L'intelligence artificielle (IA) va avoir un impact sur notre société que l’on ne peut encore imaginer. Des algorithmes prétendent déjà pouvoir identifier les meilleurs candidats pour un emploi, assister les médecins pour établir des diagnostics médicaux ou aider les avocats devant les tribunaux. Tout cela n’est pas totalement nouveau, puisque déjà, dans les années 1980, des systèmes experts assistaient les humains avec un haut niveau d’expertise. Ce qui est nouveau aujourd’hui, c’est que les ordinateurs parviennent de manière autonome à exécuter des tâches extrêmement complexes, mais sans que leurs concepteurs ne comprennent parfois ce qui s’est passé dans la « boîte noire » de l’apprentissage profond (deep learning).

Il s’agit donc d’un domaine pour lequel nous avons clairement besoin d’une règlementation pour qu’il ne soit pas confié à des modèles mathématiques, dont on ne maîtrise ni la pertinence ni les biais, des processus de décision qui relèvent avant tout de l’humain. Le Conseil de l’Europe a rapidement proposer un encadrement de la biomédecine quand des scientifiques ont réussi à cloner pour la première fois un mouton en 1996 : encore aujourd’hui, la Convention d’Oviedo, ouverte à la signature en 1997, reste le seul instrument juridique contraignant international pour la protection des droits de l’homme dans le domaine biomédical qui, en reprenant les principes développés par Convention européenne des droits de l’homme dans le domaine de la biologie et de la médecine, prohibe le clonage humaine.

De même, l’apprentissage automatique ne peut être développé sans dresser des limites claires au-delà desquelles les risques de discrimination, d’atteinte à la vie privée, à la sécurité ou la dignité, les risques de restriction de la liberté d’expression ou de manipulation de l’opinion, sont particulièrement caractérisés. L’industrie informatique et les concepteurs d’IA, avec lesquels nous dialoguons déjà, expriment le besoin d’un meilleur lien avec les institutions mais nous devons aller même rapidement beaucoup plus loin.

Dans le cadre du processus de réforme d’Elsinore du Conseil de l’Europe, le Secrétaire Général va proposer au Comité des ministres un agenda stratégique et à inscrire, à l’horizon 2028, la question de la régulation de l’IA comme l’un des défis majeurs afin de trouver un juste équilibre entre les bénéfices des progrès technologiques et la protection de nos valeurs fondamentales.

Ce site vous permettra de suivre tous nos travaux dans ce domaine si important.

Jan Kleijssen,
Directeur
, Société de l'information - Action contre la criminalité

@JKleijssen


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