Glossaire
Vous trouverez ci-dessous un glossaire des termes clés inclus dans le Cadre de référence des compétences pour une culture de la démocratie.
Le glossaire est également disponible dans le volume 1 du Cadre.
Adoption de perspectives multiples
L’adoption de perspectives multiples est un processus consistant à analyser et à présenter des situations, des événements, des pratiques, des documents, des représentations médiatiques, des sociétés et des cultures en tenant compte, outre son propre point de vue, de nombreuses autres perspectives. Ainsi, cette approche suppose :
- la reconnaissance du fait que tout le monde, y compris soi, a des points de vue partiels et partiaux façonnés par le bagage culturel et éducatif, les origines familiales, le parcours personnel, la personnalité et les processus cognitifs et affectifs ;
- la reconnaissance du fait que les points de vue des autres peuvent être tout aussi valables que les nôtres compte tenu de leur culture et de leurs positions personnelles ;
- la volonté et la capacité d’adopter le point de vue psychologique d’autres personnes afin d’essayer de percevoir le monde comme elles le perçoivent (soit l’aptitude d’« empathie cognitive »).
Aptitude
Attitude
Par attitude, on entend l’orientation mentale générale d’une personne à l’égard de quelqu’un ou de quelque chose (par exemple une personne, un groupe, une institution, une problématique, un événement, un symbole, etc.). Les attitudes sont habituellement constituées de quatre éléments : une conviction ou une opinion sur l’objet de l’attitude, une émotion ou un sentiment à l’égard de celui-ci, une évaluation (positive ou négative) de l’objet et une tendance à se comporter d’une certaine manière à son égard.
Les attitudes ont une puissance variable, c’est-à-dire qu’elles varient en termes de stabilité, de durabilité et d’impact sur le comportement. L’on peut établir une distinction entre les attitudes explicites et les attitudes implicites. Les premières sont des attitudes accessibles et contrôlables de façon consciente, qui peuvent être exprimées verbalement. Les attitudes implicites, quant à elles, ne sont ni accessibles ni contrôlables consciemment, et elles s’expriment par des comportements plus subtils ou plus discrets, tels que les expressions du visage, le langage corporel et les temps de réaction. Les changements dans les attitudes explicites peuvent ne pas se traduire par des changements correspondants dans les attitudes implicites. En outre, il est possible d’avoir plusieurs attitudes différentes envers un même objet à différentes occasions, d’avoir des attitudes ambivalentes, et, s’agissant des attitudes explicites et implicites envers un même objet, d’avoir des sentiments et des évaluations contradictoires.
Citoyen
Le terme « citoyen » a deux acceptions. Il peut désigner :
- quelqu’un qui possède le statut juridique objectif de la citoyenneté d’un État tel que défini par les lois et règlements de cet État ; ce statut est généralement lié à la détention du passeport de cet État ;
- tout individu qui est concerné par la prise de décisions politiques ou civiques d’une collectivité ou d’une communauté et qui est en mesure de participer aux processus politiques et civiques d’une manière ou d’une autre. Toutes les personnes qui sont considérées comme des citoyens dans cette acception plus large ne sont pas nécessairement des citoyens au sens juridique du terme. Par exemple, il se peut que des personnes appartenant à la première génération de migrants ne possèdent pas la citoyenneté juridique du pays dans lequel elles résident ; toutefois, même si elles ne sont pas habilitées à voter aux élections nationales, elles peuvent participer aux processus politiques et civiques de nombreuses autres façons, notamment en participant à des associations com-munautaires, à des syndicats et à leur politique, et à des groupes de pression (associations de lutte contre le racisme ou de défense des droits de l’homme ou de l’environnement, par exemple).
Au sens du Cadre, le terme « citoyen » désigne toute personne qui est concernée par les processus décisionnels démocratiques et qui peut participer aux processus et aux institutions démocratiques (c’est-à-dire pas uniquement les titulaires de la citoyenneté juridique d’un État donné).
Citoyenneté
Le terme « citoyenneté » a deux acceptions. Il peut renvoyer :
- au statut juridique d’une personne à l’égard d’un État donné (qui est attesté par la détention d’un passeport) ;
- à l’exercice des droits et des responsabilités d’un citoyen dans une société démocratique (participative).
Un individu peut être citoyen d’un État sans participer à la vie publique, tandis qu’un individu qui ne possède pas la citoyenneté (au sens juridique du terme) peut faire preuve d’une citoyenneté active en participant à diverses activités civiques.
Dans le contexte du Cadre, le terme « citoyenneté » désigne la participation active des citoyens aux processus et institutions démocratiques par l’exercice de leurs droits et de leurs responsabilités.
Compétence
La compétence est la capacité de mobiliser et d’utiliser des valeurs, des attitudes, des aptitudes, des connaissances et/ou une compréhension pertinentes afin de réagir de manière efficace et appropriée aux exigences, aux enjeux et aux possibilités que présente un contexte donné. Elle implique de sélectionner, d’activer, de coordonner et d’organiser les ensembles pertinents de valeurs, d’attitudes, d’aptitudes et d’éléments de connaissance et/ou de compréhension, et de les mettre en œuvre en adoptant un comportement approprié à ces situations. Outre ce sens général et holistique de la « compétence » (au singulier), le terme « compétences » (au pluriel) est employé dans le Cadre pour désigner les ressources individuelles spécifiques (c’est-à-dire les valeurs, les attitudes, les aptitudes, la connaissance et la compréhension) qui sont mobilisées et utilisées lors de l’adoption d’un comportement compétent.
Compétence interculturelle
La compétence interculturelle désigne la capacité de mobiliser et d’utiliser les ressources psychologiques pertinentes pour réagir de manière efficace et appropriée aux exigences, aux enjeux et aux possibilités que présentent des situations interculturelles. Plus spécifiquement, elle implique un ensemble de valeurs, d’attitudes, d’aptitudes, d’éléments de connaissances et de compréhension critique, qui sous-tend l’action et permet à un individu :
- de comprendre et de respecter des personnes perçues comme ayant des références culturelles différentes des siennes ;
- de répondre de façon appropriée, efficace et respectueuse lorsqu’il interagit ou communique avec de telles personnes ;
- d’entretenir des relations positives et constructives avec elles.
Dans ce contexte, faire preuve de « respect », c’est considérer positivement, apprécier et valoriser autrui. L’adjectif « approprié » renvoie au fait que toutes les personnes impliquées dans la situation en question apprécient dans une égale mesure le fait que l’interaction se déroule selon les normes culturelles attendues. Enfin, le terme « efficace » signifie que ces personnes parviennent à atteindre, au moins en partie, les objectifs qu’elles visent dans cette interaction.
Compréhension critique
La compréhension critique renvoie à la faculté de comprendre et d’évaluer des significations, et elle suppose une certaine manière d’appréhender les connaissances. Elle demande en effet une réflexion sur celles-ci, une analyse critique de leur contenu et de leur source, ainsi que l’établissement d’une comparaison avec d’autres points de vue sur le même sujet, la mise en relation des nouvelles connaissances avec les connaissances acquises préalablement par le biais de diverses sources, le placement de ces connaissances dans un contexte socioculturel spécifique, la relativisation de leur signification, et l’évaluation de différentes idées et positions fondées sur divers arguments. Ainsi, la compréhension critique implique une réflexion active et une évaluation critique de ce qui est compris et interprété (par opposition à une interprétation automatique, ordinaire et irréfléchie). La compréhension critique est attestée par l’aptitude non seulement à restituer des connaissances, mais aussi à les mettre en œuvre de façon créative dans de nouveaux contextes.
Connaissance
La connaissance est le corpus d’informations structurées et interconnectées que possède un individu ; elle est étroitement reliée à la notion de la compréhension. Dans le domaine de l’éducation, la connaissance est considérée comme un élément essentiel du curriculum : on s’y réfère souvent comme étant le contenu du curriculum. Elle englobe les éléments de savoir fondamentaux que l’humanité a acquis au fil du temps et que l’école a pour rôle de transmettre aux nouvelles générations pour améliorer la compréhension du monde et faire progresser la société humaine.
Culture
La culture est un ensemble des traits distinctifs spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérise une société ou un groupe social et qui englobe, outre les arts et les lettres, les styles de vie, les façons de vivre ensemble, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. On peut établir une distinction entre les aspects matériels (les objets physiques tels que les aliments, les vêtements, les bâtiments d’habitation, les biens, les outils, les produits artistiques, etc.), sociaux (la langue, la religion, les lois, les règles, la structure familiale, les modèles de travail, le folklore, les icônes culturelles...) et les aspects subjectifs (connaissances, croyances, mémoire, identités, attitudes, valeurs et pratiques communes) de la culture. Cet ensemble de ressources culturelles est réparti dans le groupe social tout entier, chacun des membres du groupe s’appropriant et utilisant à sa manière une partie seulement des ressources culturelles potentiellement à sa disposition. Cela explique la variabilité présente au sein des différents groupes culturels, dont les contours peuvent de ce fait être contestés ou flous.
Selon ce raisonnement, tout groupe social peut avoir une culture, et toutes les cultures sont dynamiques et évoluent constamment sous l’influence de facteurs internes et externes. Tous les individus appartiennent à plusieurs groupes (et à leur culture) et participent à plusieurs constellations culturelles. Les références culturelles, qui comportent une importante dimension subjective, sont également fluides et dynamiques.
Culture de la démocratie
La démocratie n’est pas que la somme de ses institutions. Une démocratie saine dépend en grande partie du développement d’une culture civique de la démocratie.
L’expression « culture de la démocratie » souligne le fait que, si la démocratie ne saurait exister sans institutions démocratiques et sans lois, ces institutions et ces lois ne peuvent pas fonctionner dans la pratique si elles ne sont pas ancrées dans une culture de la démocratie, c’est-à-dire dans des valeurs, des attitudes et des pratiques démocratiques partagées par les citoyens et les institutions. Ces valeurs, attitudes et pratiques englobent notamment un attachement à l’État de droit et aux droits de l’homme ainsi qu’à la chose publique, la conviction que les conflits peuvent être réglés de manière pacifique, la reconnaissance et le respect de la diversité, la volonté d’exprimer ses opinions personnelles et celle d’entendre le point de vue d’autrui, une adhésion au fait que les décisions soient prises à la majorité des voix, une détermination à protéger les minorités et leurs droits, et une volonté de dialoguer par-delà les clivages culturels. Elles englobent également le souci non seulement du bien-être à long terme de nos semblables, mais aussi de l’environnement dans lequel nous vivons.
Démocratie
La démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle le pouvoir est exercé par le peuple, ou en son nom. L’une des principales caractéristiques d’un tel régime politique est le fait qu’il agit en fonction de l’opinion de la majorité. Dans une démocratie, le pouvoir suprême est dévolu au peuple et exercé directement par lui (démocratie directe) ou par ses agents élus dans le cadre d’un système électoral libre (démocratie représentative).
Les piliers de la démocratie sont :
- la souveraineté du peuple
- la gouvernance fondée sur le consentement des gouvernés ;
- la règle de la majorité ;
- les droits des minorités ;
- la garantie des droits de l’homme fondamentaux ;
- la tenue d’élections libres et équitables ;
- l’égalité devant la loi ;
- la garantie d’une procédure régulière ;
- l’existence de limites constitutionnelles au gouvernement ;
- le pluralisme social, économique et politique, notamment la reconnaissance des organisations de la société civile indépendantes ;
- les valeurs de la coopération, de la concurrence loyale et du compromis.
Le régime démocratique actuel va au-delà de la démocratie représentative classique, dans laquelle le rôle des citoyens consiste essentiellement à déléguer par vote à leurs représentants la responsabilité de l’élaboration et de la mise en œuvre des politiques publiques. Il consiste plutôt en une démocratie participative, dans laquelle les institutions publiques respectent les principes de la bonne gouvernance, et les citoyens peuvent légitimement participer à toutes les phases du cycle des politiques publiques.
Descripteur
Un descripteur est un énoncé qui décrit un comportement pouvant être observé et évalué chez un apprenant, et attestant que ce dernier a atteint un certain niveau de maîtrise à l’égard d’une compétence spécifique. Les descripteurs sont formulés en des termes positifs ; ils sont indépendants les uns des autres.
Dialogue interculturel
Le dialogue interculturel est un échange de vues libre, fondé sur la compréhension et le respect mutuels entre des personnes ou des groupes qui se perçoivent comme ayant des références culturelles différentes les un(e)s des autres. La liberté et la capacité de s’exprimer, mais aussi la volonté et la faculté d’écouter ce que les autres ont à dire, en sont des éléments indispensables. Le dialogue interculturel favorise une participation constructive par-delà les clivages culturels perçus, réduit l’intolérance, les préjugés et les stéréotypes, et contribue à l’intégration politique, sociale, culturelle et économique, ainsi qu’à la cohésion de sociétés culturellement diverses. Il favorise aussi l’égalité, la dignité humaine et le sentiment d’avoir des objectifs communs. Le dialogue interculturel vise à mieux faire comprendre les diverses pratiques et visions du monde, à renforcer la coopération et la participation (ou la liberté de faire des choix), à permettre aux personnes de se développer et d’évoluer, et à promouvoir le respect de l’autre.
Le dialogue interculturel peut être un processus difficile, en particulier quand les participants se perçoivent les uns les autres comme des représentants de cultures caractérisées par une relation conflictuelle (par exemple en raison d’un conflit armé passé ou en cours) ou quand un participant estime que les actes d’un autre groupe auquel il associe son interlocuteur ont causé des souffrances majeures à son propre groupe culturel (du fait, par exemple, d’une discrimination flagrante, d’une exploitation matérielle ou d’un génocide). Dans ces circonstances, le dialogue interculturel peut être très difficile et exige non seulement une forte compétence interculturelle, mais aussi une grande sensibilité émotionnelle et sociale, de l’engagement, de la persévérance et du courage.
Disposition
Une disposition est une organisation durable de facteurs psychologiques internes, qui s’exprime sous la forme d’une tendance stable et constante à présenter des schémas de pensée, de sentiment ou de comportement particuliers dans un large éventail de circonstances en l’absence de coercition externe ou de gratifications extrinsèques. Il convient de distinguer les dispositions des capacités. Par exemple, les gens peuvent être en mesure d’élaborer des arguments contraires à leur propre point de vue sur une question donnée lorsqu’on leur demande de le faire (ils en ont la capacité), mais ils ont tendance à ne pas le faire (ils ne sont pas disposés à le faire). De même, ils peuvent avoir les compétences, les connaissances et la compréhension nécessaires pour adopter un type de comportement particulier, mais ne pas être disposés à les utiliser. Une disposition est donc un ensemble de préférences et d’intentions reposant sur un ensemble de capacités permettant à ces dernières d’être mises en œuvre d’une manière particulière. Les dispositions ne sont pas incluses dans le Cadre car elles sont considérées comme implicites dans la définition de la « compétence » qui sous-tend le modèle tout entier (c’est-à-dire la mobilisation et l’utilisation de compétences par l’adoption d’un certain comportement). Une personne qui ne mobilise ni n’utilise de telles compétences (c’est-à-dire qui ne présente aucune disposition à s’en servir dans son comportement) ne peut pas être qualifiée de compétente. En d’autres termes, le fait d’être disposé à utiliser ses compétences dans son comportement est inhérent à la notion même de compétence : il n’y a pas de compétence sans une telle disposition.
Éducation à la citoyenneté démocratique (ECD)
L’éducation à la citoyenneté démocratique couvre l’éducation, la formation, la sensibilisation, l’information, les pratiques et les activités qui visent, en apportant aux apprenants des connaissances, des compétences et une compréhension, et en développant leurs attitudes et leurs comportements, à leur donner les moyens d’exercer et de défendre leurs droits et leurs responsabilités démocratiques dans la société, d’apprécier la diversité et de jouer un rôle actif dans la vie démocratique, afin de promouvoir et de protéger la démocratie et la primauté du droit.
La citoyenneté démocratique ne se limitant pas au statut juridique et au droit de vote conféré par celui-ci, l’éducation à la citoyenneté démocratique couvre tous les aspects de la vie dans une société démocratique et traite par conséquent d’une grande diversité de sujets, tels que le développement durable, la participation des personnes handicapées à la société, l’intégration d’une perspective de genre ou la prévention du terrorisme – entre autres.
Éducation aux droits de l’homme (EDH)
L’éducation aux droits de l’homme concerne l’éducation, la formation, la sensibilisation, l’information, les pratiques et les activités qui visent, en apportant aux apprenants des connaissances, des compétences et une compréhension, et en développant leurs attitudes et leurs comportements, à leur donner les moyens de participer à la construction et à la défense d’une culture universelle des droits de l’homme dans la société, afin de promouvoir et de protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales. Elle comporte trois dimensions :
- l’apprentissage sur les droits de l’homme : connaissances des droits de l’homme, de ce en quoi ils consistent et de la manière dont ils sont sauvegardés ou protégés ;
- l’apprentissage par les droits de l’homme : reconnaissance du fait que le contexte dans lequel les droits de l’homme sont enseignés et la manière dont cet enseignement est organisé et dispensé doivent être cohérents avec les valeurs des droits de l’homme (la participation et la liberté de pensée et d’expression, par exemple) et que, dans l’éducation aux droits de l’homme, le processus d’apprentissage est tout aussi important que le contenu de l’enseignement ;
- l’apprentissage pour les droits de l’homme : développement d’aptitudes, d’attitudes et de valeurs pour que les apprenants puissent appliquer les valeurs relatives aux droits de l’homme dans leur vie quotidienne et mener des actions de promotion ou de défense des droits de l’homme, seuls ou avec d’autres personnes.
Éducation formelle
L’éducation formelle renvoie au système structuré d’éducation et de formation qui commence à l’école préélémentaire et primaire, et se poursuit dans l’enseignement secondaire et universitaire. Elle est en principe dispensée dans des établissements d’enseignement général ou professionnel, et sanctionnée par des diplômes.
Education informelle
L’éducation informelle qualifie le processus selon lequel chaque individu acquiert, tout au long de la vie, des attitudes, des valeurs, des compétences et des connaissances grâce aux influences et aux ressources éducatives de son environnement, et à son expérience quotidienne (famille, pairs, voisins, rencontres, bibliothèque, médias, travail, loisirs, etc.).
Éducation informelle
L’éducation informelle qualifie le processus selon lequel chaque individu acquiert, tout au long de la vie, des attitudes, des valeurs, des compétences et des connaissances grâce aux influences et aux ressources éducatives de son environnement, et à son expérience quotidienne (famille, pairs, voisins, rencontres, bibliothèque, médias, travail, loisirs, etc.).
Empathie
L’empathie désigne l’ensemble des aptitudes nécessaires pour comprendre les pensées, les convictions et les sentiments d’autres personnes, et voir le monde depuis leur perspective. Elle suppose la capacité de sortir de son propre cadre de référence psychologique (c’est-à-dire de se décentrer de sa propre perspective) et la capacité d’appréhender et de comprendre, en faisant preuve d’imagination, le cadre de référence psychologique et le point de vue d’autrui. Cette compétence est fondamentale pour se représenter les références culturelles, les visions du monde, les convictions, les intérêts, les émotions, les souhaits et les besoins d’autres personnes.
Dans le modèle de compétences pour une culture de la démocratie, l’empathie est ainsi considérée comme une aptitude, bien qu’elle puisse avoir d’autres significations dans le langage quotidien ou scientifique (elle peut notamment renvoyer à la « contagion émotionnelle », c’est-à-dire au fait d’« attraper » et de partager l’émotion de quelqu’un d’autre). On distingue trois formes d’empathie :
- l’empathie cognitive, soit la capacité à appréhender et à comprendre les perceptions, les pensées et les convictions d’autrui ;
- l’empathie affective, soit la capacité à appréhender et à comprendre les émotions, les sentiments et les besoins d’autrui ;
- la sympathie (ou « empathie compatissante » ou « préoccupation empathique »), soit la capacité à ressentir un sentiment de compassion et de préoccupation pour autrui en appréhendant son état cognitif ou affectif, ou sa situation ou ses conditions matérielles.
Esprit civique
L’esprit civique est une attitude envers « les autres » de façon générale, au-delà de la famille et des amis. Il implique un sentiment d’appartenance à un groupe ou à une communauté, le souci des autres membres de ce groupe ou de cette communauté, une conscience des conséquences de ses propres actes sur ces personnes, une solidarité avec elles et un sens du devoir civique envers le groupe ou la communauté. Parmi les groupes ou communautés envers lesquels l’esprit civique peut s’exercer figurent notamment les personnes vivant dans une zone géographique donnée (un quartier, une ville ou une métropole, un pays, un groupe de pays tels l’Europe ou l’Afrique, voire le monde tout entier dans le cas de la « communauté mondiale »), les groupes ethniques, les groupes religieux, les groupes de loisirs ou tout autre type de groupe social ou culturel auquel une personne a le sentiment d’appartenir. Chaque personne appartient à de multiples groupes et peut afficher un esprit civique à l’égard d’un ou de plusieurs d’entre eux.
Pour fonctionner, les sociétés démocratiques doivent être constituées de personnes à l’esprit communautaire, qui s’intéressent au bien-être de la communauté. L’intérêt et la confiance mutuels, associés à une diversité de ressources et à des objectifs partagés, engendrent participation et engagement. Lorsque les gens ont le sentiment qu’il existe un enjeu qui dépasse leur intérêt personnel immédiat, ils s’impliquent dans la vie sociale. Il y a une différence entre l’esprit civique dans les sociétés démocratiques modernes, d’une part, et les « devoirs civiques » imposés dans le cadre des régimes totalitaires (à savoir que les personnes douées de l’esprit civique pensent et agissent conformément à leurs convictions profondes et décisions personnelles) ou le souci du bien commun dans les sociétés collectivistes (les personnes à l’esprit civique ne renoncent pas à leurs intérêts personnels au profit de ceux de la communauté, mais agissent de concert avec d’autres individus aux fins d’intérêts généraux communs), d’autre part.
Ethnocentrisme
L’ethnocentrisme est une façon de voir le monde à travers le prisme de sa propre culture, toutes les autres cultures étant évaluées et classées par rapport à celle-ci. Il peut aussi être considéré comme un préjugé se traduisant par le fait de penser que les normes culturelles de son propre groupe sont supérieures à celles de tous les autres groupes. On distingue trois formes d’ethnocentrisme :
- le déni : l’incapacité ou le refus de comprendre cognitivement la différence culturelle, ce qui donne lieu à des observations naïves ou non éclairées sur les autres cultures ;
- la défense : la reconnaissance de la différence culturelle associée à une évaluation négative des variations par rapport à sa propre culture (sachant que plus les différences sont importantes, plus l’évaluation est négative), cette attitude étant caractérisée par une pensée manichéenne fondée sur l’opposition entre « nous » et « eux » ;
- la minimisation de la différence : la reconnaissance et l’acceptation des différences culturelles superficielles, et la conviction que tous les êtres humains sont essentiellement égaux, en mettant l’accent sur les ressemblances entre les gens et le caractère commun des valeurs fondamentales, ce dernier étant toutefois défini selon une approche ethnocentrique (tout le monde est essentiellement comme « nous »).
Plurilinguisme
Le plurilinguisme désigne la capacité d’un individu d’utiliser plusieurs langues de façon passive (en mode réceptif ) et/ou active (en mode productif ), quel que soit son niveau de compétence dans chacune d’elles.
Respect
Le respect est une attitude à l’égard de quelqu’un ou de quelque chose (une personne, une conviction, un symbole, un principe ou une pratique, par exemple) dont on considère qu’il ou elle a une certaine importance ou valeur qui garantit une considération positive et une estime. Selon la nature de l’objet/du sujet concerné, le respect peut prendre diverses formes (le respect d’une règle scolaire se manifestera différemment du respect pour la sagesse d’un ancien ou du respect de la nature, par exemple). Dans une culture de la démocratie, le respect à l’égard d’autres personnes perçues comme ayant des références culturelles, des croyances, des opinions ou des pratiques différentes des siennes est tout particulièrement important. Il n’exige ni d’être d’accord avec l’objet du respect, ni de l’adopter ou de s’y convertir. Il se traduit plutôt par une attitude d’appréciation positive d’autrui et de ses différences par rapport à soi-même, qui s’accompagne de la reconnaissance et de l’acceptation de ces différences. L’adoption d’une telle attitude est nécessaire pour faciliter à la fois l’interaction démocratique et le dialogue interculturel avec autrui. Toutefois, certaines limites doivent être fixées en la matière. En effet, les convictions et les opinions ou les styles de vie et les pratiques qui portent atteinte à la dignité, aux droits de l’homme ou aux libertés d’autrui ou qui violent ces principes ne sauraient être respectés.
Le respect suppose par conséquent :
- une considération positive et une estime pour quelqu’un ou quelque chose dont on pense qu’il/elle a en soi une certaine importance ou valeur, ou un certain intérêt ;
- une considération positive et une estime pour les autres en tant qu’êtres humains égaux, quels que soient leurs références culturelles, leurs convictions, leurs opinions, leurs styles de vie ou leurs pratiques ;
- une considération positive et une estime pour les convictions, les opinions, les styles de vie et les pratiques d’autrui, tant qu’ils ne portent pas atteinte à la dignité, aux droits de l’homme ou aux libertés d’autrui, ou ne violent pas ces principes.
Responsabilité
La responsabilité est une attitude face à ses propres actes. Elle implique de réfléchir à ceux-ci, de chercher à agir d’une façon moralement appropriée, de réaliser ces actes consciemment et de se considérer comme personnellement responsable de leurs résultats.
La responsabilité entre en jeu quand une personne a l’obligation morale d’agir d’une certaine manière et mérite des éloges ou des critiques pour avoir agi ou, au contraire, négligé d’avoir agi de cette manière. Elle peut nécessiter du courage dans la mesure où l’adoption d’une position de principe peut impliquer d’agir seul(e), de prendre des mesures contre les normes d’une communauté ou de contester une décision collective jugée erronée. Par conséquent, il peut parfois y avoir une tension entre l’esprit civique (entendu au sens de solidarité et de loyauté envers d’autres personnes) et la responsabilité morale. La responsabilité à l’égard de ses actes suppose par conséquent de prendre des décisions sur les actions à mener (ce qui, dans certains cas, peut consister à ne pas agir) en fonction des circonstances.
Résultat d’apprentissage
Un résultat d’apprentissage est un énoncé définissant ce qu’un apprenant est censé savoir, comprendre et/ou être capable de démontrer au terme d’un processus d’apprentissage.
Sentiment d’efficacité personnelle
Le sentiment d’efficacité personnelle renvoie un individu à lui-même et suppose de croire en sa propre capacité de mener à bien les actions requises pour atteindre des objectifs précis. Il suppose généralement de croire en sa capacité de comprendre ce qui est exigé, de choisir les méthodes appropriées pour exécuter les tâches, de surmonter les obstacles et de relever les nouveaux défis avec succès, d’influer sur le déroulement des événements et de changer le cours des choses dans le monde.
Par conséquent, le sentiment d’efficacité personnelle est associé à la confiance en ses propres capacités. Un sentiment d’efficacité personnelle peu développé peut décourager les comportements démocratiques et interculturels, même si le niveau de capacité est élevé, tandis qu’un sentiment démesurément élevé peut entraîner la frustration et la déception. L’attitude optimale est celle d’un sentiment d’efficacité personnelle relativement élevé associé à un niveau de capacité estimé (de manière réaliste) élevé, ce qui encourage les individus à relever de nouveaux défis et leur permet d’agir relativement aux questions qui les préoccupent. Le sentiment d’efficacité personnelle implique également une certaine assurance concernant la participation démocratique et la capacité d’entreprendre les actions jugées nécessaires pour atteindre des objectifs démocratiques (notamment la mise en cause des personnes en position de pouvoir et d’autorité quand leurs décisions ou leurs actes sont jugés inéquitables ou injustes, et le fait de demander des comptes à ces personnes), ainsi que sa capacité de nouer un dialogue interculturel avec ceux qui sont perçus comme ayant des références culturelles différentes des siennes.
Tolérance
La tolérance peut être considérée soit comme un phénomène social, soit comme une attitude personnelle. En tant qu’attitude personnelle, elle peut être définie de trois manières :
- comme le contraire de l’intolérance, c’est-à-dire comme une attitude impliquant l’acceptation et l’ouverture, sans imposition de ses propres points de vue ou pratiques à autrui ;
- au sens étymologique du terme, comme une attitude méprisante : en latin, tolerare (tolérer) renvoie au fait de «supporter » quelque chose que l’on n’aime pas, voire que l’on déteste. Cette attitude implique une relation déséquilibrée entre un individu qui tolère quelqu’un et un autre individu, qui est toléré ;
- comme un élément de compréhension utile pour concilier, au niveau individuel, la croyance en la valeur égale et en la dignité de tous les êtres humains, d’une part, et les profonds désaccords avec certaines valeurs, croyances ou pratiques, d’autre part. De ce point de vue, la tolérance est définie comme une attitude juste et objective envers ceux dont les opinions et les pratiques diffèrent des siennes, qui se fonde sur l’engagement à respecter la dignité humaine.
La « tolérance » en ce dernier sens suppose obligatoirement la réunion des trois conditions suivantes :
- une condition préalable : une situation impliquant une différence ou un conflit avec quelqu’un ;
- une procédure : un engagement à éviter tout type de violence, et donc à rechercher des moyens pacifiques de régler le désaccord ou d’endurer/de supporter le conflit ;
- une intention : la volonté de rechercher une solution pacifique ou de supporter le conflit, qui repose sur la valorisation des droits d’autrui et de la dignité humaine.
Cependant, il y a des limites à la tolérance. Dans certaines situations, il convient de ne pas être tolérant(e). Le racisme, par exemple, ne saurait être toléré. La troisième approche ci-dessus, fondée sur le respect de la dignité de tous les êtres humains et de leur égalité fondamentale devant les droits de l’homme, est intégrée à la définition du respect adoptée dans le Cadre.
Tolérance de l’ambiguïté
La tolérance de l’ambiguïté renvoie à l’attitude adoptée dans des situations qui sont incertaines et peuvent faire l’objet d’interprétations multiples et contradictoires. Les personnes qui tolèrent bien l’ambiguïté évaluent les objets, événements et situations concernés de manière positive, et gèrent l’ambiguïté de manière constructive, tandis que celles qui la tolèrent mal adoptent un point de vue unique et rigide face à des situations et à des problématiques équivoques, et se montrent inflexibles dans leur façon d’appréhender le monde.
Valeur
Une valeur est une conviction au sujet d’un objectif souhaitable qui sous-tend l’action et sert de principe directeur dans de nombreuses situations dans la vie. Les valeurs ont une qualité normative concernant ce qui devrait être fait ou pensé. Elles fournissent des normes ou des critères pour effectuer des évaluations, justifier des opinions, des attitudes et des comportements, planifier sa façon d’agir en choisissant parmi plusieurs options, tenter d’influencer autrui et se présenter. Elles sont liées aux émotions dans la mesure où, lorsqu’elles sont activées, elles sont teintées de sentiments. Elles fournissent également des structures autour desquelles s’organisent des attitudes plus spécifiques, sur lesquelles elles exercent une influence. Ainsi, en évaluant les valeurs d’un individu, on peut avoir une idée des attitudes et comportements qu’il est susceptible d’adopter. Les gens hiérarchisent leurs valeurs selon leur importance relative, sachant que celle-ci change souvent au cours de la vie. Au niveau psychologique individuel, les valeurs sont des représentations sociales intériorisées ou des croyances morales que les gens invoquent comme raisons fondamentales pour justifier leurs actions. Cependant, les valeurs ne se rapportent pas qu’à l’individu : ce sont aussi des conventions sociales sur ce qui est juste, ce qui est bon ou ce qui doit être préservé. Ce sont des codes ou des principes généraux guidant l’action, et non des actions en tant que telles ou des listes de repérage spécifiques sur ce qu’il faut faire et à quel moment. Elles sous-tendent les sanctions ou les gratifications liées à certains choix de comportements. Un système de valeurs définit ce qui est attendu et espéré, ce qui est requis et ce qui est interdit.