Retour Le rapport de l’ECRI sur la Macédoine du Nord met en évidence les problèmes rencontrés et les progrès réalisés dans la lutte contre le racisme, la discrimination et l’intolérance

Drapeau de la Macédoine du Nord

Drapeau de la Macédoine du Nord

La Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a publié son rapport de 6e cycle de monitoring sur la Macédoine du Nord, dans lequel elle évalue l’évolution des initiatives menées par le pays pour lutter contre la discrimination et promouvoir l’égalité.

L’un des développements notables dont il est fait état dans ce rapport, qui porte sur la période écoulée depuis le précédent rapport établi en 2016, est la création d’un nouvel organisme de promotion de l’égalité, la Commission pour la prévention de la discrimination et la protection contre la discrimination (CPPD).

Dans le domaine de l’éducation inclusive, le ministère de l’Éducation et des Sciences a mené des actions en faveur du multiculturalisme, de l’intégration interethnique et de la tolérance dans les établissements scolaires, en accordant notamment des subventions à de nombreuses institutions. Le rapport relève également la prise en compte de « l’intégration multiculturelle » parmi les indicateurs utilisés dans l’évaluation des établissements scolaires.

Dans son rapport, l’ECRI reconnaît les mesures positives qui ont été prises en ce qui concerne la protection des personnes LGBTI, en particulier l’intégration de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre dans la liste des motifs protégés dans la loi relative à la prévention de la discrimination et à la protection contre la discrimination. Le ministère du Travail et de la Politique sociale a contribué financièrement à la mise en place d’une permanence téléphonique nationale destinée aux personnes LGBTI et à la création du « Queer Center » à Skopje, ce qui figure parmi les évolutions importantes à mentionner.

Pour lutter contre les infractions pénales motivées par la haine, des initiatives ont été mises en place, telles que la formation approfondie des membres des forces de l’ordre, des procureurs et des juges, organisée par le Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’OSCE. Le rapport salue la participation de plus de 2 000 policiers à la formation sur les infractions pénales motivées par la haine, qui témoigne d’une volonté de s’attaquer à ce problème.

Si le rapport accueille avec satisfaction les initiatives prises dans le cadre de la Stratégie nationale pour les Roms afin d’améliorer l’inclusion de ces derniers, des difficultés persistent en matière de logement, d’éducation, d’emploi et de santé, ainsi qu’en ce qui concerne l’adoption d’une nouvelle Stratégie en faveur de l’inclusion des Roms pour la période 2022-2030. L’ECRI se félicite des mesures mises en œuvre pour identifier les Roms qui ne disposaient pas de documents d’identité auparavant et pour leur apporter un soutien.

Malgré ces développements positifs, le rapport fait état de plusieurs points préoccupants :

  • La CPPD a du mal à trouver le personnel et les ressources budgétaires dont elle a besoin. La CPPD et le Bureau de l’Ombudsman rencontrent des retards dans la mise en œuvre de leurs activités, car ils doivent obtenir l’aval du ministère des Finances pour toute transaction financière qu’ils souhaitent réaliser à partir de leurs propres ressources budgétaires. Cette situation limite leur efficacité et représente un risque pour leur indépendance globale.
  • Aucune étude approfondie sur la discrimination à l’égard des personnes LGBTI n’a été réalisée et il n’existe pas de plan d’action en leur faveur ni de cadre juridique permettant la reconnaissance des relations entre personnes de même sexe ou la prise en compte des changements liés à l’identité de genre.
  • À plusieurs reprises, des personnes s’identifiant comme Bulgares et des centres culturels bulgares ont fait l’objet d’actes de violence, et les autorités ont tendance à radier ou à dissoudre certaines des associations culturelles bulgares existantes, ce qui suscite des préoccupations.
  • Le système scolaire du pays reste largement marqué par une ségrégation linguistique (entre macédonien et albanais), ce qui a pour effet de réduire les interactions entre les différents groupes linguistiques et ethniques.
  • Bien que des progrès aient été réalisés en matière d’inclusion des Roms, on constate une marginalisation sociale, des disparités en matière d’éducation et de santé et un taux de chômage élevé, qui affectent encore de nombreux membres de la communauté rom. Les documents d’identité comportant des numéros personnels d’identification spécifiquement destinés aux Roms ne sont pas reconnus par les systèmes informatiques des services publics, ce qui complique leur accès aux services essentiels.
  • L’ECRI formule des recommandations pour prendre en compte ces préoccupations et encourager de nouveaux progrès, en particulier les suivantes : accorder l’autonomie financière aux organismes de promotion de l’égalité, réglementer la reconnaissance de l’identité de genre, intensifier les efforts pour combattre et signaler les infractions pénales motivées par la haine, remédier à la ségrégation dans l’éducation et poursuivre les efforts pour améliorer l’inclusion des Roms.
Strasbourg 20 septembre 2023
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