Interview avec Svein Stølen, Recteur de l'Université d'Oslo
Svein Stølen est professeur de chimie et actuellement recteur de l'Université d'Oslo. Il est membre du conseil d'administration de l'hôpital universitaire d'Oslo, de la Guilde des universités européennes à forte intensité de recherche et a joué un rôle central dans la création de l'alliance « Circle U ». Stølen est président du conseil d'administration d'Oslo Science City - le premier district d'innovation de Norvège.
Pensez-vous qu'il y aura des changements dans votre université une fois la crise passée ? Si oui, pourriez-vous en souligner les plus importants, à votre avis ?
Nous nous battons pour la numérisation de l'Université depuis plusieurs années. La crise nous a bien sûr facilité la tâche, car nous avons maintenant les plateformes et les technologies nécessaires et les choses ont évolué très rapidement. C'est important car la Norvège est un pays à la périphérie de l'Europe. Géographiquement, c'est un pays long, donc c'est un soulagement de ne pas avoir à le traverser tout le temps. C'est non seulement mieux pour notre vie privée, mais aussi pour l'environnement et le climat. Je pense donc qu'il y a des avantages évidents qui seront importants pour l'université. J'aimerais néanmoins souligner que les rencontres en face à face entre étudiants et entre les étudiants et le personnel sont essentielles pour les universités. C'est pourquoi la numérisation n'est pas un but en soi, il s'agit d'utiliser davantage la technologie pour améliorer ce que nous faisons déjà.
Au-delà de votre propre établissement, comment pensez-vous que l'enseignement supérieur sera plus largement touché par la crise de COVID-19 et comment s'adaptera-t-il au monde post-COVID ?
Nous partageons notre expérience avec toutes les universités norvégiennes, européennes par le biais de nos initiatives universitaires européennes, de « Circle U » et de la Guilde des universités à forte intensité de recherche, ainsi qu’avec des universités africaines.
Je pense que ce partage d'expérience a été important. Nous devons nous concentrer sur le partage à l'avenir, car il existe une fracture numérique en Europe, à l'Est, au Nord, à l'Ouest, au Sud, au sein des pays, des villes et dans le monde entier. Nous devons réduire cette fracture numérique et cela pourrait être l'un des domaines essentiels de la coopération extérieure européenne à l'avenir.
Comment le Conseil de l'Europe pourrait-il aider à répondre à cette crise ?
Je pense que cultiver le rôle de la connaissance dans la société, cultiver le rôle de l'université dans la société est important dans le contexte post-COVID-19. Nous devons intensifier le travail dans ce domaine. L'université a une valeur énorme pour la société. Je pense également que la pression sur la liberté académique, sur la liberté d'expression, sur l'autonomie institutionnelle va se poursuivre. Pourtant, même dans cette situation, nous avons constaté à plusieurs reprises la valeur de la liberté académique et des institutions autonomes. Et je voudrais vraiment encourager vivement le Conseil de l'Europe à poursuivre ses efforts très énergiques pour travailler en faveur des institutions indépendantes et de la liberté académique.
