Une étude de cas
L’étude de cas présentée ci-après montre comment utiliser le guide pratique par étapes qui figurent au chapitre 7.
Chaque contre-récit doit être personnalisé en fonction de la situation particulière dans laquelle le discours de haine s’inscrit. Les sections 5.4 et 5.5 décrivent comment une approche narrative fondée sur les droits de l’homme peut offrir une alternative efficace au discours de haine.
L'étude de cas
La Cimade organise le festival Migrant’scène en France
Élaboré par Agata de Latour, à partir de renseignements fournis par La Cimade
Depuis plusieurs décennies, les valeurs fondamentales de la France, Liberté, Égalité et Fraternité, sont mises en péril. Malgré ses contributions historiques au développement des droits de l’homme, la France parvient difficilement à tenir ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme et d’action humanitaire pour les demandeurs d’asile, les réfugiés et les migrants. Ce constat s’applique à de nombreux domaines : les entraves administratives et juridiques aux procédures d’asile ; les difficultés d’accéder aux informations, et l’accès restreint aux services publics, aux logements et aux soins de santé ; les conditions de vie alarmantes dans les centres de détention ; ainsi que les pratiques discriminatoires et les mauvais traitements. Tous ces facteurs renforcent la précarité, l’appauvrissement, l’isolement et l’exclusion de la population migrante sur le territoire français1.
La société française devient aussi moins tolérante et moins respectueuse de la différence. On observe une montée constante des propos et des actes racistes, comme en témoignent des rapports de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH)2. La Commission consacre une grande partie de ses rapports aux discours de haine diffusés en ligne qui ciblent toutes les minorités, telles que les musulmans, les juifs ou les Roms et, depuis quelques années, les réfugiés. Les rapports confirment qu’en tant qu’espace dédié à la libre circulation des idées, l’internet est également devenu l’espace de la prolifération de la haine et de la banalisation du mal.
L’islamophobie et le discours de haine contre les migrants ont pris de l’ampleur, en particulier depuis les attentats terroristes de 2015 et de 2016, mais ces tendances existent depuis des décennies. L’association La Cimade lutte depuis 2009 contre le récit oppressif général qui cible les migrants et les réfugiés, en organisant une série d’activités, comme le festival Migrant’scène présenté dans l’exemple qui suit.
Phase 1. Analyse du récit oppressif
Le récit oppressif analysé apparaît dans deux espaces différents mais étroitement liés : les espaces de discours public dans lesquels des responsables politiques de premier rang s’expriment, et les espaces des réseaux sociaux dans lesquels des individus peuvent donner leur point de vue et répondre à des messages.
Parmi les preuves textuelles de ces récits oppressifs, on peut citer les propos suivants de certains responsables politiques :
- « Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux ! »3
- « Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. [...] Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique. En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation».4
Ces exemples font directement référence à la défense des valeurs et des traditions de la « civilisation française ». Le discours de haine s’appuie sur l’amour de la patrie.
On trouve également les preuves textuelles de récits oppressifs dans certains messages Facebook. Ainsi, plusieurs commentaires provenant de lecteurs d’un journal du nord de la France étaient significatifs puisque cette région abritait l’un des plus grands campements de migrants non autorisés (surnommé « la Jungle »). Les migrants qui voulaient se rendre au Royaume-Uni par bateau ou par train vivaient dans ce campement. Les exemples textuels se présentent comme suit :
- « Et merde, voilà qu’ils y vont à la nage, Mdr. Faut encore de l’entraînement. Par chance, t’en as qui mourront peut-être »5
- « Les camionneurs devraient être armés et ne pas hésiter à tirer [sur les migrants]».6
ÉTAPE 1 : Analyse du contenu, de la structure et du ton d’un discours hostile
Les responsables politiques emploient un langage conventionnel et un ton arrogant, offensant, voire déshumanisant. Du côté des lecteurs, le langage est informel et le ton ironique, menaçant, offensant, déshumanisant et agressif. Leurs propos appellent à la violence.
La structure est la même dans les deux cas. La situation initiale est celle d’un pays prospère que l’arrivée des migrants perturbe.
ÉTAPE 2 : Analyse de l’intention du discours hostile
Les preuves textuelles provenant des responsables politiques contiennent des stéréotypes, des préjugés et des marques de racisme, par exemple, le fait de défendre l’idée d’une « civilisation supérieure ». Ces propos accentuent le rejet et le sentiment de supériorité ainsi que les comportements haineux, tout en justifiant l’expulsion des migrants par les gouvernements. Ils visent à emporter davantage de voix lors des prochaines élections, en jouant sur les sentiments de peur et de colère.
Les preuves textuelles issues du grand public mettent en évidence des sentiments de haine et ont pour intention de soutenir toute action visant à expulser les migrants de l’agglomération calaisienne et de la France en général. Les propos appellent explicitement à commettre des actes violents, en préconisant, par exemple, que les camionneurs soient armés et n’hésitent pas à tirer sur les migrants. Ce message constitue clairement une incitation à la haine.
ÉTAPE 3 : Analyse du contexte
- La culture postcoloniale de la France et un sentiment de supériorité inscrit dans le contexte historique
- Un discours public de plus en plus raciste et hostile aux migrants, en vue de justifier certaines mesures gouvernementales et des lois oppressives7, et de gagner des voix dans les élections à venir (méthode auparavant uniquement employée par le Front national). Une classe politique qui joue sur les émotions populaires en entretenant un climat où la peur et l’indifférence priment sur la solidarité. Renforcement d’un contexte politique haineux et oppressant, qui a ouvert la porte à l’intolérance et au racisme, laissé « libre cours » à l’explosion de discours de haine dans la sphère publique et favorisé la banalisation du mal.
- Diversion par rapport à d’autres problèmes sociétaux, tels que la crise économique et la hausse du chômage
- Afflux massif de migrants entre 2014 et 2016 nommé « crise des réfugiés », qui a contribué à la montée en puissance du Front national, des idées nationalistes et d’un climat général de haine envers les migrants en France et en Europe
- Expulsions régulières de migrants intra- et extra-européens du territoire français par le gouvernement de droite
- Grand public insuffisamment informé de la situation des migrants et nécessité croissante d’agir pour déconstruire les stéréotypes et les préjugés, comme l’ont relevé des bénévoles d’ONG et des travailleurs de terrain
- Hausse des attentats terroristes et menace du prétendu État islamique d’intensifier ses attaques, d’où une atmosphère de peur, de rejet de l’« Autre », les migrants étant jugés responsables de tous les problèmes
- Des décideurs politiques (de partis de gauche et de droite) qui utilisent des discours de haine pour obtenir des voix et légitimer leurs actions.
ÉTAPE 4 : Analyse des cibles du discours hostile
Les migrants – et particulièrement, les demandeurs d’asile et les réfugiés – sont ciblés comme un groupe en général. Ces groupes ont toujours été marginalisés et victimes de discriminations.
ÉTAPES 5 et 6 : Analyse des médias et de la répartition géographique
Les responsables politiques s’adressent principalement aux médias généralistes français, qu’il s’agisse de la presse locale et nationale, de la télévision ou de la radio. Le public utilise des groupes Facebook liés à des journaux locaux, par exemple, un journal calaisien. Les messages diffusés sont ensuite retransmis sur des pages qui ont une portée régionale et nationale.
ÉTAPE 7 : Faits et sources vérifiés
Les récits oppressifs s’appuient sur des témoignages issus d’observations directes, et sur certains reportages qui font état d’une hausse du nombre de migrants et de réfugiés, en particulier dans certains endroits, comme Calais.
ÉTAPE 8 : Analyse de l’impact sur des personnes, des groupes ou la société
Les déclarations faites par certains responsables politiques connus ont conduit à légitimer et à banaliser le discours de haine. Les migrants sont déshumanisés, et les attitudes racistes, intolérantes et haineuses se développent. Dans ces circonstances, les partis d’extrême-droite gagnent du terrain en France et dans toute l’Europe.
Les discours de haine qui sont diffusés en ligne déshumanisent les migrants et accroissent les tensions, la violence et les attitudes haineuses. Celles-ci contribuent à créer un climat général dans lequel la peur et la colère prennent de l’importance. L’idée d’un choc des civilisations entre « nous » et « eux » et les attitudes de repli annihilent toute capacité d’ouverture envers les migrants et compromettent leur inclusion dans la société française. La situation est aggravée par les difficultés économiques et par le niveau de chômage élevé.
Phase 2. Conception du contre-récit
L’idée d’un contre-récit présentée ci-après s’appuie et s’inspire des actions de l’association française La Cimade8 qui vient en aide aux personnes déplacées et aux migrants depuis 1939.
ÉTAPE 1 : Définition de la vision et des objectifs
Vision
La vision de La Cimade est que les principes de la liberté, de l’égalité et de la fraternité s’appliquent à tous. L’association veut que les membres de la société française respectent le droit des personnes d’être protégées contre la violence et de demander l’asile, garantissent un traitement humain et reconnaissent la contribution que chacun apporte à la culture et à la société françaises, y compris celle des migrants, conformément au véritable sens de la devise « Liberté, égalité et fraternité ».
Objectifs à court terme (réaction immédiate)
En réaction au discours : dénoncer les discours de haine qui émanent des dirigeants et d’autres agents publics par la voie de communiqués de presse et d’articles publiés dans les journaux grand public.
En réaction aux commentaires haineux en ligne : dénoncer les discours de haine et promouvoir les droits de l’homme dans les réseaux sociaux, occuper le cyberespace, et signaler les propos haineux à la plate-forme web sur laquelle ils sont diffusés (dans notre exemple, la plate-forme web du journal).
Objectif à moyen terme
La vocation première du festival Migrant’scène9est de conquérir le public et, à plus long terme, de le sensibiliser pour promouvoir la vision « liberté, égalité et fraternité pour tous en France ». Le festival rassemble un public très large, composé de familles avec des enfants, de travailleurs sociaux et de responsables de jeunes, d’enseignants, et de promeneurs. Depuis quelques années, de plus en plus de jeunes assistent également à ses spectacles, à la recherche de réponses aux questions complexes de nos sociétés. Le festival englobe des spectacles de théâtre de rue, des concerts, des expositions de photographie, des jeux, des débats et des manifestations interculturelles fondées sur des méthodes d’éducation informelle. Cette approche favorise l’empathie et la compassion au lieu de se limiter à l’apprentissage théorique de ce que représente le fait d’être un migrant. L’objectif n’est pas d’imposer une opinion, mais de réunir les gens pour qu’ils expriment et échangent des réflexions et des idées sur les préjugés, et finalement les déconstruisent.
Objectifs à long terme
- Promouvoir une compréhension inclusive des valeurs françaises « Liberté, Égalité et Fraternité »
- Renforcer la prise de conscience de la situation réelle des migrants
- Informer le public sur les processus migratoires et les conditions de vie des migrants
- Déconstruire les préjugés et lutter contre les discriminations
- Changer les lois qui concernent les migrants
- Faire évoluer les attitudes et les idées relatives aux migrants et à la migration.
Réalisations spécifiques
- Renforcer les capacités des bénévoles locaux qui participent aux campagnes de sensibilisation et les former, en leur fournissant les compétences nécessaires pour animer des ateliers, réagir à des discours hostiles et apporter un soutien psychologique aux migrants
- Créer des outils et des ressources pédagogiques destinés à des ateliers et à des campagnes de sensibilisation
- Fournir aux bénévoles des outils et des ressources pédagogiques destinés à des ateliers pour enfants et pour adultes
- Transmettre ces outils et ces ressources au grand public pour encourager les citoyens à mener leurs propres actions de sensibilisation à la situation et aux droits des migrants
- Consolider le réseau des groupes locaux de bénévoles pour élaborer des projets communs à l’échelle nationale
Réalisations mesurables
- Nombre de communiqués et d’articles de presse, et nombre de lecteurs
- Nombre de messages et nombre d’abonnés sur les réseaux sociaux
- Nombre de partenariats avec d’autres ONG, des universités, des organismes du secteur public et des écoles
- Nombre de campagnes de sensibilisation
- Nombre de personnes touchées par ces campagnes
- Nombre de personnes touchées par des manifestations annuelles précises (par ex., un festival)
ÉTAPE 2, ÉTAPE 3, ÉTAPE 4, ÉTAPE 5 :
Définir le public cible du contre-récit (2), choisir le contenu et le ton en fonction du public (3), protéger les valeurs et les approches relatives aux droits de l’homme (4), les médias (5)
Public cible, contenu, ton, médias
Public cible – responsables politiques
Contenu : sensibilisation, recommandations de changement de la législation, analyse politique des dysfonctionnements juridiques et de leur impact sur les migrants
Ton : conventionnel, arguments juridique, faits, chiffres
Médias : lettres, communiqués et articles de presse, réunions, site web
Public cible – secteur public et universités
Contenu : recommandations relatives aux programmes scolaires portant sur les flux migratoires, manifestations de sensibilisation – documentaires courts, expositions, récits... pour humaniser les migrants
Ton : humour, ironie, jeux
Médias : réseaux sociaux, réunions, sites web, blogs
Public cible – la jeunesse
Contenu : outils de sensibilisation et ressources pédagogiques (par ex. jeux, documentaires courts, atelier sur les préjugés et leur déconstruction, atelier sur les identités multiples – arbres généalogiques, etc.)
Ton : humaniser les migrants
Médias : réseaux sociaux, participation à des événements destinés à la jeunesse (par ex., la Fête de l’Humanité)
Société civile (travailleurs sociaux, bénévoles)
Contenu : ateliers sur la situation des migrants, les lois sur la migration, l’histoire des migrations et de leurs flux
Ton : informations juridiques et techniques, mais aussi rencontres avec des migrants
Médias : actions sur le terrain et partenariats avec d’autres organisations telles qu’ATD Quart Monde, les Restos du Cœur, etc.
Médias
Contenu : communiqués et articles de presse sur les politiques migratoires, récits de migrants – par ex. portraits
Ton : conventionnel, juridique, technique, rationnel, factuel, et récits pédagogiques et affectifs sur les migrants, destinés à montrer l’incidence d’une législation oppressive sur leur vie et à humaniser cette population
Médias : presse, réseaux sociaux, pétitions, débats publics, représentations théâtrales de plein air
Public cible – Institutions européennes, organisations internationales
Contenu : sensibilisation, partenariats
Ton : conventionnel, technique, rationnel, factuel
Médias : presse, réseaux sociaux, pétitions, débats publics
ÉTAPE 6 : Élaboration d’un plan d’action autour des contre-récits
- À court terme : communiqués de presse, reportages, articles en ligne, utilisation emploi des réseaux sociaux
- À moyen terme : tenue du festival (2009) et lancement de campagnes de sensibilisation
- À long terme : organisation chaque année du festival (entre le 12 novembre et le 4 décembre pour 2016)
Les principales actions menées ont été l’organisation du festival Migrant’scène dans une ville en 2009 et plusieurs campagnes et activités pédagogiques associées. Celles-ci englobaient du théâtre de rue, des concerts, une exposition de photographie, des jeux, des débats et des manifestations interculturelles. Le festival continue d’être organisé chaque année, et en 2016, des activités ont eu lieu dans 55 villes françaises.
Les activités pédagogiques comprenaient des recherches et la création d’outils et de ressources pédagogiques destinés aux campagnes, comme le « Petit guide-Lutter contre les préjugés sur les migrants ».10
L’organisation de toutes ces activités nécessitait de former des équipes locales d’éducateurs, employés et bénévoles, de coopérer avec les médias, de travailler avec les artistes, d’assurer la coordination et la levée de fonds.
Phase 3. Mise en oeuvre
ÉTAPE 1 : Lancement
Le lancement du contre-récit a été effectué pendant le festival Migrant’scène en 2009. À cette occasion, un large éventail d’activités d’éducation et de sensibilisation a été déployé.
ÉTAPE 2 : Coopérer avec les médias
La coopération avec les médias englobait les mesures suivantes :
- Rencontrer des rédacteurs en chef de journaux ou d’autres médias pour présenter l’action de l’organisation
- Présenter aux journalistes des travaux de recherche, des données factuelles et des ressources pédagogiques
- Les aider à préparer des communiqués et des articles de presse
- Organiser des actions médiatiques extraordinaires, par exemple une prestation au cours de laquelle 100 personnes se sont allongées par terre devant la préfecture, enveloppées dans des draps blancs pour faire semblant d’être mortes, en vue de symboliser l’impact de l’expulsion de migrants malades11.
ÉTAPE 3 : Personnes d’influence
La Cimade a demandé à des artistes et à des acteurs célèbres comme Jean-Louis Trintignant, mais aussi à des philosophes, des psychologues et des créateurs de participer à deux campagnes, « Valeur ajoutée : en France, l’étranger n’est ni un problème, ni une menace »12 et « Le vrai visage des migrants »13.
ÉTAPE 4 : Dialoguer avec les auteurs de discours de haine et avec leurs groupes cibles
- Face aux auteurs de discours de haine, La Cimade a réussi à répondre en évitant les escalades verbales, à maintenir le calme et à agir dans le respect des droits de l’homme
- S’agissant du public ciblé par les discours de haine, La Cimade a mobilisé une solide équipe de psychologues pour accompagner les migrants qui ont subi des expériences traumatiques, telles que le rejet, l’isolement, la violence et les discours de haine. Ces professionnels forment les bénévoles des groupes locaux afin qu’ils puissent venir en aide aux migrants et les soutenir en écoutant leurs récits, en les informant de leurs droits et en les défendant. Ils organisent également des manifestations interculturelles avec eux.
Phase 4. Suivi et évaluation
ÉTAPE 1, ÉTAPE 3 : Suivi
- Assurer le suivi des participants aux campagnes ou aux festivals de sensibilisation : les données recueillies comprenaient le nombre de participants, le nombre de ceux qui sont revenus l’année d’après, et ce qui a changé chez eux après la campagne (enquêtes de Google, entretiens, jeux ou débats à différentes occasions, comme des festivals, des expositions de photographie, des concerts, etc.)
- Assurer le suivi des bénévoles engagés dans les actions : retour d’information sur la participation et sur les réactions du public (lors des rencontres des équipes régionales avec les coordonnateurs nationaux, les bénévoles partagent leurs comptes rendus et leurs impressions sur les attitudes du public dans le cas d’actions adaptées aux besoins en fonction de la région, de l’âge et du niveau de connaissance de la population locale)
- Suivi des conversations en ligne et hors ligne : commentaires dans Facebook.
ÉTAPE 2 : Évaluation de la portée
Par an : la campagne a touché 35 000 personnes, 30 000 personnes étaient présentes au festival, 100 000 migrants ont pu être accompagnés, 400 partenariats ont contribué aux actions (par exemple, avec des ONG, des universités et des collectivités locales), 2 000 bénévoles ont participé à des actions, la publication de communiqués de presse et la rédaction d’articles : Facebook : 35 000 « fans » ; Twitter : 12 000 abonnés. Les outils d’évaluation, comme le suivi des réseaux sociaux, les enquêtes et les comptes rendus des équipes régionales, ont permis de mesurer les progrès réalisés dans toutes les régions de France. D’autres données recueillies englobaient le nombre d’abonnés et le nombre de bénévoles qui se sont joints à l’organisation. Le festival, qui a été organisé en 2009 dans une seule ville, s’est déroulé dans 55 villes françaises en 2016.
ÉTAPE 4 : Évaluation
Évaluation et résultats
- La manière la plus efficace d’établir un contre-récit dans le long terme consiste à sensibiliser le public. À cette fin, il convient de créer des espaces de réflexion sur les questions complexes et de renforcer les compétences et le savoir-faire favorisant une citoyenneté active et le respect des droits de l’homme
- L’émergence d’actions et de manifestations de sensibilisation menées par des citoyens, des communautés et des groupes informels visant à transmettre aux autres ce qu’ils ont retenus eux-mêmes des actions passées.
Nécessité d’ajustements
- Les premiers contre-récits étaient élaborés en soulignant les préjugés, qui étaient nommés et énumérés. La méthode consistait à citer et à répéter les récits oppressifs, par exemple dans le « Petit guide – Lutter contre les préjugés sur les migrants », puis à les démonter par d’autres faits, d’autres discours et d’autres récits
- Les retours d’information fournis par les travailleurs sur le terrain, les bénévoles, les chercheurs et les psychologues participants ont mis en évidence qu’il était dangereux de reformuler le récit oppressif, car il se grave dans l’esprit du public
- Les ajustements consistent à retirer toute référence spécifique, pour émettre directement des récits alternatifs axés sur les droits de l’homme. L’objectif consiste à ne pas reformuler-et ainsi multiplier-les déclarations hostiles mais d’ouvrir plutôt la porte au questionnement en vue d’approfondir la réflexion. L’aspect le plus important est donc de créer des contre-récits et des récits alternatifs dans le contexte des droits de l’homme.
Notes de fin
- 1 En 2016, l’association française La Cimade a publié un rapport sur les relations entre les demandeurs d’asile et les autorités judiciaires françaises, intitulé « À guichets fermés », qui peut être consulté à l’adresse www.lacimade.org/publication/a-guichets-fermes, depuis le 30 août 2016.
- 2 Page web de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, disponible à l’adresse www.cncdh.fr, consultée le 20 août 2016.
- 3 Commentaires d’une députée d’un parti de droite à propos de l’arrivée de migrants en 2012
- 4 Ancien ministre français
- 5 Une internaute à propos de cinq migrants qui tentaient d’atteindre un ferry à la nage en 2015
- 6 Un autre internaute incitant les camionneurs à faire acte de violence en 2015
- 7 ’Lassociation française La Cimade a fait état du nombre croissant d’expulsions depuis 2008 ainsi que des conditions de vie déplorables des migrants dans les centres de rétention, et de dysfonctionnements administratifs observés dans le processus des expulsions
- 8 Page web de l’association La Cimade à l’adresse www.lacimade.org, consultée le 27 août 2016
- 9 Page web du festival Migrant’scène, disponible à l’adresse www.festivalmigrantscene.org/ et consultée le 27 août 2016
- 10 Page web de l’association La Cimade, disponible à l’adresse www.lacimade.org/nos-actions/sensibilisation, consultée le 27 août 2016
- 11 Page web Rue89Lyon, disponible à l’adresse www.rue89lyon.fr/2015/06/16/etrangers-malades-un-die-in-pour-denoncer-le-couloir-de-la-mort-a-la-francaise, consultée le 27 août 2016
- 12 Page web de l’association La Cimade sur la campagne « Valeur ajoutée », http://www.valeurajoutee.lacimade.org, consultée le 27 août 2016
- 13 Site web Visages de Migrants, disponible à l’adresse http://visagesdemigrants.lacimade.org/, consulté le 27 août 2016