Retour Intervention lors de la réunion internationale des envoyés spéciaux et coordinateurs de la lutte contre l’antisémitisme

Intervention lors de la réunion internationale des envoyés spéciaux et coordinateurs de la lutte contre l’antisémitisme

Excellences, chers collègues, Mesdames et Messieurs,

Bonjour depuis Strasbourg, et merci de m’avoir invité à participer à cette réunion et à rejoindre le groupe des envoyés spéciaux et coordinateurs.

J’ai pris mes fonctions de Représentant spécial du Conseil de l’Europe sur les crimes de haine antisémites et anti-musulmans et les autres formes d’intolérance religieuse il y a tout juste deux semaines.

Si la Secrétaire Générale a décidé de créer cette nouvelle fonction, c’était en partie précisément pour que le Conseil de l’Europe soit dûment représenté dans des instances comme celle-là et dispose d’un interlocuteur qui puisse vous rencontrer, vous mes homologues de diverses organisations. Je me réjouis vivement que nous travaillions ensemble.

L’un des principaux objectifs du Conseil de l’Europe depuis le début de l’année a consisté à s’assurer que les réponses apportées par les gouvernements à la pandémie de Covid­-19 soient fondées sur l’État de droit et respectent le principe de proportionnalité, qu’elles ne restreignent pas indûment les droits et libertés fondamentales et qu’elles soient limitées dans le temps.

Par ailleurs, la lutte contre la discrimination, notamment fondée sur la religion ou les convictions, est au cœur de la mission du Conseil de l’Europe depuis sa création. Nous favorisons activement le dialogue interreligieux et soutenons de longue date le travail de mémoire de l’Holocauste.

La Convention européenne des droits de l’homme a en grande partie été adoptée comme une réponse à l’Holocauste. Soixante-dix ans plus tard, nous constatons tous, malheureusement, une montée de l’antisémitisme et d’autres formes d’intolérance et de racisme dans de nombreuses régions européennes.

C’est l’autre raison principale pour laquelle la Secrétaire Générale, en tant que garante de la Convention, a décidé de créer un point de contact et de renforcer notre action dans ce domaine.

Ma mission spécifique en tant que Représentant spécial consiste à fédérer les initiatives au niveau européen et international pour faire en sorte que l’expertise collective du Conseil de l’Europe soit pleinement mise à profit dans nos efforts communs.

Beaucoup – si ce n’est la plupart – des crimes de haine commis aujourd’hui sont attisés et aggravés par les discours de haine sur internet. La question des moyens de lutter contre les propos haineux en ligne constitue également l’une des priorités de la Présidence allemande du Conseil de l’Europe qui a débuté hier et qui se déroule parallèlement aux dernières semaines de la Présidence allemande de l’UE. La Présidence souhaite comparer les diverses approches adoptées dans nos 47 États membres pour lutter contre le discours de haine afin d’étudier les politiques qui peuvent être menées au niveau européen.

Concernant la lutte contre l’antisémitisme, le Conseil de l’Europe a un rôle particulier à jouer dans deux domaines spécifiques, mais reliés : l’enseignement de l’histoire et la mémoire de l’Holocauste.

Concernant l’éducation, nous voulons nous assurer qu’un enseignement qui sensibilise à l’antisémitisme soit bien ancré dans les programmes scolaires nationaux. Cela s’inscrit dans ce que nous appelons l’éducation à la citoyenneté démocratique.

Concernant la mémoire de l’Holocauste, notre organe exécutif, le Comité des Ministres, doit adopter une recommandation sur la transmission de la mémoire de la Shoah et la prévention des crimes contre l’humanité.

En effet, je suis convaincu que le Conseil de l’Europe peut contribuer à façonner l’avenir de la mémoire de l’Holocauste lorsqu’il n’y aura plus de témoins directs pour rendre ce témoignage.

Ces deux aspects – l’éducation et la mémoire de l’Holocauste – occupent aussi une place dans un accord récemment passé entre 17 États membres du Conseil de l’Europe, initié par la France, visant à créer un observatoire de l’enseignement de l’histoire. Cet observatoire rédigera des rapports sur la façon dont l’histoire est enseignée en Europe, ce qui comprend nécessairement l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste. Je pourrai bientôt vous en dire plus concernant ces initiatives.

Mon mandat couvre également la liberté de religion. Dans ce domaine, la stigmatisation des groupes religieux liée aux attaques terroristes et à l’extrémisme fanatique constitue une source d’inquiétude particulière. Je souhaite rappeler la récente déclaration des ministres de l’Intérieur de l’UE qui affirme que la lutte contre l’extrémisme ne doit pas conduire à l’exclusion et à la stigmatisation de groupes religieux. Les premiers échanges que j’ai eus avec des représentants de la communauté musulmane ont montré que ce message avait besoin d’être relayé auprès de leurs communautés et d’être bien compris par elles.

Chers collègues,

Personne ne devrait être pris pour cible en raison de ce qu’il croit ou ne croit pas. Chacun devrait pouvoir croire sans avoir peur. J’espère pouvoir apporter une contribution substantielle à nos objectifs communs et j’ai hâte de vous rencontrer personnellement lorsque nous serons sortis de la pandémie ; j’espère que cela arrivera dans un avenir proche.

19 Novembre 2020
  • Diminuer la taille du texte
  • Augmenter la taille du texte
  • Imprimer la page