Localisation de l’initiative :
FRANCE, Lens
Lien avec les recommandations de la Stratégie 21 :
Durée de l'initiative:
Date de début : 2012 / Date de fin : en cours
Motivation / Méthodologie
Quelle était la méthodologie de votre initiative et pourquoi avez-vous adopté cette approche ? La politique d’aménagement du territoire doit contribuer à promouvoir les territoires en difficulté. Ce fut le cas à Lens, où de nombreux partenaires ont décidé d’ouvrir une filiale du musée du Louvre pour aider la région à surmonter ses difficultés économiques.
Le musée est un symbole de la reconversion du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, qui fait partie des sites inscrits depuis le 30 juin 2012 sur la liste établie par le Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Le Louvre-Lens, le « second Louvre », dirigé par Marie Lavandier, est situé à Lens dans le Pas-de-Calais, dans le nord-ouest de la France ; c’est un établissement indépendant lié au Louvre de Paris par un accord scientifique et culturel. Construit sur le site de ce qui était autrefois la mine n° 9, le musée accueille des expositions semi-permanentes représentatives des collections principales du musée du Louvre et régulièrement renouvelées. Il organise également des expositions temporaires au niveau national ou international. Lors de l’inauguration du musée le 4 décembre 2012, jour de la Sainte-Barbe, une « soirée portes ouvertes » a été organisée, avec entrée gratuite de 18 heures à minuit. Le musée a officiellement ouvert ses portes au public le 12 décembre 2012. Ce grand projet à l’échelle nationale n’est pas unique en France, voire en Europe. Il s’inscrit dans le cadre d’un effort de mise en valeur des friches industrielles et de redynamisation des territoires concernés.
Parmi les projets similaires, on peut citer la piscine de Roubaix, le musée Pompidou de Metz ou, à plus grande échelle encore, le musée Guggenheim de Bilbao ou l’IBA de Emscher Park en Allemagne.
Lens et les bassins miniers, une situation économique difficile.
- Située dans la nouvelle région des Hauts-deFrance (Pas-de-Calais), Lens a connu le déclin et la délocalisation de son industrie dans les années 1980. Ces problèmes ont été aggravés par la fermeture des dernières mines de charbon au début des années 1990, une décision qui a plongé la ville minière dans un marasme économique. Au total, quelque 200 000 emplois ont été perdus dans la région Nord-Pas-de-Calais au cours de ces deux dernières décennies.
- En dépit des politiques nationales, régionales et locales visant à remédier à cette situation, le taux de chômage y est beaucoup plus élevé que la moyenne nationale. Au cours de la première décennie de ce siècle, près d’une personne sur cinq était sans emploi, soit 20 %, contre un taux de chômage national d’environ 10 %.
- Au début des années 2000, le ministère de la Culture a décidé de décentraliser certains des grands musées parisiens afin d’apporter davantage d’activités culturelles aux régions et de stimuler l’attractivité de certaines régions en difficulté, comme les bassins miniers.
Le projet a été réalisé par un certain nombre d’acteurs dans le but de créer des emplois, de doper l’activité économique et de redynamiser la région.
Changement / Impact
Au total, 65 % des visiteurs viennent de la région des Hauts-de-France, où Lens a subi la désindustrialisation et la délocalisation industrielle dans les années 1980 avant d’assister à la fermeture des mines de charbon au début des années 1990. Cette casse industrielle a plongé la population locale dans des difficultés économiques majeures et rares étaient ceux qui appuyaient ouvertement l’idée d’investir dans un nouveau projet culturel coûteux.
Leçons apprises
Les résultats ne sont pas concluants :
En termes de nombre de visiteurs, le musée a connu un succès retentissant, avec plus de 900.000 visiteurs la première année, soit beaucoup plus que prévu. Ce succès s’explique en partie par sa situation stratégique : à quelques heures de Bruxelles, Amsterdam et Londres, le musée a attiré des personnes de 70 nationalités différentes. En même temps, l’année de l’ouverture du musée, les bassins miniers ont été classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, ce qui a permis de renforcer l’image de la région. Le millionième visiteur a été admis le 29 janvier 2014. En l’espace de deux ans, le nombre de visiteurs est passé à 1.400.000, dont 500.000 en 2014. En 2017, plus de 450.000 visiteurs ont été enregistrés, ce qui en fait le troisième musée le plus visité en province (derrière le Mucem à Marseille et le Musée des Confluences à Lyon).
On note avec intérêt qu’il attire un plus grand pourcentage d’ouvriers et d’employés que les autres musées français.
Il s’agit d’un beau succès pour une ville de 30.000 habitants : « Plus de 65 % des visiteurs viennent de la région », explique Marie Lavandier, directrice du musée. Les touristes étrangers, en revanche, ne représentent que 20 %.
Le chômage diminue tout en restant supérieur à la moyenne, et moins d’emplois que prévu ont été créés à la suite de l’ouverture du musée. Le manque d’infrastructures hôtelières, en particulier d’hôtels haut de gamme, n’incite pas les visiteurs à prolonger leur séjour
Contact
Marie Lavandier
Louvre-Lens Museum
[email protected]
https://www.louvrelens.fr/
Source de financement
L’investissement dans le projet Louvre-Lens est financé principalement par la région (60 %), l’Union européenne (20 % via le FEDER), le Conseil général du Pas-de-Calais (10 %), la commune de Lens et la « Communopole » (10 % conjointement). Les mêmes sources ont contribué dans les mêmes proportions à l’investissement initial.
Le musée a généré un revenu de 3 millions d’euros la première année (550.000 euros sous forme de sponsoring opérationnel et un peu moins de 2,5 millions d’euros de recettes provenant des ventes de billets, d’expositions temporaires, de la boutique du musée, de la cafétéria, du restaurant gastronomique, de visites guidées, de location de salles, de catalogues d’expositions, etc. Le solde, soit environ 12,5 millions d’euros, est couvert par le Conseil régional (8,7 millions d’euros), le Conseil général et la « Communopole » (à hauteur de 1,1 million d’euros chacun). Il existe également d’autres sources de revenus. La gratuité de l’entrée à l’exposition Time Gallery en 2013 et 2014 a privé le musée d’un million d’euros. Le conseil d’administration débat chaque année de la question de savoir s’il faut facturer l’entrée mais cette idée n’a pas été approuvée jusqu’ici. Un sondage a révélé que l’imposition d’un droit d’entrée priverait le musée de 33 % de ses visiteurs et, en 2019, le conseil d’administration a voté à l’unanimité de ne pas exiger de frais d’entrée dans un avenir prévisible ; les visiteurs doivent payer seulement pour visiter les expositions temporaires et continueront à le faire.