Participer à la vie démocratique d’une communauté, quelle qu’elle soit, ce n’est pas seulement voter ou se présenter à des élections, bien qu’il s’agisse là d’éléments importants. Les jeunes sont sensibles aux questions politiques qui se posent dans nos sociétés et ils s’y intéressent, mais ils constatent que les modes traditionnels de participation ne tiennent pas leurs promesses. La société civile de la jeunesse, bien que particulièrement touchée par le rétrécissement de l’espace civique, a répondu présente en temps de crise, notamment pendant la pandémie de covid-19 et auprès des réfugiés qui fuient la guerre en Ukraine. Les discriminations de toutes sortes, ainsi que la stigmatisation et l’infantilisation générales de la jeunesse, ne cessent d’entraver son engagement dans les processus et institutions démocratiques, créant un climat de méfiance et de rejet du vote.

1.    La participation des jeunes change et évolue en même temps que les jeunes et la société. Le Conseil de l’Europe et ses États membres doivent investir dans la recherche et le dialogue entre les jeunes, la société civile de la jeunesse, les chercheurs et les responsables politiques.
2.    Les modes de participation non traditionnels des jeunes doivent être reconnus et soutenus comme étant des formes d’expression légitimes de leur engagement démocratique, et être pris en compte comme il se doit dans les travaux de recherche sur la participation des jeunes.
3.    Tous les jeunes doivent avoir accès à des informations adaptées et à une éducation formelle et non formelle de qualité sur la participation démocratique et les structures et processus décisionnels aux niveaux local, national et international.
4.    Les pouvoirs publics à tous les niveaux doivent fournir aux jeunes et à la société civile de la jeunesse des informations transparentes, précises et accessibles, de sorte qu’ils puissent participer à l’élaboration et au suivi de la mise en œuvre des mesures dans le domaine de la jeunesse.
5.    Un financement structurel facilement accessible, durable et suffisant doit être prévu pour les organisations de jeunesse indépendantes, y compris les conseils de jeunesse nationaux, en tant que plateformes de premier plan pour la socialisation et l’exercice de la participation démocratique.
6.    Les initiatives en matière de participation des jeunes pilotées par des jeunes, comme les modèles de démocratie délibérative (dont les assemblées de jeunes randomisées font partie), doivent être encouragées en complément de la démocratie représentative et des structures de participation des jeunes telles que les conseils de jeunesse.
7.    Les obstacles discriminatoires à l’égalité d’accès de tous les jeunes aux possibilités de participation doivent être reconnus et supprimés afin que les jeunes puissent être associés aux processus décisionnels sans crainte de répercussions, de représailles ou de jugement à leur encontre.
8.    Il convient de créer des dispositifs indépendants pour soutenir juridiquement et financièrement les jeunes militants victimes de représailles (procès, harcèlement, coups et blessures, exil, etc.) en raison de leur engagement en faveur de la démocratie.
9.    Les jeunes doivent être encouragés à se présenter aux élections et soutenus dans leur démarche, y compris, par exemple, au moyen de quotas de jeunes sur les listes électorales ; une attention particulière doit être portée aux jeunes issus des minorités.
10.    Les jeunes des zones rurales ont le droit de bénéficier de l’égalité des chances en matière d’accès à l’information et à l’éducation, comme en matière de participation ; des centres de jeunesse, y compris des centres mobiles, doivent être créés pour proposer des activités de jeunesse et une éducation non formelle ainsi que des informations dans les zones rurales.
11.    Dans chaque établissement, un conseil d’étudiants indépendant doit être mis en place pour que les jeunes puissent peser concrètement sur les décisions prises dans leurs écoles et leurs communautés locales ; les jeunes doivent être impliqués dans la définition des programmes et du contenu des matières enseignées de manière qu’ils répondent à leurs attentes et à leurs intérêts.
12.    Tous les processus démocratiques doivent garantir que les voix des minorités sont entendues dans la société et que les minorités font partie intégrante de la prise de décision ; les structures dédiées à la jeunesse ne doivent pas seulement inclure les élus de la majorité, mais aussi donner la parole aux jeunes dans leur très grande diversité.
13.    Des services de santé mentale pour les jeunes doivent être disponibles et facilement accessibles, être adaptés aux jeunes et répondre aux besoins des jeunes issus des minorités.
14.    Les jeunes doivent avoir accès à un travail de jeunesse et à une éducation non formelle de qualité, quel que soit l’endroit où ils vivent ; les États membres doivent garantir une éducation de qualité pour tous les jeunes, en accordant une attention particulière et immédiate aux jeunes des zones rurales et aux jeunes issus des minorités. Cela implique d’investir dans les infrastructures nécessaires au travail de jeunesse et dans la formation des animateurs de jeunesse.
15.    Les animateurs de jeunesse doivent être formés et disposer d’espaces d’échange afin de toucher les jeunes issus des minorités et de les responsabiliser, y compris grâce à des mesures de sensibilisation ; des supports éducatifs non formels sur la participation démocratique des jeunes et sur la lutte contre la discrimination et les inégalités doivent être plus largement diffusés.