Le processus de Dialogue démocratique structuré ‒ PDDS (élaboré par Alexander Christakis et John Warfield) est une méthodologie scientifique entièrement argumentée pour la conception collaborative à grande échelle, efficace pour :

  • résoudre dans un délai raisonnable des conflits multiples et des problèmes de complexité croissante ;
  • recueillir la sagesse collective de diverses parties prenantes se heurtant à des difficultés ;
  • aider des groupes hétérogènes aux opinions divergentes et aux intérêts conflictuels à élaborer collectivement un cadre commun de réflexion s’appuyant sur la recherche de consensus et aboutissant par conséquent à des résultats.

Conditions préalables d’un processus réussi

Un groupe restreint, l’« équipe de gestion des connaissances » (ÉGC ‒ Knowledge Management Team, KMT) composé des détenteurs du problème, de représentants des principales parties prenantes et des experts du processus de Dialogue démocratique structuré, joue un rôle crucial dans la coordination du processus (identification de toutes les parties prenantes, rédaction des questions déclenchantes, préparation des rapports, invitation des participants, etc.).

L’identification des parties prenantes revêt à cet égard une importance primordiale. Elles regroupent nécessairement tous ceux pour qui toute décision prise pourrait influer sur les conditions de vie, c’est-à-dire qui représentent précisément l’ensemble des éléments du sujet et couvrent toutes ses facettes (parties prenantes locales, organisations publiques et semi-publiques concernées, ONG, citoyens actifs, etc.).

Structure du processus de Dialogue démocratique structuré

À l’occasion d’une table ronde, les participants sont invités à répondre à une Question déclenchante formulée par l’équipe de gestion des connaissances.

Toutes les réponses à la question déclenchante (une idée en une seule phrase) sont enregistrées à l’aide d’un logiciel spécialisé, imprimées et affichées (ou projetées) au mur.

Pour une meilleure compréhension et éviter les chevauchements et cumuls, les auteurs des propositions apportent des éclaircissements et détaillent leurs idées.

Celles-ci sont regroupées (approche ascendante) par catégories en fonction d’une similitude d’attributs pour en découvrir les dimensions.

Chaque participant se voit attribuer cinq suffrages et il lui est demandé de choisir les cinq idées qu’il préfère (celles qu’il considère comme les plus importantes). Seules les idées ayant recueilli des suffrages sont admises à participer à l’étape suivante, la phase la plus importante.

Il est alors demandé aux participants d’examiner les influences exercées par les idées les unes sur les autres. Si la réponse est « oui » (à la grande majorité), l’influence est enregistrée à l’aide du logiciel spécialisé qui minimise le nombre de requêtes au moyen d’un algorithme mathématique connu sous le nom de modélisation interprétative structurale (Interpretive Structural Modeling).

L’enregistrement des liens aboutit à la production d’un « arbre d’influences » (« Mur d’obstacles », « Carte de vision » ou « Carte d’action »). L’« arbre d’influences » est présenté aux participants et fait l’objet d’une discussion.

Valeur ajoutée du processus de Dialogue démocratique structuré

  • Caractère stratégique du dialogue ;
  • Promotion d’une approche territoriale axée sur le lieu et ascendante ;
  • Résultats à long terme plutôt qu’immédiats et temporaires ;
  • Mise en réseau et renforcement des capacités ;
  • Légitimité des acteurs et de leur travail ;
  • Engagement des parties prenantes et sentiment d’appropriation collective ;
  • Création d’une équipe restreinte (de gestion des connaissances) pour assurer la continuité du processus ;
  • Approfondissement de la confiance mutuelle des participants ;
  • Participation sur un pied d’égalité et dans le respect de l’autonomie de tous les participants ;
  • Facilitation de la compréhension mutuelle et de la recherche de consensus

Limitations du processus de Dialogue démocratique structuré

  • Processus chronophage ;
  • Obligation de formation des facilitateurs, car apprentissage nécessaire des outils mis en œuvre et du logiciel utilisé ;
  • Nécessité de s’assurer la collaboration d’au moins 15 à 20 participants, en vue d’assurer les représentations et interactions les plus larges au sein des institutions ;
  • Nécessité d’établir un climat de confiance mutuelle, condition sine qua non de l’action collective.

Applications du processus de Dialogue démocratique structuré

Les applications sur le plan mondial du processus de Dialogue démocratique structuré font l’objet d’un suivi assuré par la communauté des Agoras mondiales, qui s’attache à étendre et renforcer la méthodologie pour remédier aux lacunes et l’appliquer à plus grande échelle. De nombreux gouvernements, projets CE/CdE, entreprises et ONG ont recouru avec succès au processus de Dialogue démocratique structuré.

En conclusion, le Dialogue démocratique structuré est une méthodologie très performante de processus décisionnel en groupe, applicable à la gestion de problèmes complexes avec la participation de nombreuses parties prenantes. Cette méthodologie peut s’avérer très utile en matière de modernisation de l’administration publique dans le sens du nouveau Système de gouvernance, où les relations entre les citoyens et l’État sont celles de la collaboration et de la mise en conformité des politiques publiques, fondées sur le consensus et l’accord.