Paksus c. Lituanie | 2011

La Constitution modifiée pour que l’ancien président ne soit plus inéligible à vie au Parlement

[…] la décision de refuser tout mandat législatif futur à un haut responsable qui s’est rendu indigne de ses fonctions appartient avant tout aux électeurs […]

Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, janvier 2011 - Photo : Wikimedia Commons

Contexte

Rolandas Paksas, ancien président lituanien, fut démis de ses fonctions en 2004 par impeachment, procédure parlementaire qui permet de destituer le chef de l’État s’il a violé la Constitution du pays.

La Cour constitutionnelle lituanienne avait conclu, entre autres, que M. Paksas avait illégalement accordé la nationalité du pays à un entrepreneur étranger pour le remercier d’avoir soutenu sa campagne électorale. Il avait également révélé à ce même entrepreneur un secret d’État en l’avertissant qu’il faisait l’objet d’une enquête.

Malgré sa destitution, M. Paksas décida de se présenter aux élections présidentielles suivantes.

Mais avant le scrutin, le Parlement modifia la loi pour interdire à tout individu ayant été démis de son mandat d’être élu président avant un délai de cinq ans. M. Paksas ne fut donc pas autorisé à se présenter.

La Cour constitutionnelle lituanienne jugea que cette interdiction était compatible avec la Constitution du pays, mais non le délai de cinq ans : selon elle, l’interdiction devait être permanente.

Le Parlement modifia alors la loi sur les élections législatives pour interdire à tout individu destitué à la suite d’une procédure d’impeachment de devenir député.

Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme

La Cour européenne a conclu qu’en privant Rolandas Paksas « définitivement et irréversiblement » de la possibilité de se présenter à des élections législatives, la Lituanie avait porté atteinte à ses droits.

Suites

En avril 2022, le Parlement lituanien a modifié la Constitution afin que toute personne destituée ne se voie pas interdire de manière « définitive et irréversible » de se présenter aux élections législatives et présidentielles, mais redevienne éligible après un délai d’« au moins dix ans ».

Compte tenu du temps écoulé depuis sa destitution, Rolandas Paksas peut donc désormais se présenter aux prochaines élections législatives.

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