La région de Donja Dolina – Bardača, au nord de la Bosnie-Herzégovine, à la frontière croate, comprend les municipalités de Gradiška et de Srbac et constitue une importante zone d’interface pour les transports de personnes et de biens vers la Croatie.

Cet impressionnant paysage vallonné est couvert de forêts de feuillus et de conifères sur la rive sud de la Save près de son point de confluence avec la Vrbas ; on y trouve des sites naturels et historiques pittoresques, comme la grotte de Trnovac et l’église ancienne de Romanovci. Riche en prairies et en terres arables et jouissant d’un climat modéré, le territoire porte la marque de l’agriculture et de l’élevage qui, avec la pêche, continuent de figurer à ce jour au nombre des principales activités économiques de la population. L’appellation « Donja Dolina – Bardača » recouvre, d’une part, la zone humide typique de Bardača, avec sa végétation marécageuse et ses prairies et forêts régulièrement inondées représentant un important habitat pour la vie sauvage, végétale et animale, en particulier pour diverses espèces de poissons et de nombreux oiseaux migrateurs. La zone humide est protégée à deux titres, en tant que « zone importante pour la conservation des oiseaux » et en tant que « site Ramsar ». L’appellation recouvre, d’autre part, le site archéologique de Donja Dolina, l’un des principaux centres de commerce et de production de la péninsule balkanique de la fin de l’âge du bronze à l’âge du fer, représentant ainsi, avec d’autres sites archéologiques, monastères médiévaux et églises en bois, un patrimoine culturel majeur. Les associations et ONG locales œuvrent par ailleurs très activement à la renaissance des traditions. Les activités artisanales locales traditionnelles sont toujours pratiquées.

Cet écosystème fragile était en péril en raison d’une pêche et d’une agriculture toujours plus intensives. La population locale utilise engrais et pesticides, d’où une pollution de l’eau, première ressource naturelle. Du fait de la privatisation des étangs piscicoles et de l’intensification de la pêche dont elle s’est accompagnée, quelques espèces de poissons risquent de disparaître. La coupe du bois et la chasse aux oiseaux ne sont pas régulées. Cet environnement menacé s’inscrit dans un contexte socio-économique plus large de phénomènes démographiques négatifs : déclin de l’activité économique, faibles perspectives d’emploi, revenus irréguliers et précarité économique conduisant les jeunes à émigrer, laissant derrière eux une population vieillissante. Habitats ruraux et fermes à l’abandon : des villages entiers sont désertés. Un climat de méfiance généralisée sévit au sein de la population locale à l’encontre de tous les projets, activités et initiatives émanant des instances et acteurs nationaux et internationaux. Les gens ne voient pas de retombées immédiates de ces analyses, stratégies et autres plans. Loin de s’améliorer, leur situation empire. Dans ce contexte social tendu, l’arrivée en fin de semaine de visiteurs et de touristes construisant des résidences secondaires ne fait de renforcer le sentiment de xénophobie des autochtones qui refusent de coopérer.

C’est à l’initiative des municipalités que l’on doit en 2008 la création du « Parc archéologique et écologique de Donja Dolina – Bardača » et à celle des instances fédérales, le lancement du projet pilote de développement local (LDPP) avec le soutien des institutions de la Republika Srpska. Le territoire pilote avait été délimité principalement selon des critères culturels, voire archéologiques et n’était pas suffisamment important en termes économiques et sociaux pour remplir les conditions indispensables à la réussite du LDPP. Il n’a jamais réellement suscité l’intérêt des acteurs locaux ; les pouvoirs publics l’ont quasiment porté à eux seuls. L’absence d’initiatives pendant trop longtemps, conjuguée au départ des instigateurs du projet et à la démotivation des partenaires ont conduit à l’arrêt du projet en 2011.