Retour Droits de l'homme en Europe : ne pas abandonner le combat

Rapport d'activité annuel
A Gevgelija, des réfugiés et des migrants attendent le prochain train en direction du nord

A Gevgelija, des réfugiés et des migrants attendent le prochain train en direction du nord

« L’année 2015 a été marquée par la peur et l’insécurité en Europe. Le conflit dans l’est de l’Ukraine et le malaise économique persistant ont été éclipsés par un sentiment de vulnérabilité face aux menaces terroristes et par la panique ressentie devant l’apparente incapacité à gérer l’afflux de demandeurs d'asile », a déclaré aujourd'hui Nils Muižnieks, Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, en présentant l’édition 2015 de son rapport d’activité annuel. « De nombreux pays ont eu pour réflexe de se retrancher dans leur “forteresse nationale” et de restreindre les libertés. »

« L’Ukraine a continué d’être le théâtre de bien des souffrances. Le conflit qui sévit dans l’est du pays a déjà fait des milliers de morts, des dizaines de milliers de blessés et près de deux millions de déplacés. Les autres pays d’Europe ne peuvent pas ignorer la tragédie et les difficultés que subit l’Ukraine. Nous devons tous concourir à instaurer la paix fondée sur la justice. »

L’afflux continu de migrants, y compris des réfugiés et des demandeurs d'asile, s’est accompagné, dans de nombreux pays européens, d’une peur grandissante, qui a parfois accentué les doutes quant à la capacité de l’Europe à gérer la diversité et nourri les préjugés anti-musulmans. « Malgré ce contexte défavorable, j’ai œuvré pour que les droits de l'homme des migrants soient respectés. A cette fin, j’ai examiné les allégations de refoulement et de mauvais traitements aux frontières, l’accès à la protection internationale, les conditions d’accueil, le traitement des groupes vulnérables et la xénophobie à l’encontre des nouveaux arrivants. » Le Commissaire a souligné la nécessité de permettre aux migrants d’entrer en Europe par des voies légales et sûres, et l’importance d’établir des politiques efficaces d’intégration des nouveaux arrivants.

La multiplication des attentats terroristes a conduit certains Etats à adopter des lois qui n’accordent pas assez d’attention à la protection des droits de l'homme dans le cadre des opérations des services de sécurité. « S’il est légitime de renforcer les budgets et les pouvoirs des services de sécurité, il faut cependant veiller très attentivement à garantir le respect des droits de l'homme et une surveillance démocratique lors de l’élaboration et de l’adoption de nouvelles mesures anti-terroristes », a déclaré le Commissaire.

Le rapport met aussi en évidence une tendance persistante qui s’est encore accentuée en 2015 : les pressions de plus en plus fortes exercées sur les défenseurs des droits de l'homme et les journalistes. « La situation que je décris est bien sombre. Ceux qui chérissent les droits de l’homme et sont attachés à l’Europe ne peuvent pas se taire. A tous les défenseurs de ces droits, à tous ceux qui protègent les personnes les plus vulnérables et à tous les responsables politiques qui restent fidèles à certains principes et valeurs, quand bien même ceci les dessert d’un point de vue électoral, je demande donc de ne pas abandonner le combat. Ensemble, nous surmonterons cette phase difficile et construirons une Europe plus forte, fondée sur les droits de l’homme pour tous. »

Strasbourg 18/04/2016
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