Surpopulation : « construire des prisons n'est pas la solution »
La surpopulation carcérale est un problème systémique chronique et une préoccupation de longue date pour le CPT, qui s’aggrave dans de nombreux pays européens. Therese Rytter et Hugh Chetwynd font état de 35 ans d’observations des prisons européennes et soulignent l’importance cruciale de développer des alternatives à l’incarcération, tout en s’inspirant de bonnes pratiques déjà éprouvées. « La surpopulation carcérale signifie que les personnes incarcérées doivent vivre dans de très mauvaises conditions, ce qui affecte également le personnel, et ce qui signifie que l'objectif de la prison est compromis » alertent-ils, établissant un lien entre surpopulation et récidive : « nous observons que dans certains pays, la surpopulation carcérale est en constante augmentation et les taux de récidive sont très élevés. Il semble donc y avoir une corrélation directe entre ces deux phénomènes. »
Renforcer la protection des personnes vulnérables en prison
Les femmes, les enfants, les personnes âgées, celles souffrant de troubles mentaux, les personnes LGBTQI+, les minorités ethniques ou religieuses, ou encore les personnes condamnées à la prison à vie, requièrent une attention particulière de la part du CPT. Leur vulnérabilité potentielle et l'inadéquation des établissements pénitentiaires à répondre à leurs besoins spécifiques exigent des mesures adaptées et ciblées. « Les prisons, conçues par des hommes pour des hommes et majoritairement gérées par eux, impactent négativement la vie des femmes en prison. Cette réalité concerne également les personnes LGBTQI+, notamment les personnes transgenres », souligne Therese.
Une volonté politique essentielle
Bien que le CPT ait formulé des recommandations de longue date, la résolution de la surpopulation carcérale ne pourra se faire qu’à travers une réelle volonté politique de réformer le système. « Dans trop de pays du Conseil de l'Europe, la politique se résume à des déclarations et à des principes, visant avant tout à enfermer davantage de personnes, plutôt qu'à réfléchir à ce qui pourrait réellement rendre nos sociétés plus sûres », expliquent Therese et Hugh. Ils ajoutent : « Une recommandation serait sans doute de faire preuve de plus de courage et d'examiner ce qui est réellement bénéfique pour la société, en adoptant une approche qui ne soit pas uniquement punitive, mais qui vise également à renforcer la sécurité de la société dans son ensemble. »