version imprimable

Les personnes migrantes découvrent un nouvel environnement social, celui dans laquelle elles vont s’installer et dans lequel elles peuvent être appelées à vivre durablement. Les membres des sociétés d’accueil découvrent, à travers eux, une nouvelle forme d’altérité, distincte des différences qui leur sont familières dans leur propre espace culturel (différences régionales, sociales, linguistiques, dans les comportements, les manières de vivre ……). Cette rencontre n’est donc pas symétrique, puisque les migrants doivent nécessairement s’adapter à un nouveau cadre de vie alors que les résidents ont seulement à faire une place à cette nouvelle forme de diversité. Mais le processus d’acceptation de la diversité est bien à double sens et il est indispensable à la cohésion sociale.

Cette forme de rencontre interculturelle ne va pas de soi, car elle peut générer des incompréhensions superficielles et surtout des réactions ethnocentriques de rejet a priori. Il convient donc de l’accompagner au moyen de dispositifs éducatifs. Pour favoriser l’acceptation des personnes d’autres cultures, l’Ecole a la responsabilité de préparer à cela tous les enfants, dès l’école maternelle. Pour cela, il faut solliciter l’éducation interculturelle, dispositif de formation qui a pour finalité de développer, au sein des enseignements (de langues et d’autres matières), des attitudes ouvertes et proactives, réflexives et critiques pour apprendre à appréhender de manière positive et à gérer de manière profitable toutes les formes de contact avec l’altérité. Elle vise à développer la curiosité pour la découverte et une gestion personnelle, attentive et bienveillante de la diversité culturelle, car elle entend assouplir les attitudes ego/ethnocentriques. Elle est nécessairement fondée sur une conception plurielle et dynamique de l’identité culturelle et sociale.

Pour les adultes migrants en formation, la sensibilisation raisonnée aux différences culturelles et à leurs raisons d’être pourra s’effectuer à partir des réactions verbales suscitées par la mise en contact (dans les cours de langue) avec des caractéristiques de la société d’installation considérées comme curieuses ou choquant des convictions profondes. De telles activités viseront à faire passer les apprenants de réactions spontanées et de nature souvent affective à des réactions contrôlées et réfléchies, ceci dans le but de complexifier les représentations. On peut, à cette fin, proposer des « activités d’éveil » à la société, dans une perspective d’orientation sociologique et anthropologique, ayant pour finalité de rendre des apports de connaissances nécessaires, de développer des compétences interprétatives non naïves et de susciter des discours en réaction à ces expériences, qui seront la matière du travail éducatif sur les attitudes que ces verbalisations traduisent. La gestion de ces réactions verbales pourra au moins viser la bienveillance linguistique, condition du vivre ensemble démocratique (voir Byram, Gribkova et Starkey : Développer la dimension interculturelle dans l’enseignement des langues).

JCB

Ressources complémentaires

  • Développer la dimension interculturelle dans l’enseignement des langues, 2002, Byram, Gribkova, Starkey, Conseil de l'Europe
     FR  EN
  • Livre blanc sur le dialogue interculturel « Vivre ensemble dans l’égale dignité », 2008, Conseil de l'Europe
    FR  EN
  • Rapport final au Comité des ministres du Conseil de l'Europe, 1998, Comité des sages.
    FR  EN