« Je suis avec inquiétude la campagne de dénigrement menée contre la journaliste Ida Erämaa en Finlande. Il s'agit d'une affaire grave qui ne devrait pas rester sans suite », a déclaré aujourd'hui la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović.
« Depuis qu'elle a publié ce week-end une chronique qui critique le gouvernement, Ida Erämaa a fait l'objet d'un grand nombre d'abus en ligne, y compris des menaces de violence physique et sexuelle. Plusieurs élus ont fait des commentaires personnels sur Mme Erämaa dans les médias sociaux, dans le but apparent de la discréditer en tant que journaliste. Je me réjouis des déclarations selon lesquelles certains partis parlementaires ont l'intention d'enquêter sur ces commentaires.
La Finlande a une longue tradition de respect de la liberté d'expression, mais les attaques ciblées dirigées contre des individus, qui vont au-delà de la critique légitime des médias, peuvent avoir un effet dissuasif sur la presse et porter atteinte à ce droit humain. La nature sexiste et genrée de certains des abus subis par Mme Erämaa devrait également être prise en compte dans toute enquête. Dans mon article du Carnet des droits humains « Pas d'espace pour la violence contre les femmes et les filles dans le monde numérique », qui traite du phénomène de la violence sexiste en ligne, j'ai noté que les femmes sont beaucoup plus susceptibles d'être victimes de formes répétées et graves d'actes préjudiciables en ligne et j'ai proposé des recommandations aux États membres sur la manière de traiter ce problème.
Le discours de haine n'est pas un discours protégé. Les personnalités publiques, telles que les personnalités politiques et les hauts fonctionnaires, ont donc à la fois l'obligation et la responsabilité de s'abstenir de tenir des propos haineux et stigmatisants, et de condamner sans équivoque leur utilisation par d'autres. En effet, le silence ou la faiblesse des réactions peuvent être perçus comme une approbation de ces comportements, ce qui peut à son tour conduire à des violences verbales et physiques supplémentaires.
J'appelle donc les autorités finlandaises à condamner clairement la campagne de dénigrement et les menaces violentes proférées en ligne à l'encontre de la journaliste Ida Erämaa, à enquêter sur l'incident et à lui fournir toute l'assistance dont elle pourrait avoir besoin »