Campbell et Cosans c. Royaume-Uni  | 1982

Les enseignants cessent d’utiliser les châtiments corporels à l’école après l’envoi des requêtes de mères écossaises à Strasbourg

Le devoir de respecter les convictions des parents en la matière ne saurait s’effacer devant la prétendue nécessité de tenir la balance égale entre les doctrines antagonistes dont il s’agit ; pour s’en acquitter, il ne suffit pas davantage au gouvernement de mener sa politique d’abolition progressive des châtiments corporels.

Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, février 1982

 

Contexte

Grace Campbell et Jane Cosans avaient toutes deux des enfants scolarisés à l’école publique en Écosse, où les enseignants étaient autorisés à frapper les élèves avec une lanière de cuir à titre disciplinaire.

Mme Campbell avait demandé au conseil régional l’assurance qu’aucun châtiment corporel ne serait jamais infligé à son fils Gordon, âgé de 7 ans. Le conseil a refusé de lui donner cette assurance.

Le fils de Mme Cosans, Jeffrey, alors âgé de 15 ans, a refusé de subir un châtiment corporel pour avoir pris un raccourci à travers un cimetière pour rentrer chez lui. Il a fait l’objet d’une mesure d’exclusion et n’est jamais retourné à l’école.

Les deux mères ont saisi la Cour européenne des droits de l’homme.

Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme

La Cour de Strasbourg a constaté qu’aucune sanction corporelle n’avait en fait été infligée aux deux enfants et estimé que leur situation ne s’analysait ni en torture ni en traitement inhumain.

Toutefois, en autorisant le recours aux châtiments corporels dans les écoles publiques, les autorités avaient porté atteinte au droit des requérantes d’assurer l’éducation de leurs enfants conformément à leurs convictions philosophiques.

En fin de compte, de quoi parlons-nous véritablement, si ce n’est de frapper quelqu’un ?

Le fils de Grace Campbell, Andrew, lors d’une interview à la BBC

Suites

En 1986, le Gouvernement britannique a fait adopter une nouvelle loi sur l’éducation abolissant les châtiments corporels dans les écoles publiques. La loi est entrée en vigueur l’année suivante.

Grace Campbell et Jane Cosans ont reçu une indemnité pour frais de procédure et dépens, et une somme de 3 000 livres sterling a été allouée à Jeffrey Cosans pour dommage matériel et moral.

Themes:

Exemples similaires

Réformes adoptées à la suite du traitement inhumain d’une fillette de 4 ans

Lorsqu’elle avait 4 ans, Tabitha Mitunga a été placée en détention pendant près de deux mois par les autorités belges, sans qu’aucun membre de sa famille, aucun proche, ni aucune autre personne ne soit désigné pour s’occuper d’elle. Elle a subi un préjudice psychologique et la Cour européenne a jugé que ses droits avaient été violés. Cette affaire a mis en lumière la nécessité d’améliorer la...

Read more

Un père remporte la bataille pour voir son fils, et pour les droits de l’ensemble des parents tchèques

Quand la femme de Vladimír Zavřel a quitté le domicile familial, elle a emmené l’enfant de 6 ans du couple et empêché le père de voir celui-ci. Vladimír Zavřel a saisi la justice pour qu’elle ordonne des contacts avec son fils, mais les autorités n’ont pas exécuté l’ordonnance rendue par la tribunal. La Cour européenne a estimé que cela violait le droit au respect de la vie familiale. Des...

Read more

Réformes réalisées après qu’une mère a perdu la garde de ses enfants uniquement à cause de sa religion

Ingrid Hoffmann était témoin de Jéhovah. Quand elle a divorcé, un psychologue pour enfants a conseillé de lui donner la garde de ses deux enfants parce qu’ils étaient très liés. Cependant, un tribunal a jugé que le père devait avoir la garde en raison de la religion de la mère. La Cour européenne a estimé que c’était discriminatoire, ce qui a conduit à prendre des mesures pour éviter qu’une...

Read more