Retour Journée mondiale contre la peine de mort

Strasbourg , 

Please kindly note that this speech is exceptionally in French only given that it is an event open to the general local public at the Strasbourg city hall (Place Broglie)

 

As delivered

 

Madame l’Adjointe au Maire,

Monsieur l’Ambassadeur,

Monsieur le Président de la Cour européenne des droits de l’homme,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureuse de pouvoir partager avec vous un moment hors du commun, pour une cause hors du commun.

Et je remercie la Présidence française du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe et la Ville de Strasbourg de nous y avoir conviés, à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort.

Car ce sujet est emblématique du combat pour les droits de l’homme.

Je pense que, toutes et tous dans cette salle, connaissons les arguments contre cette peine inhumaine et dégradante.

Elle est cruelle. Irréversible. Discriminatoire. Sans effet réparateur sur les victimes de crimes. Non dissuasive. Incompatible avec les droits fondamentaux. Socialement inutile et moralement inacceptable.

Et le fait que l’abolition de la peine de mort soit devenue un prérequis pour devenir membre du Conseil de l’Europe, et qu’en effet nos 47 Etats membres l’aient abolie, est dès lors une source légitime de fierté.

Toutefois, nous ne pouvons baisser la garde.

Aujourd’hui, trois de nos Etats membres doivent encore franchir une dernière étape juridique en ratifiant les protocoles de la Convention européenne des droits de l’homme prohibant – et en toutes circonstances – la peine de mort.

Et toujours en Europe, le Belarus, si proche, continue d’exécuter des êtres humains. Depuis des années, nous tendons la main à ses autorités, à la société civile ou aux avocats - par exemple par une table ronde organisée avec la participation des autorités du Belarus au dernier Congrès mondial contre la peine de mort ; ou une conférence sur l’abolition de la peine de mort et l’opinion publique, à Minsk, l’été dernier.

Notre Comité des Ministres débat à intervalles réguliers la peine de mort et son abolition. Comme hier, sous votre Présidence, Monsieur l’Ambassadeur Mattei.

Nous travaillons en profondeur avec nos Etats membres sur leurs systèmes de justice pénale - pour passer d’une justice punitive à une justice réparatrice.

Aussi, nous ne cessons de réaffirmer les positions que nous croyons justes, d’une seule voix avec l’Union Européenne.

Hier soir, avec la Haute Représentante Federica Mogherini, nous avons d’ailleurs publié ensemble un texte destiné à porter nos messages.

Et toujours, dans ce que nous entreprenons, il y a cette exigence de convaincre, de toucher.

En faisant preuve de pédagogie dans notre argumentation, notamment : le discours de Robert Badinter que nous revivrons tout à l’heure en est un modèle lumineux.

Par la culture aussi, marqueur de l’humanité.

« Tout homme persécute s'il ne peut convertir. A quoi remédie la culture qui rend la diversité adorable », écrivait le philosophe Alain.

L’événement de ce soir intègre parfaitement cette idée, en mêlant débats et lectures, argumentation juridique et culture.

Le Conseil de l’Europe également a intégré cela car, au-delà des considérations juridiques, la peine de mort pose la question de la manière dont les citoyens adoptent et viennent à partager les valeurs qui sous-tendent l’abolition.

Nos activités d’éducation aux droits de l’homme pour la jeunesse, notamment dans nos Centres européens de la jeunesse, portent entre autres sur le droit à la vie et l’abolition. Notre manuel « Repères », sur la pratique de l’éducation aux droits de l’homme avec les jeunes, fournit des outils pour parler de ces questions avec eux.

Et nos activités en faveur de la culture favorisent le vivre ensemble sans la violence – et ce depuis les origines du Conseil de l’Europe.

 

Mesdames et Messieurs,

A présent, place aux textes et au débat !

Je vous remercie de votre attention.