Retour Les représailles contre la société civile du Bélarus doivent cesser

Déclaration
Leanid Sudalenka et Tatsiana Lasitsa

Leanid Sudalenka et Tatsiana Lasitsa

 

« Le jugement rendu ce jour contre deux membres de Vyiasna Centre des droits de l’homme du Belarus, Leanid Sudalenka et Tatsiana Lasitsa, condamnés à des peines respectivement de trois ans et deux ans et demi de détention en colonie pénitentiaire, est une illustration supplémentaire des représailles contre les défenseurs des droits de l’homme ayant lieu au Bélarus depuis l’élection présidentielle d’août 2020 », a déclaré la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović.

« Ce jugement aggrave encore une situation qui avait déjà atteint un degré d’alarme élevé suite à la dissolution récente des dernières organisations non gouvernementales de défense des droits de l'homme qui étaient encore enregistrées, parmi lesquelles les plus anciennes et plus respectées, comme le Comité Helsinki du Bélarus, Initiative légale, le Centre PEN du Belarus et l’Association des journalistes du Bélarus - BAJ, indiquant que les autorités démantèlent délibérément et systématiquement la société civile dans le pays.

Selon diverses sources indépendantes, plus de 270 ONG ont été - ou sont en train d’être – dissoutes par les autorités bélarussiennes, souvent en vertu de décisions administratives. Des centaines de défenseurs des droits de l'homme, d’avocats, de militants, de blogueurs et de journalistes sont soumis à des formes de harcèlement de plus en plus agressives : par exemple, campagnes de dénigrement, interrogatoires, limitation de la liberté de circulation, perquisitions, amendes administratives ou encore arrestation et placement en détention, parfois dans des conditions inhumaines. Plusieurs douzaines de professionnels des médias et de défenseurs des droits de l'homme, dont certains coopèrent depuis longtemps avec le Conseil de l'Europe, mon bureau et d’autres organisations internationales, tels que Ales Bialiatski, Valiantsin Stefanovich, Marfa Rabkova et bien d’autres ont été arrêtés et détenus simplement pour avoir fait leur métier, sur la base d’accusations peu crédibles.

Même si le Bélarus n’est pas membre du Conseil de l'Europe, il a l’obligation en vertu du droit international de respecter les droits de l’homme et l’état de droit. Il a aussi coopéré avec divers organes de l’Organisation sur des sujets variés, y compris les questions relatives à un environnement propice aux activités des organisations de la société civile et des défenseurs des droits de l'homme.

Les représailles contre la société civile doivent cesser immédiatement. Tous ceux qui ont été privés de liberté pour avoir mené leurs activités légitimes de société civile doivent être libérés sans conditions. Les membres de la société civile bélarussienne, les journalistes indépendants et les défenseurs des droits de l'homme doivent pouvoir travailler dans un environnement sûr et favorable, comme l’exige le droit international des droits de l'homme, par lequel le Bélarus est lié au même titre que tout autre État.

Ainsi que je l’ai indiqué dans une déclaration précédente, les autorités du Bélarus portent l’entière responsabilité des atteintes commises contre les droits de l’homme, en particulier lorsqu’elles sont systématiques et de grande ampleur. Malheureusement, le problème de l’impunité pour les violations des droits de l'homme, y compris les violations graves, n’a pas été réglé à ce jour et les besoins de milliers de victimes ne sont pas dûment pris en compte. La politique et les actions hostiles du gouvernement à l’égard de la société civile renforcent encore le climat d’impunité au Bélarus.

Je tiens à exprimer une nouvelle fois ma sympathie à tous les courageux défenseurs des droits de l'homme, journalistes et militants du Bélarus et je reste prête à contribuer pour que nos valeurs communes en matière de droits de l'homme soient mieux protégées. »

Strasbourg 03/11/2021
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