À l’approche de la Journée internationale des Roms, le 8 avril, la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Dunja Mijatović, appelle tous les États à veiller à ce que l’histoire des Roms ne soit jamais oubliée, mais soit au contraire valorisée et enseignée à l’ensemble de la société. « L’enseignement de l’histoire est l’un des outils les plus importants pour favoriser l’élimination des préjugés. Si l’on veut prévenir et combattre la discrimination à l’égard des Roms, il faut reconnaître leur histoire, la comprendre et s’en souvenir, tout en valorisant et en célébrant leur culture. »
Dans toute l'Europe, les Roms ont connu une histoire complexe et sombre, marquée par la violence, la stigmatisation et l'inégalité, depuis l'époque de l'esclavage jusqu'à l'Holocauste et aux pogroms. Dans les situations de crise, ils ont régulièrement été désignés comme boucs émissaires.
Dans l'Europe d'aujourd'hui, les Roms subissent encore les effets d'une discrimination omniprésente dans tous les domaines de la vie, qu'il s'agisse de la ségrégation et de l'exclusion en matière de logement et d'éducation ou des propos anti-Roms tenus quotidiennement, souvent par des personnalités publiques et par les médias. Dans certains États membres, des actes de violence et des exactions de la part des forces de l'ordre sont également signalés.
« La persistance des violations des droits humains commises contre les Roms alimente la spirale actuelle de l'antitsiganisme », déclare la Commissaire. Une illustration récente de ce phénomène est la discrimination en matière d’accès à un hébergement et à l’aide à laquelle ont été confrontés les Roms qui ont fui la guerre en Ukraine. L'Observatoire de l'enseignement de l'histoire en Europe a également mentionné d'autres situations de crise ou de catastrophe naturelle lors desquelles les Roms ont servi de boucs émissaires. Par exemple, la pandémie de covid-19 s’est accompagnée dans toute l’Europe d’une recrudescence du discours de haine visant les communautés roms et de discriminations dans l'accès aux services de base.
« Enseigner l'histoire des Roms est un excellent moyen d’alimenter une réflexion critique sur le passé et le présent, et de favoriser la compréhension et la tolérance. Cet enseignement permet aussi de prévenir les préjugés contre les Roms. En outre, la connaissance de l'histoire des Roms peut aider les décideurs politiques et la société dans son ensemble à anticiper certains comportements et à lever les obstacles qui empêchent encore les Roms de jouir pleinement de leurs droits. » Différentes mesures peuvent être prises à cette fin, comme le souligne le Comité des Ministres du Conseil de l'Europe dans sa Recommandation (2020)2 sur l’intégration de l’histoire des Roms et/ou des Gens du voyage dans les programmes scolaires et les matériels pédagogiques.
La contribution des Roms à l'histoire et à la culture européennes doit également être mise en lumière et remplacer les vieux mythes et les préjugés profondément ancrés. L’objectif est de construire un récit commun, fondé sur le respect de la diversité culturelle et du patrimoine que nous partageons. Les fiches d'information sur l'histoire des Roms, sur la culture rom, sur la langue romani et sur la littérature romani, élaborées par le Conseil de l'Europe, devraient être largement utilisées dans les systèmes éducatifs des États membres.
« Le 8 avril, mais aussi tous les autres jours de l’année, célébrons les Roms et leur contribution à la diversité de notre histoire, de nos sociétés et de nos cultures européennes, et renouvelons notre engagement à mettre fin à l'antitsiganisme, notamment en apprenant à connaître le passé des Roms et leur culture. »