Le 30 juin 2020, un webinaire sur l'éducation inclusive pendant la période de la Covid-19 a été organisé conjointement par la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) et la présidence grecque du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe. L'événement a été organisé suite à la fermeture d'écoles dans la plupart des pays européens et au passage à l'enseignement en ligne et/ou à distance en raison de l'épidémie de Covid-19. Elle a abordé en particulier le problème de l'impact négatif qu'elle a eu sur les enfants en situation de vulnérabilité, notamment les enfants roms et migrants, dont la situation déjà difficile a été encore aggravée par la crise.
Le webinaire a rassemblé un certain nombre d'acteurs internationaux et nationaux clés travaillant contre le racisme et la discrimination des enfants issus de milieux vulnérables, ainsi que des experts de l'éducation, entre autres. L'objectif principal de la réunion était de discuter des moyens de contrer toute forme de discrimination à laquelle ces groupes d'élèves sont confrontés, pendant la période des arrangements scolaires exceptionnels résultant des réponses des gouvernements à la Covid-19. Il est important de noter que les discussions visaient également à trouver des remèdes aux discriminations structurelles accrues, y compris le manque d'accès aux outils, à une connexion Internet ou à la limitation des capacités des parents à guider et à aider leurs enfants.
Les enseignants qui travaillent avec les enfants font partie intégrante de la garantie d'une éducation inclusive, en particulier en ces temps difficiles. Non seulement ils sont la clé d'une éducation créative et efficace par divers moyens, mais ils sont également conscients des besoins et des difficultés de leurs élèves. C'est pourquoi le projet joint de l'Union européenne et du Conseil de l'Europe, INSCHOOL a été très pertinent dans la discussion. Pendant la pandémie, les équipes d'INSCHOOL ont travaillé en étroite collaboration avec les écoles pour identifier les besoins les plus urgents des élèves, des enseignants et des parents, et ont réussi à répondre à ces besoins par l'octroi de petites subventions (plus d'informations ici).
C'est pourquoi l'une des écoles du projet INSCHOOL était représentée par M. Valentin Dragos Biro, le directeur de l'école "Nicolae Titulescu" de Buzau, en Roumanie. Cette intervention a permis de donner divers exemples d’initiatives que l'école a mis en place à la suite de l'épidémie de Covid-19 et de la façon dont elle a réussi à inclure tous les enfants de manière adaptée. Ces exemples, qui comprennent la relance d'une plateforme d'apprentissage, le soutien aux enseignants et la création de groupes WhatsApp avec les parents, constitueront une bonne pratique au niveau du projet et seront utilisés pour soutenir les écoles et mieux les préparer pour l'avenir.
"Si jusqu'à récemment nous parlions d'intégration, ce qui signifie que l'élève doit s'adapter aux exigences de l'école, maintenant nous parlons d'inclusion, ce qui veut dire que c’est l'école qui change dans le sens ou elle doit offrir des opportunités pour faire grandir et atteindre le potentiel maximum de chaque élève, d'autant plus qu'il s'agit d'enfants appartenant à des milieux défavorisés, d'enfants roms, d'enfants ayant des besoins éducatifs spéciaux ou d'enfants issus de familles à la limite inférieure de la pauvreté ou de familles monoparentales. Par conséquent, l'existence d'une culture organisationnelle solide et inclusive garantit un élément de stabilité dans un monde éducatif extrêmement dynamique (comme la société elle-même), d'autant plus que les changements sont inconnus, comme cette pandémie". (Biro Valentin - Directeur de l'école secondaire "Nicolae Titulescu", Buzau, Roumanie)
L'école, ainsi que d'autres écoles faisant partie de la cohorte sélectionnée dans les deux cycles de mise en œuvre, a travaillé à un rythme intensif avec l'Index d'inclusion" et a eu l'avantage de bénéficier d'une plateforme en ligne pleinement fonctionnelle avant la pandémie, fournie par les autorités locales.
Du côté des exécutants, INSCHOOL était représenté par Mme Aurora Ailincai, Cheffe de division adjointe au sein de l'équipe des Roms et des Gens du voyage du Conseil de l'Europe. L'intervention de Mme Ailincai s'est attachée à souligner que les défis posés par la pandémie n'étaient pas nouveaux - les tendances déjà existantes en termes de décrochage, d'absentéisme et de réussite scolaire générale des enfants en situation vulnérable, parmi lesquels de nombreux Roms, ont été exacerbées par la crise et nécessitent des solutions immédiates de peur qu'une deuxième crise ne s'ensuive en raison de la fermeture des écoles entre mars et mai 2020 dans la plupart des pays de l'UE.
Mme Ailincai a conclu par deux points principaux concernant les transformations nécessaires suite à la pandémie. Le premier concerne les structures et institutions existantes qui ont besoin d'être transformées et adaptées afin d'offrir des chances égales à tous les enfants, y compris les enfants roms, en tant que mesure concrète à long terme pour la reprise économique imposée par COVID-19.
"La pandémie [...] a contribué à l'aggravation des inégalités structurelles déjà existantes dans la plupart des Etats membres du Conseil de l'Europe. Il est difficile de construire une école inclusive dans un environnement non inclusif. Et je dis cela parce que la crise COVID-19 a frappé à un moment où l'Europe était confrontée à des défis politiques, environnementaux et en matière de droits de l'homme, et où la plupart des systèmes éducatifs n'étaient pas prêts - ni à se concentrer sur l'éducation aux droits de l'homme et à la lutte contre la discrimination, ni à passer très rapidement au monde de l'apprentissage numérique. Pour pouvoir concevoir et penser un système éducatif inclusif, il faut une réelle volonté politique de réformes et de changements fondamentaux, une compétence et une capacité des institutions à assurer une bonne gouvernance démocratique (y compris la gouvernance scolaire), et la compréhension, l'ouverture et l'engagement de tous les citoyens pour la transformation".
La seconde semble être une opportunité révélée par la pandémie et elle implique de préparer les écoliers de tous horizons à la prochaine numérisation de l'enseignement scolaire qui ne peut qu'être bénéfique et contribuer à réduire la fracture numérique à l'avenir. Plus concrètement, l'éducation en ligne devrait être le prochain objectif des experts en éducation qui devraient penser et transformer l'enseignement à distance en une méthode inclusive attrayante : l'éducation inclusive a été pensée à une époque d'interaction sociale, qui est aujourd'hui remplacée par la distanciation sociale.
"L'éducation en ligne pourrait être utilisée comme un lien qui réduirait le fossé entre les élèves et permettrait d'atteindre un plus grand nombre d'enfants : par exemple, dans le cas de la migration pendulaire des parents, l'accès à l'éducation peut être assuré pour les enfants qui voyagent avec les parents ; les enfants présentant des difficultés pour assister aux cours (en raison de maladies, de la vie dans des zones éloignées ou pour toute autre raison) pourraient bénéficier de l'éducation en ligne pendant la période d'absence de l'école, ce qui pourrait réduire les taux d'abandon et le risque de stigmatisation par les autres enfants ou le personnel scolaire. Les gouvernements devraient anticiper et voir le potentiel de l'éducation inclusive et de l'éducation en ligne inclusive, et y investir massivement".
La retransmission en direct sur Facebook peut être regardée sur la page officielle du Conseil de l'Europe - Direction générale de la démocratie.
Le programme complet et la note conceptuelle se trouvent sur la page web dédiée de l'ECRI.
