reide, expert indépendant des Nations Unies sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Les représentants des organisations de la société civile LGBTI ont apporté des contributions cruciales, notamment celles des principaux réseaux d'ONG LGBTI en Europe, tels que EL*C, IGLYO, ILGA Europe, OII Europe, Rainbow Cities et TGEU, ainsi que des ONG nationales.

Les discussions ont servi de rappel puissant de l'état des droits des personnes LGBTI en Europe dans le domaine de la santé. Avec des normes garantissant l'équité et la non-discrimination dans l'accès aux soins de santé pour tous, ancrées dans la Recommandation du Conseil de l'Europe (CM/Rec(2010)5), la Convention européenne des droits de l'homme, la Charte sociale européenne et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels des Nations Unies, entre autres, des progrès ont été réalisés pour améliorer les soins de santé pour les personnes LGBTI. Des mesures telles que la suppression des identités transgenres des troubles mentaux dans la Classification internationale des maladies (CIM) de l'Organisation mondiale de la santé contribuent à ces progrès. De telles normes peuvent et doivent être exploitées pour garantir que les États membres assurent l'accès aux soins de santé, en plus du respect et du suivi. L'engagement et la dévotion à la lutte contre la discrimination basée sur l'orientation sexuelle, l'identité de genre et les caractéristiques sexuelles (SOGIESC) restent essentiels pour améliorer la situation actuelle et rectifier les inégalités.

Plus d'informations et présentations des intervenants

Regarder l'enregistrement de la table ronde européenne consacrée à l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour les personnes LGBTI, 15 novembre 2023:


1e partie


2e partie

Strasbourg 24 novembre 2023
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