Retour La protection des droits humains des Roms et des Gens du voyage doit devenir une priorité absolue dans nos États membres

Déclaration
La protection des droits humains des Roms et des Gens du voyage doit devenir une priorité absolue dans nos États membres

« La discrimination vécue par les Roms et les Gens du voyage en Europe et l'ampleur des violations des droits humains auxquelles ils sont confrontés sont choquantes et appellent une action ferme », a déclaré aujourd'hui le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Michael O'Flaherty, à l'approche de la Journée internationale des Roms, le 8 avril.

« Quelque 10 à 12 millions de Roms et de Gens du voyage vivent sur notre continent. Nombre d'entre eux sont victimes de discrimination dans tous les domaines de la vie, qu'il s'agisse de ségrégation et d'exclusion en matière de logement et d'éducation ou d'obstacles multiples à l'accès au travail, aux soins de santé et aux biens et services. Cette discrimination conduit à leur marginalisation et à la pauvreté. Les Roms continuent de souffrir d'un antitsiganisme répandu. Ce racisme spécifique prend plusieurs formes, allant du discours anti-Roms quotidien des citoyens ordinaires, des politiciens et des médias aux formes les plus odieuses telles que les crimes de haine ciblant les Roms.

La discrimination généralisée et les préjugés ancrés à l'encontre des Roms et des Gens du voyage dans l’Europe d’aujourd'hui sont le résultat de siècles de violence, de stigmatisation et d'inégalité, depuis l'époque de l'esclavage jusqu'à l'Holocauste des Roms et aux pogroms, en passant par la stérilisation forcée des femmes roms, l'enlèvement des enfants à leurs familles, l'expulsion forcée de leurs maisons et des sites de halte et le profilage ethnique. La désignation des Roms comme boucs émissaires en temps de crise est un phénomène récurrent qui a encore été mis en évidence récemment dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui a révélé une recrudescence des discours de haine visant les communautés roms dans toute l'Europe. Les Roms fuyant la guerre de la Russie contre l'Ukraine ont été victimes de discrimination lorsqu'ils ont essayé d'accéder à des abris et à d'autres formes d'aide.

La protection des droits humains des Roms et des Gens du voyage doit devenir une priorité absolue pour nos États membres.

Tout d'abord, ils doivent reconnaître l'ampleur de l'antitsiganisme dans nos sociétés et le niveau des violations des droits humains qui en résultent. Les responsables politiques devraient adopter une politique de tolérance zéro à l'égard des discours de haine à l'encontre des Roms. Partout, les Roms et les Gens du voyage devraient avoir, en pratique, un plein accès à la justice pour remédier aux violations des droits humains auxquelles ils ont été confrontés. Cela inclut la mise en œuvre intégrale des jugements de la Cour européenne des droits de l'homme relatifs aux Roms et aux Gens du voyage.

Deuxièmement, nous devrions concevoir des politiques fondées sur les droits aux niveaux local, régional et national et les mettre en œuvre de manière adéquate pour lutter contre l'antitsiganisme, la discrimination et la marginalisation des Roms. Dans ce contexte, il est essentiel de favoriser l'autonomisation et la participation des Roms et des Gens du voyage, y compris des jeunes et des femmes. Nous devons travailler ‘avec’ les Roms et les Gens du voyage, et non ‘pour’ eux.

Troisièmement, les États membres devraient remédier au manque persistant de données sur la situation des Roms dans l’espace du Conseil de l'Europe, qui empêche de mesurer toute l'étendue des violations des droits humains dont ils sont victimes. Cela signifie également qu'il faut remédier au fait que les Roms ne signalent pas suffisamment ces violations aux autorités, en diffusant des informations sur les mécanismes de protection des droits humains disponibles, en renforçant la confiance mutuelle et en améliorant la réaction des autorités.

Enfin, nous devons reconnaître, promouvoir et, surtout, célébrer la culture rom dans toute sa diversité et les contributions des Roms à nos sociétés, non seulement à l'occasion de la Journée internationale des Roms, mais tous les jours. Des outils de sensibilisation de la population et d'enseignement de la culture, de l'histoire et de la langue roms dans les écoles devraient être développés et mis en œuvre de manière efficace.

Il reste beaucoup à faire pour parvenir à la pleine égalité et à l'inclusion des Roms et des Gens du voyage dans les sociétés européennes. Si l'on peut espérer des progrès, il n'y a pas de temps à perdre. Je soutiendrai les Roms et les Gens du voyage et j'utiliserai pleinement mon mandat pour les aider à réclamer et à exercer les droits humains ».

Strasbourg 05/04/2024
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