Retour Des réformes sont nécessaires pour mieux assurer la sécurité des journalistes et protéger les droits des migrants et des femmes à Malte

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Commissioner Mijatović met with migrants at the Safi Detention Centre

Commissioner Mijatović met with migrants at the Safi Detention Centre

« La mise en œuvre des recommandations du rapport d'enquête publique qui a conclu que l'État doit endosser la responsabilité de l'assassinat de Daphne Caruana Galizia devrait être une priorité absolue pour le gouvernement », a déclaré ce jour la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, à l'issue d'une visite à Malte qui a eu lieu du 11 au 16 octobre.

« Les autorités devraient rapidement mettre en place les vastes réformes nécessaires pour garantir la sécurité des journalistes et remédier à la méfiance envers les médias à Malte. Cela devrait commencer par une réponse coordonnée aux menaces et au harcèlement visant les journalistes, notamment en ligne, afin de leur offrir des mesures de protection adéquates. Une sensibilisation accrue de la police et un dialogue entre les forces de l'ordre et les professionnels des médias sont essentiels à cet égard », a-t-elle ajouté. En outre, ces mesures devraient être renforcées par une application effective de la loi relative à la liberté d'information, afin de garantir que les journalistes aient accès dans les meilleurs délais à des informations précises. 

Les initiatives récentes visant à résoudre les problèmes découlant du recours à des « poursuites-bâillons », connues sous le nom de SLAPP (poursuites stratégiques contre la mobilisation publique), sont encourageantes. La Commissaire a réitéré ses précédentes recommandations aux autorités maltaises pour qu'elles veillent à ce que la législation pertinente soit adoptée sans délai.

Concernant les droits fondamentaux des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants, la Commissaire a souligné que les droits humains des personnes en détresse en mer ne devraient jamais être mis en danger.  En particulier, les autorités doivent veiller à ce que leurs actions ne conduisent pas, directement ou indirectement, à des renvois en Libye, qui n'est pas un lieu sûr pour le débarquement.

La Commissaire s’est rendue dans le centre de détention de Safi et dans deux centres ouverts à Hal Far, où elle s’est entretenue avec des représentants des autorités responsables et avec un certain nombre de migrants et de demandeurs d'asile. Tout en prenant acte des récents efforts déployés pour améliorer les conditions de vie dans ces centres, la Commissaire a été frappée par la situation déplorable régnant dans le bloc A du centre de détention de Safi. Elle a vivement exhorté les autorités à prendre immédiatement des mesures pour garantir des conditions de vie dignes à tous ceux qui y sont actuellement détenus.

Bien que le nombre de personnes détenues, dont des enfants, ait fortement diminué récemment, la Commissaire a constaté que des incertitudes subsistent quant aux fondements juridiques et aux garanties liées à certaines mesures de détention. « Je demande aux autorités d’investir principalement dans des alternatives à la détention et de veiller à ce qu'aucun enfant ni aucune personne vulnérable ne soit placé en détention ». La Commissaire a également insisté sur la nécessité de garantir un contrôle indépendant des lieux de détention ainsi qu'un accès sans entrave des ONG pour apporter soutien et assistance aux personnes détenues.

En ce qui concerne les droits des femmes, la Commissaire a appelé les autorités maltaises à multiplier les mesures visant à renforcer l'égalité entre les femmes et les hommes. « Afin d'améliorer l'égalité entre les hommes et les femmes, les autorités doivent mettre en place des mesures globales pour surmonter les préjugés et les pratiques traditionnelles et toute autre pratique fondée sur l'idée de l'infériorité des femmes ou sur les rôles stéréotypés des hommes et des femmes. La sensibilisation de l'ensemble de la population et l'introduction d'une éducation sexuelle complète obligatoire sont essentielles ».

Notant que la législation maltaise, qui prévoit une interdiction totale de l'avortement, reste l'une des plus restrictives parmi les États membres du Conseil de l'Europe, la Commissaire a appelé les autorités à abroger d'urgence les dispositions qui criminalisent l'avortement et à garantir l'accès de toutes les femmes aux soins de santé sexuelle et reproductive, et notamment à une prise en charge sûre et légale de l’avortement. Elle s’est réjouie du débat en cours sur ce sujet mais a souligné que « le fait que l'avortement constitue toujours une infraction pénale et soit stigmatisé met non seulement la santé des Maltaises en danger, mais affecte aussi leur capacité à bénéficier de manière égale des autres droits fondamentaux ».

Enfin, la Commissaire a salué l'adoption récente d'un projet de loi visant à instaurer un équilibre entre les femmes et les hommes au sein du Parlement et a encouragé les autorités à prendre de nouvelles mesures pour faire progresser la représentation des femmes dans les rôles de direction et aux postes de décision dans les organes politiques à tous les niveaux.

Au cours de sa visite, la Commissaire a rencontré Robert Abela, Premier ministre maltais, Christopher Fearne, Vice-Premier ministre et ministre de la Santé, Byron Camilleri, ministre de l'Intérieur, de la Sécurité nationale et des Forces de l'ordre, Owen Bonnici, ministre de l'Égalité, de la Recherche, de l'Innovation et de la Coordination de la stratégie post-covid-19, Edward Zammit Lewis, ministre de la Justice et de la Gouvernance, Victoria Buttigieg, Procureure générale et Anthony C. Mifsud, Médiateur de Malte, ainsi que des représentants des structures nationales des droits de l'homme, des membres de la société civile, des organisations de médias et des homologues internationaux.

Le rapport relatif à la visite de la Commissaire sera publié prochainement.

Strasbourg 18/10/2021
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