La Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatović, a publié la déclaration suivante à l'approche de la Journée internationale de commémoration des victimes de l'Holocauste :
Strasbourg, 24 janvier 2024 - « Apprendre à connaître et reconnaître notre histoire est un processus douloureux mais aussi la condition préalable pour mettre nos sociétés sur une voie différente - celle qui mène à la dignité, la liberté et l'égalité pour chacun d'entre nous.
Il y a des moments où cette leçon semble oubliée et où nous laissons l'ignorance et le déni s'infiltrer dans notre vie quotidienne ; où les événements qui se produisent autour de nous incitent à un retour à la division, à la haine et à la désignation de boucs émissaires ; et où infliger davantage de souffrance est une fois de plus présenté comme justifié.
Au cours des derniers mois, nous avons assisté à une forte augmentation des attaques, en ligne et hors ligne, contre les personnes juives, leurs maisons, leurs entreprises, leurs cimetières et leurs symboles religieux. Le conflit au Moyen-Orient a donné lieu à de nouveaux épisodes de menaces graves pour la vie et la sécurité des personnes juives dans nos sociétés. Elles sont une fois de plus la cible de voix qui excusent et minimisent non seulement les événements actuels, mais aussi les horreurs du passé.
Il y a quelques semaines, au mémorial de Bergen-Belsen, je me suis assise avec des amis, des partenaires, des survivants et un public plus large pour réfléchir à ces questions et pour commémorer ceux qui ont perdu la vie dans le camp. Mais nous avons aussi parlé de ceux qui ont survécu et de ceux qui vivent aujourd'hui, et nous avons discuté des moyens d'aller de l'avant, de renforcer notre solidarité et de rouvrir le dialogue là où il a été interrompu.
Des messages clairs ressortent des témoignages des survivants, des sites commémoratifs et de ceux qui se sont élevés, malgré tous les risques, contre la persécution et l'assassinat systématiques des victimes.
Nous devrions être plus conscients des liens entre le passé et le présent.
Nous ne devrions jamais détourner le regard, ne jamais manquer de reconnaître que les attaques actuelles contre les personnes juives s'appuient sur un antisémitisme profond et persistant, ancré depuis longtemps dans nos sociétés.
Nous devons condamner et rejeter toute négation ou déformation de l'Holocauste. Sa pertinence pour nous et pour l'éducation des générations futures doit être comprise et rappelée.
Nous devons également établir des partenariats et un dialogue constructif, tenir compte des signes avant-coureurs de la haine, de l'intolérance et de la violence avant qu'il ne soit trop tard et lutter contre les inégalités et la discrimination, qui sont si répandues dans l'Europe d'aujourd'hui.
C'est la seule façon de défendre nos valeurs communes et nos engagements en faveur d'une plus grande unité entre nous et d'un respect égal des droits humains pour tous. »