Interview avec Paula Benevene, Professeure associée en Psychologie du Travail et de l'Organisation à l'Université de LUMSA

Parmi les nombreux défis auxquels votre université a été confrontée dans la crise actuelle de COVID-19, lequel a été le plus difficile ?
Il était difficile de passer soudainement à l'enseignement en ligne, tout en maintenant l'intérêt des étudiants. Tout le personnel enseignant n'avait qu'une semaine pour commencer à enseigner en ligne et cela a demandé beaucoup d'efforts, non seulement parce que nous devions apprendre techniquement comment utiliser au mieux la plateforme en ligne, mais aussi parce que nous avions le défi d'apprendre comment rendre cette nouvelle façon d'enseigner efficace et intéressante. Avant la quarantaine due au Covid-19, nos étudiants participaient activement aux cours d'une manière impossible à reproduire en ligne. De nouvelles difficultés sont apparues en raison de l'interaction sociale réduite des élèves, qui les a laissés stressés, en particulier ceux qui ne vivaient pas avec leur famille. Nous avons mis en place un service de soutien psychologique pour les élèves, et en tant qu'enseignants, nous avons essayé de rester aussi proches que possible de nos élèves. Nous avons réalisé qu'il ne suffisait pas d'offrir de bons cours.
Quelles solutions innovantes avez-vous trouvées pour faire face à cette crise, que vous aimeriez partager avec d'autres universités ?
Comme mentionné précédemment, l'offre d'un service de soutien psychologique gratuit a été utile. Nous avons également essayé d'organiser des réunions informelles avec les étudiants, soit en groupe soit individuellement. Notre objectif était de leur offrir la possibilité d'exprimer leurs sentiments et de parler de leurs difficultés pendant cette période.
Nous avons organisé des moyens d'impliquer les étudiants dans des activités visant à aider d'autres personnes. Par exemple, un enseignant a développé avec certains élèves un jeu similaire à "Serpents et échelles", mais revisité à la lumièere des règles requises par le coronavirus. Il était destiné pricipalement aux enfants, pour leur enseigner et leur expliquer les règles de la quarantine. Il a connu un grand succès non seulement en Italie, mais aussi dans d'autres pays. Il a été traduit en espagnol, en anglais et en portugais.
C'était important pour les élèves, car ils ont vu qu'il était possible de faire quelque chose pour les autres, même dans les moments exceptionnels. C'était une façon d'enseigner la solidarité.
Pensez-vous qu'il y aura des changements dans votre université une fois la crise passée ? Si oui, pouvez-vous en souligner les plus importants à votre avis ?
Notre université va définitivement développer des activités d'enseignement plus innovantes, en adoptant la plateforme en ligne. Cela implique la formation du personnel enseignant. La période de quarantaine accélérera la numérisation des processus administratifs. D'un point de vue plus informel, le personnel enseignant réalise maintenant que nous devons prendre en considération les nouveaux besoins d'enseignement, et aussi que nous devons trouver des moyens de soutenir psychologiquement nos étudiants, pour maintenir leur moral.
Que pourrait offrir le Conseil de l'Europe en réponse à cette crise ?
L'épidémie a soudainement et radicalement changé la vie de tout le monde. Nous devons réfléchir à de nouvelles façons d'aborder l'économie et l'environnement, en adoptant une approche ascendante. Nous devons développer la solidarité entre les cultures et les pays. Tout d'abord, nous devons commencer par les enfants et les jeunes, car ils ont la responsabilité de notre monde futur. Le Conseil de l'Europe pourrait promouvoir la possibilité d'activités de petite envergure mais reproductibles impliquant les enfants et les jeunes, qui leur donnent l'occasion d'inventer et d'expérimenter de nouvelles façons d'exprimer leur solidarité, ainsi que de comprendre que nous partageons tous le même monde et que nous sommes tous responsables de la bonne utilisation de ses ressources. Les enfants et les jeunes peuvent être très créatifs, nous pouvons les impliquer dans la conception de moyens modestes mais utiles pour changer notre société de manière positive, parce que chacun d'entre nous peut faire une différence, par des comportements individuels.
Deuxièmement, nous devons repenser nos méthodes de travail et comprendre quels nouveaux emplois, quelles nouvelles compétences sont nécessaires pour faire face à l'ère post-coronavirus. Ainsi, le Conseil de l'Europe pourrait promouvoir des études et des pratiques et activités innovantes et reproductibles visant à favoriser de nouveaux emplois et de nouvelles compétences.
